Luc Rémont, cet homme de Schneider Electric, en piste pour diriger EDF

Par latribune.fr  |   |  638  mots
Luc Rémont (Crédits : Reuters)
Actuellement numéro 2 de Schneider Electric, Luc Rémont, devrait prendre la direction générale d'EDF, selon BFMTV. L'annonce sera faite par EDF la semaine prochaine à l'issue d'un conseil d'administration. L'homme a l'avantage de très bien connaître trois mondes très distincts : le public, la finance et l'industrie, avec en plus, l'expérience de l'international.

L'officialisation de la nomination n'est pas encore faite, mais elle est imminente. Luc Rémont, actuel numéro 2 de Schneider Electric à la tête des opérations internationales, va prendre la direction générale d'EDF, rapporte BFMTV. « C'est un très bon candidat »  reconnaît-on à Bercy, en précisant qu'aucune décision n'a été prise. L'annonce pourrait être faite la semaine prochaine par EDF.

Sa nomination ne serait pas une surprise. Son nom circule depuis le début de l'été, aux côtés de nombreux autres potentiels candidats, certes. Mais son profil coche toutes les cases du cahier des charges fixé par l'exécutif pour succéder à Jean-Bernard Lévy, avec qui les relations s'étaient fortement dégradées ces derniers mois.

En effet, Luc Rémont présente l'avantage d'être un fin connaisseur de trois mondes bien distincts : le public, les finances et l'industrie. Polytechnicien (promotion 1988) et diplômé de L'École nationale supérieure de techniques avancées, il débute sa carrière en 1993 en tant qu'ingénieur à la direction générale pour l'armement (DGA). Trois ans plus tard, il intègre le ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, où il évoluera à de nombreux postes. Il passera ainsi par le Trésor, puis aux participations de l'Etat français dans les sociétés de transports, avant d'intégrer les cabinets de Francis Mer, puis de Nicolas Sarkozy, et enfin de Thierry Breton à Bercy, de 2002 à 2007.

Direction ensuite le privé, avec d'abord une expérience dans le monde de la finance chez Merrill Lynch pendant deux ans. Il rejoint ensuite le poids lourd des équipements électriques et des automatismes industriels. En 2014, il se hisse ainsi à la présidence de Schneider Electric France.

Une triple casquette

Cette triple casquette est un atout considérable pour reprendre la direction générale d'EDF, qui s'annonce hautement complexe. En effet, même si Luc Rémont devrait partager la tâche avec une présidente, vraisemblablement Marianne Laigneau selon les informations de BFMTV, (actuelle présidente du directoire d'Enedis, la filiale d'EDF qui gère le réseau de distribution d'électricité), il devra mener une réforme en profondeur de l'électricien national, après l'échec du projet Hercule, initié par Jean-Bernard Levy.

La renationalisation prochaine du groupe permettra, certes, de rassurer les marchés et donnera à l'exécutif plus de marges de manœuvre pour négocier auprès de Bruxelles des réformes clefs, notamment sur le prix de vente de l'électricité nucléaire et les barrages hydroélectriques. Mais Luc Rémont devra s'attaquer à de nombreux autres chantiers, comme remettre sur pied un parc nucléaire ébranlé par un problème de corrosion en pleine crise énergétique, assurer le lancement de l'EPR de Flamanville dont le chantier accumule plus de dix années de retard, ou encore s'attaquer à l'épineux dossier de l'entreposage des combustibles usés, dont les piscines s'apprêtent à déborder.

Agé de 52 ans, il devra aussi mener sur le long terme la relance du nucléaire voulue par le président Emmanuel Macron, qui a commandé trois nouvelles paires d'EPR 2, voire quatre supplémentaires dans un horizon plus lointain. Son expérience à l'internationale sera, à coup sûr, sollicitée, alors qu'EDF espère décrocher des contrats majeurs en Inde ou encore en Pologne pour ces mêmes modèles de réacteurs.

En parallèle, Luc Rémont aura la tâche d'accélérer le développement d'EDF dans les énergies renouvelables, où il accuse déjà un certain retard par rapport à ses compétiteurs européens, ou encore dans l'hydrogène. Un domaine où le groupe français s'est lancé tardivement. Le tout à un moment où le secteur de l'énergie est plus que jamais chahuté.