Nucléaire : le redémarrage de réacteurs à nouveau reporté

Par latribune.fr  |   |  433  mots
Une grande partie du parc nucléaire français est à l'arrêt
Alors qu'une part importante du parc nucléaire est à l'arrêt, les reports de réacteurs qui se multiplient relancent la crainte d'une rupture d'approvisionnement et font flamber les prix sur les marchés de gros.

Selon les données publiées sur le site de RTE, le gestionnaire du réseau français de transport d'électricité, EDF a reporté ce mardi le redémarrage du réacteur nucléaire Cruas 3 (900 MW), d'abord au 2, puis au 5 novembre. En revanche, EDF a démenti le report également indiqué sur le site de RTE concernant Buggy 4. "Contrairement à ce qui a été indiqué sur le site de RTE, le redémarrage de Bugey 4 est maintenu pour le 30 novembre", a déclaré à Reuters une porte-parole d'EDF. Quoi qu'il en soit, ces reports, dont les raisons ne sont pas précisées, interviennent alors que 20 réacteurs nucléaires, sur les 58 que compte l'Hexagone, sont à l'arrêt. Cela représente une puissance cumulée de 20,8 gigawatts, soit un tiers de la capacité de production d'électricité nucléaire française. Il y a un an, les réacteurs à l'arrêt pour maintenance représentaient une puissance de 14 GW seulement.

Outre la maintenance normale, certains réacteurs supplémentaires sont concernés à la demande de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) qui souhaite en examiner les générateurs de vapeur, suspectés de présenter une concentration excessive en carbone de leur acier.

Ces reports ne sont pas les premiers. Cela fait trois fois en une semaine que le redémarrage de Cruas 3 est repoussé, tout comme l'a été également Saint-Laurent 2.

La consommation électrique française très sensible aux températures

Les températures sont jusqu'ici restées particulièrement clémentes cet automne, mais à l'approche de l'hiver, et alors qu'on annonce un fort refroidissement dans les prochains jours, la crainte d'une rupture d'approvisionnement réapparaît. D'autant plus que la France, en raison de son fort taux d'équipement en chauffage électrique, est extrêmement thermosensible. Une baisse de 1°C des températures entraîne une consommation supplémentaire de 2400 MWh.

Il y a quelques jours, le PDG de EDF Jean-Bernard Lévy avait demandé au gouvernement la suspension de l'Arenh (accès régulé à l'électricité historique nucléaire). Ce mécanisme permet aux fournisseurs d'électricité alternatifs concurrents de l'opérateur historique de s'approvisionner à des tarifs régulés. La ministre de l'Energie Ségolène Royal n'a pas accédé à cette demande.

Mais les prix de l'électricité sur les marchés de gros, qui s'étaient effondrés depuis des mois (jusqu'à 26€ le mégawattheure) ont bondi ces derniers jours. Les prix pour une livraison en 2017 ont atteint un record sur le marché français, les prix spot à un jour s'établissant à 103€/MWh hier lundi 31 octobre.