Le plastique recyclé prouve ses atouts

Par Giulietta Gamberini  |   |  595  mots
Le syndicat espère ainsi lever l'un des principaux freins au développement de l'industrie du recyclage, qui consiste dans une demande insuffisante de matières recyclées.
Selon une étude du Syndicat national des régénérateurs de matières plastiques (SRP), la consommation d'énergie liée au recyclage du plastique est jusqu'à neuf fois inférieure à celle nécessaire pour la production de plastique neuf. Les émissions de carbone le sont 17 fois.

Une avancée sensible dans la promotion du plastique recyclé. Les éco-concepteurs et industriels sceptiques quant à l'intérêt environnemental des résines régénérées ont désormais un instrument pour une évaluation objective et au cas par cas. Le Syndicat national des régénérateurs de matières plastiques (SRP) vient de rendre publique une étude mesurant la consommation énergétique et les émissions de carbone engendrées par la fabrication des huit principales matières premières du recyclage (MPR) produites en France, représentant plus de 80% du total. Il en ressort que ces plastiques régénérés sont "toujours avantageuses par rapport aux résines vierges".

La consommation d'énergie liée au recyclage du plastique est notamment entre trois et neuf fois inférieure à celle nécessaire pour la production de plastique neuf, montre l'étude. Les émissions de carbone, elles, le sont entre trois et 17 fois. Globalement, les huit MPR étudiées permettent d'éviter 530.000 tonnes de CO2 eq. par an, calcule le SRP, qui compare cette performance aux 500.000 tonnes de CO2 eq. évitées, selon le ministère de l'Environnement, grâce aux territoires à énergie positive.

Inventaires de cycle de vie et Eco-profils

Réalisée en partenariat avec l'Ademe et l'ensemble des acteurs de la filière, l'étude prend en compte l'intégralité du processus de production des MPR, selon la méthodologie de l'analyse du cycle de vie (ACV): de la collecte des déchets à leur sortie d'usine, en passant par leur transport, leur tri, leur transformation. Elle aboutit à l'élaboration d'"Inventaires de cycles de vie" (ICV) et d'"Eco-profils" (fiches de référence) comparables avec ceux, déjà publiés par Plastics Europe, relatifs aux plastiques vierges. "Le comparatif est établi kilo contre kilo" : il appartiendra ensuite aux concepteurs d'affiner l'évaluation en tenant compte des fonctionnalités (et donc des quantités nécessaires) des diverses matières, explique le coordinateur de l'étude, Pierre Troadec.

Vingt-et-un des 27 sites de production des six membres du SRP ont fourni leurs données pour la réalisation de l'étude, qui a duré un an. Pour asseoir la légitimité de ses résultats, le SRP y a associé dès le début un comité de revue critique indépendant. Les ICV doivent désormais être intégrés dans une base de données publique de l'Ademe.

Des certificats d'économie carbone

Le syndicat espère ainsi lever l'un des principaux freins au développement de l'industrie du recyclage, qui consiste dans une demande insuffisante de matières recyclées, notamment de plastique depuis la baisse des cours du pétrole. Le SRP se lance ainsi dans la délivrance de certificats d'économie carbone, établis en fonction du tonnage de matières premières de recyclage achetées, et utilisables par exemple pour l'établissement des rapports RSE d'entreprise. "En cas de mise en place d'un prix du carbone véritablement incitatif - à 30 voire 40 euros la tonne contre 5 euros actuellement -, de tels certificats permettraient en outre de mesurer les énormes économies réalisées", souligne Pierre Troadec.

En prouvant les vertus du recyclage, l'objectif de l'étude est également de pousser à tenir compte de la recyclabilité d'un produit dès sa conception et ainsi, indirectement, d'accroître le gisement de déchets plastiques régénérés (517.000 tonnes aujourd'hui en France). La transparence devrait aussi permettre d'améliorer progressivement les Eco-profils en agissant sur les procédés de régénération.