TotalEnergies réalise près de 36 milliards d'euros de bénéfices, et envisage de nouvelles ristournes à la pompe

Par latribune.fr  |   |  996  mots
(Crédits : BENOIT TESSIER)
Ce mercredi, TotalEnergies a annoncé avoir dégagé en 2022 un bénéfice opérationnel de 36 milliards d'euros, en hausse de 90% par rapport à 2021, malgré les pertes en Russie. A l'annonce de cette performance exceptionnelle, le groupe a ouvert la porte à une nouvelle ristourne pour les automobilistes français.

[ Mis à jour à 13H00 avec l'annonce d'une ristourne potentielle ]

Ils étaient annoncés comme stratosphériques, ils le sont. Ce mercredi, TotalEnergies a annoncé avoir dégagé en 2022 un bénéfice opérationnel de 38,475 milliards de dollars (36 milliards d'euros), en hausse de 90% par rapport à 2021 et un Ebitda (le bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement) de plus de 71 578 milliards de dollars (66,5 milliards d'euros), en hausse de 69%.

Le bénéfice net ajusté double quant à lui pour dépasser 36 milliards, alors que le résultat net s'élève lui à 20,5 milliards en 2022, en hausse de 28%. Il s'agit pour le groupe pétrogazier français du plus haut bénéfice jamais réalisé et l'un des meilleurs de l'histoire du CAC40. Sans les pertes comptables liées à son retrait de la Russie et notamment du géant gazier Novatek, pour un montant de près de 15 milliards de dollars, le bénéfice net ajusté de l'entreprise (qui exclut les éléments exceptionnels) se monte à 36,2 milliards de dollars.

Dividende de 3,81 euro par action

Comme ses concurrentes américaines et britanniques ExxonMobil, Shell ou BP, la major française a pleinement bénéficié de la hausse du prix des hydrocarbures, et notamment du gaz, à la suite de la guerre en Ukraine, qui a provoqué la fermeture des gazoducs russes et une course au gaz naturel liquéfié (GNL) pour le remplacer dans toute l'Europe.

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Compte tenu de ses résultats, TotalEnergies prévoit de verser à ses actionnaires un dividende total de 3,81 euros par action au titre de l'année 2022, dont 1 euro en dividende exceptionnel, déjà versé en décembre 2022.

Prêt à accorder de nouvelles ristournes à la pompe aux Français

L'entreprise annonce également ce mercredi être « prête à envisager » de nouvelles ristournes sur le prix des carburants à la pompe, proposition accueillie « favorablement » par le porte-parole du gouvernement Olivier Véran.

« Nous sommes prêts à intervenir, comme nous l'avons fait en 2022, si les sanctions contre la Russie poussent les prix à la pompe vers le haut » a déclaré le PDG du groupe pétrolier Patrick Pouyanné devant la presse. « Le montant » comme les « conditions » d'une ristourne sont encore à déterminer, a-t-il expliqué, admettant qu'un litre de carburant à deux euros constituait un « seuil psychologique (...) dans les têtes des Français ».

Le dirigeant anticipe notamment une potentielle hausse des prix du diesel, en raison des sanctions prises par Bruxelles à l'encontre de la Russie, qui conduisent à « acheter du diesel indien venant du brut russe». « Il faut réorganiser toutes les flottes de tankers donc cela a un coût », pointe-t-il. Or le parc automobile français, comparé à d'autres pays européens est très « diésélisé  ». En France, « 70% des ventes du réseau de TotalEnergies, c'est du diesel, » a indiqué Patrick Pouyanné.

TotalEnergies a déjà accordé des ristournes aux consommateurs français entre septembre et décembre 2022, à la suite de la flambée des prix du pétrole. « Nous avons consacré 550 millions d'euros pour les différents rabais à la pompe », a précisé Patrick Pouyanné à la presse ce mercredi.

L'annonce de ces résultats risque en effet de faire une nouvelle fois de faire polémique, dans un contexte de grogne sociale liée au projet de réforme des retraites et d'inflation. Et ce, même si la major multiplie les gestes en faveur de ses clients. Après la ristourne TotalEnergies a récemment annoncé qu'il contribuera à hauteur d'un rabais de 100 euros par mégawattheure (MWh) au dispositif prévu par Bercy pour contenir la facture d'électricité des très petites entreprises (TPE).

Contribution de solidarité sur les profits

Pas plus tard que la semaine dernière, Patrick Pouyanné, le PDG de TotalEnergies a indiqué dans le quotidien belge l'Echo que le montant de la contribution de solidarité sur les profits des groupes énergétiques va, au titre de l'année 2022, « dépasser les deux milliards » d'euros dans l'Union européenne et au Royaume-Uni. En octobre, le groupe avait déjà estimé « à un milliard d'euros l'impact de la taxe de solidarité européenne » en 2022, dont 200 millions d'euros pour la France. Au total, cette taxe de solidarité européenne serait due dans six pays de l'UE: la France, l'Allemagne, la Belgique, le Luxembourg, principalement sur ses activités de raffinage, ainsi qu'aux Pays-Bas et au Danemark pour les activités d'exploration et production.

« Le raffinage a perdu de l'argent pendant des années, et maintenant l'année où nous commençons à gagner de l'argent, il est surtaxé comme un superprofit, alors que ce n'est qu'un profit », a regretté Patrick Pouyanné.

Le géant français ne contestera toutefois pas cette contribution au niveau européen. Par contre, il en tirera « les conséquences » : « au Royaume-Uni, nous investirons moins », a-t-il résumé. Patrick Pouyanné a par ailleurs précisé que son groupe paierait « 33 milliards de dollars » en taxes et impôts à travers le monde en 2022, contre 16 milliards en 2021. « Nous sommes dans les dix plus gros contributeurs au monde », dit-il.

Patrick Pouyanné s'attend à ce que le débat sur les « superprofits » des compagnies pétrolières et gazières ressurgisse à l'occasion de publications de leurs résultats annuels.

« Je comprends qu'il y a là un sujet sociétal, collectif, compliqué. Et je comprends comme vous le dites que ça fâche », a-t-il dit à notre confrère belge.

Retraites : grèves dans la plupart des raffineries

Les grévistes de TotalEnergies ont reconduit mercredi matin le mouvement contre le projet de réforme des retraites du gouvernement dans la plupart des raffineries du groupe, a-t-on appris auprès de la CGT.

Le syndicat dénombrait 100% de grévistes parmi les opérateurs des équipes du matin au dépôt de carburants de Flandres (Nord), près de Dunkerque, 80% à la raffinerie de Donges (Loire-Atlantique), 70% à la raffinerie de Feyzin (Rhône) et 56% à la raffinerie de Normandie.