La rénovation énergétique des logements, une réponse à la crise du pouvoir d'achat

Par César Armand  |   |  769  mots
Dès le 1er janvier 2019, le remplacement des fenêtres simple vitrage reviendra dans le dispositif du crédit d'impôt pour la transition énergétique.
Le ministre de la Transition écologique et solidaire François de Rugy a annoncé le 17 décembre le retour du remplacement des fenêtres dans le Crédit d'impôt pour la transition énergétique (CITE). Les professionnels plaident, eux, pour une approche globale de la rénovation énergétique des logements.

Six mois que les professionnels du bâtiment attendaient cela. Supprimé en juin 2018, le remplacement des fenêtres simple vitrage va revenir dans le dispositif du crédit d'impôt pour la transition énergétique (CITE).

"Nous allons ré-élargir le crédit d'impôt transition énergétique aux changements de fenêtres", a annoncé François de Rugy sur Europe 1 le 17 décembre. "C'est un exemple concret d'aide aux Français qui font des travaux pour améliorer l'efficacité énergétique et donc baisser leur facture de chauffage."

Le ministre de la Transition écologique et solidaire a donc obtenu un arbitrage favorable sur ce dossier qui l'opposait à Bercy. Cette annonce met également fin à une semaine d'imbroglios entre le Parlement et le gouvernement. Le 10 décembre dernier, le Sénat a en effet voté le rétablissement du CITE dans ce domaine, avant que la commission des finances de l'Assemblée nationale ne le supprime le 14. Concrètement, la subvention sera de 100 euros par fenêtre et couvrira les transformations de simple en double vitrage. Actuellement, cette aide se situe en moyenne à... 95 euros.

Les professionnels, qui prônaient son retour, se sont aussitôt félicités de cette mesure. "C'est un dispositif vertueux : bon pour les Français, bon pour la planète et bon pour les entreprises !" s'est exclamé Patrick Liébus, président de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb). "Cette mesure permet de combiner
utilement la valorisation des actions engagées par les artisans et entrepreneurs (...) avec une mesure utile contre la fracture territoriale favorisant le pouvoir d'achat des ménages" a renchéri le président de la Fédération française du bâtiment  (FFB) Jacques Chanut.

Entre 600 et 1.200 euros de pouvoir d'achat supplémentaire

Condition sine qua non, mais non suffisante, le remplacement des fenêtres en simple vitrage doit néanmoins reposer sur une approche plus globale de la rénovation énergétique pour devenir réellement performante. Par exemple, la jeune pousse Cozynergy met à disposition un simulateur gratuit qui permet d'estimer le budget à prévoir, les subventions accessibles et les économies à la clé. Elle se déplace ensuite chez le particulier pour lui proposer des travaux clés en main qu'elle finance elle-même avant de les certifier.  Précisément, son Pdg et fondateur Nicolas Durand assure que les économies d'énergie à la clé sont comprises entre 30 et 60% avec une baisse des factures mensuelles de 50 à 100 euros. À l'année, cela revient à 600 voire 1.200 euros.

"Nous prenons toutes les responsabilités de la préconisation à la certification", ajoute le startupper. "Nous avons des partenaires agréés que nos assurances couvrent. Nous sommes les premiers et seuls interlocuteurs pour le client."

De son côté, Nicolas Moulin, fondateur de PrimesEnergie.fr, se félicite de cette "vraie reprise de conscience par le ministère de la Transition écologique et solidaire". Il assure ainsi que le "coup de pouce" annoncé par François de Rugy s'étendra à l'isolation des planchers et des sous-sols puis à l'ensemble du bâti. Lui-même estime à 25.000 le nombre de primes énergies qu'il délivre chaque mois, d'un montant moyen de 800 euros.

"Il y a à la fois une exigence de massification et une autre de mieux guider les particuliers", explique Nicolas Moulin. "On raisonne énormément par chapelles. Même la qualification dans le label RGE (reconnu garant de l'environnement, ndlr) est très précise. On y parle par exemple d'isolation phonique par l'intérieur ou par l'extérieur."

Le Conseil national de l'ordre des architectes (CNOA) revendique, lui aussi, sa place dans la rénovation. "Trop de travaux ne sont pas nécessairement bien orientés et trop peu de diagnostics globaux sont opérés. C'est pourquoi nous défendons l'intervention d'un architecte pour améliorer le confort et la valeur patrimoniale du bien. Cela passe en effet par une vision d'ensemble sur les usages du bâtiment " souligne Damien Legrand du CNOA.

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 François de Rugy s'est par ailleurs refusé à estimer le coût d'un tel redéploiement : "C'est difficile de savoir combien exactement cela coûtera, car cela dépendra du nombre de personnes demandant à bénéficier de ce système." D'après nos informations, le ministre de la Transition écologique et solidaire devrait même communiquer début 2019 sur l'octroi d'une aide comprise entre 3.000 et 4.500 euros pour les Français qui souhaitent changer de mode de chauffage.

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