C'est une véritable bataille qui s'opère depuis plus d'une semaine. Dans une interview accordée au Figaro, le directeur général du groupe Suez Bertrand Camus, ne mâche pas ses mots pour attaquer la proposition avancée par le géant Véolia. "L'opération proposée par Veolia est aberrante pour Suez et funeste pour la France. Il s'agit d'une destabilisation d'une entreprise phare de notre pays. C'est une opération financière opportuniste, avec une démarche baroque. Elle sous-valorise les actifs de Suez". Il affirme que lui et le patron de Veolia, Antoine Frérot, ont "trop de divergences sur l'avenir des deux groupes". Il redoute notamment que "les 500 millions d'euros d'économies qu'il envisage auront un impact sur des milliers d'emplois en France et chez l'ensemble de nos clients dans le monde".
Une offre à 2,9 milliards d'euros
Dimanche dernier, Antoine Frérot avait annoncé une offre de rachat à Engie de l'essentiel de ses parts (29,9%) dans Suez pour 2,9 milliards d'euros. Elle est censée être suivie, dans un second temps, d'une OPA sur le reste des actions. Son ambition: construire le "champion mondial de la transformation écologique", un géant français pesant plus de 40 milliards d'euros.
Mais vendredi le président d'Engie Jean-Pierre Clamadieu a affirmé son intention de faire monter le prix, en déclarant sur BFM Business "le compte n'y est pas". Il a appelé Veolia à revoir le contenu de son projet et s'est dit prêt à étudier un plan alternatif que pourrait lui présenter la direction de Suez, tout en appelant les deux parties au "dialogue".
Des risques sur les activités Eau
Bertrand Camus redoute des "risques majeurs et des incertitudes fortes, en particulier sur nos équipes, nos emplois, l'avenir de nos activités Eau en France". Le projet prévoit en effet que Veolia revende aussitôt la branche eau de Suez à un fonds d'investissement, Meridiam, pour éviter de se retrouver en situation de monopole dans ce domaine.
Débrayages en vue
L'ensemble des syndicats de Suez appellent les salariés "quels que soient leurs pays" à arrêter le travail deux heures mardi matin pour marquer leur "détermination à lutter contre le projet d'OPA" du concurrent Veolia, selon un communiqué publié vendredi.
"Ce mardi 8 septembre, nous appelons l'ensemble des salariés, quels que soient leurs pays, entités, métiers, à arrêter le travail pendant deux heures de 9H00 à 11H00 heures locales", indique le texte émanant de "l'ensemble de la représentation salariale du groupe Suez". Le groupe compte 90.000 salariés dans le monde, dont 30.000 en France.
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