Offre de Veolia : le président de Suez alerte sur "la menace de pertes d'emplois"

Par Latribune.fr  |   |  444  mots
(Crédits : Pascal Rossignol)
Dans une interview au Journal du Dimanche, Philippe Varin, le président de Suez, réplique pour la première fois au projet de rachat de Veolia. L'homme d'industrie s'oppose farouchement à ce projet de fusion.

Depuis deux semaines les tensions entre Veolia et Suez ne cessent de gonfler. Juste avant la rentrée, Veolia, leader mondial du traitement de l'eau et des déchets, a annoncé vouloir racheter son concurrent historique Suez, en commençant par la reprise de l'essentiel des parts (29,9%) détenues par Engie. Pour la première fois, le président de Suez, Philippe Varin, riposte. Dans une interview accordée au Journal du dimanche, il met en garde contre un risque de plan social si son rival parvenait à ses fins.

"Pour nos  90.000  collaborateurs, dont 30.000 en France, c'est la menace de pertes d'emplois", affirme Philippe Varin.

500 millions de synergies, sans impact : mission impossible ?

Et de poursuivre :

"On ne peut pas annoncer 500 millions de synergies et dire qu'il n'y aura pas d'impact. Je ne l'ai jamais vu de ma vie. Si on regarde Alcatel-Lucent, LafargeHolcim, GE-Alstom, chaque fois, des promesses ont été faites. Chaque fois, il y a eu des plans sociaux après".

Entre les deux groupes, la bataille d'influence porte particulièrement sur l'emploi, sur lequel l'Etat, actionnaire de référence d'Engie, a prévenu qu'il serait vigilant sans pour autant s'opposer à l'opération.

Convaincre le Premier ministre des failles du projet

"Je compte bien convaincre le Premier ministre que sur le fond, ce projet a des failles. Il comporte de considérables risques d'exécution", avance M. Varin, qui parle d'une offre "très hostile" de Veolia.

"Je comprends tout à fait que le conseil d'administration d'Engie veuille traduire en cash sa participation dans Suez. Mais pour résoudre ce problème, la décision d'Engie sur la proposition de Veolia déterminerait le futur de Suez et consisterait notamment à démanteler le groupe Suez en France", déplore-t-il.

En début de semaine, le président d'Engie avait annoncé qu'il étudierait attentivement un "nouveau projet" de Suez s'il parvenait à lui présenter rapidement "une offre alternative". Jean-Pierre Clamadieu, à la tête du conseil d'administration d'Engie, estime toutefois que l'offre de Veolia "a une réelle logique, des points forts et des questions qu'il faut regarder avec attention" même s'il a également "l'impression" que l'offre proposée est "un petit peu sous-estimée".

Une solution alternative

Si une vente se concrétise, Engie a ensuite l'intention avec ces nouvelles ressources financières "d'investir plus dans les renouvelables" pour se rapprocher des "meilleurs acteurs mondiaux" que sont Enel ou Iberdrola.

"Le management est en train de bâtir une solution alternative que le conseil (d'administration de Suez, ndlr) encourage. Les travaux sont en cours et, pour leur sérénité, je ne peux pas en dire plus", a déclaré Philippe Varin.

 (Avec AFP)