Nucléaire : fermer les centrales en fin de vie coûtera 250 milliards d'euros (UE)

Par latribune.fr  |   |  405  mots
En tenant compte de la durée de vie restante des centrales européennes, les opérateurs ont déjà mis de côté un peu plus de la moitié des fonds nécessaires aux investissements. La Commission estime que pour être en bonne voie, cette part devrait plutôt atteindre 64%. (Photo: la centrale de Dampierre-en-Burly, dans le Loiret, à environ 50 km d'Orléans)
La Commission européenne estime que ces coûts ont progressé de 47% depuis 2008. Jusqu'à présent, seulement trois réacteurs ont été complètement démantelés en Europe, tous en Allemagne.

Une fois inutilisables, les centrales nucléaires coûtent cher, et de plus en plus. La Commission européenne estime que pour fermer celles en fin de vie de l'UE, il faudra, d'ici 2050, des investissements de plus de 250 milliards d'euros.

Bruxelles chiffre notamment à 123 milliards d'euros les fonds nécessaires pour leur démantèlement, et à 130 milliards les fonds destinés à gérer les déchets nucléaires. Ces chiffres sont issus de son projet de Programme indicatif nucléaire (PINC) publié lundi 5 avril, le premier rapport de ce type depuis l'accident de la centrale japonaise de Fukushima en 2011.

Le précédent datait de 2008. Depuis cette date, ces montants ont par ailleurs progressé de 47%, a souligné une source proche de la Commission.

Une expérience encore maigre

"L'expérience en matière de démantèlement des réacteurs dans le monde est assez maigre", note la Commission dans sa communication.

"Il y a 89 réacteurs nucléaires fermés définitivement en Europe à la date d'octobre 2015, mais seulement trois réacteurs ont jusqu'ici été complètement démantelés", tous en Allemagne, rappelle-t-elle.

En tenant compte de la durée de vie restante des centrales européennes, les opérateurs ont déjà mis de côté un peu plus de la moitié des fonds nécessaires aux investissements. La Commission estime que pour être en bonne voie, cette part devrait plutôt atteindre 64%. Toutefois, ces sommes sont susceptibles d'évoluer en cas de prolongation des durées de vie des centrales, ce que cherchent à faire de nombreux Etats membres.

Un âge moyen de 30 ans

L'exécutif européen, qui n'a pas de pouvoir sur la composition du bouquet énergétique, laissée à l'appréciation des Etats membres, doit publier d'ici la fin de l'année son avis sur le caractère satisfaisant des programmes nationaux de chaque Etat membre, a précisé une source au sein de la Commission. La Commission a par ailleurs présenté lundi une recommandation invitant les Etats membres à solliciter son avis sur les accords intergouvernementaux relevant du domaine nucléaire qu'ils souhaitent passer avec des pays tiers avant leur signature.

Il y a 129 réacteurs nucléaires en activité actuellement dans l'UE, dans 14 Etats membres, pour une capacité de production de 120 gigawatts, et un âge moyen d'environ 30 ans. La Commission table sur un déclin des capacités de production d'ici 2025, avant une reprise à partir de 2030.

(Avec AFP)