Réchauffement climatique : un méthanier franchit le passage Arctique Nord-Est

Par latribune.fr  |   |  495  mots
Un méthanier de 300 mètres de long vient de franchir sans escorte et sans encombre le passage du Nord-Est dans l'océan Arctique, un raccourci maritime rendu accessible par le réchauffement climatique, a-t-on appris jeudi auprès du groupe Total qui affrète le navire.

Le "Christophe de Margerie", du nom de l'ancien Pdg de Total décédé dans un accident d'avion en 2014 en Russie, est parti fin juillet de l'usine de liquéfaction de gaz de Snøhvit en Norvège avec comme destination le port de Boryeong, en Corée du Sud.

"Il s'agit du premier navire commercial à emprunter seul cette route du nord qui permet de rejoindre en 15 jours l'Asie par le détroit de Béring", a indiqué le groupe français, à propos du méthanier brise-glace.

Cette route, qui longe les côtes septentrionales de la Sibérie, permet aux navires de gagner 15 jours par rapport à la voie classique qui passe par le canal de Suez, a précisé le groupe. Cette voie maritime reste impraticable une bonne partie de l'année, mais le récent réchauffement climatique et la débâcle de la banquise l'a rendue plus accessible. Jusqu'à présent les navires étaient escortés de brise-glaces.

>Infographie : 15 jours de gagnés avec le passage Arctique Nord-Est (en rouge)

La Russie mise beaucoup sur ce passage pour son trafic maritime

Le méthanier est opéré par le groupe public russe de transport maritime Sovcomflot pour le compte de Total ainsi que de trois autres compagnies : le numéro deux russe du gaz Novatek, le chinois CNPC et le fond contrôlé par l'Etat chinois Silk Road Fund.

Il transportera le gaz naturel liquéfié (GNL) produit sur la péninsule russe de Yamal (où doit voir le jour une gigantesque usine de GNL) vers l'Europe toute l'année et vers l'Asie, sans escorte de brise-glace, entre mai et novembre, assure Total.

Quinze autres méthaniers de ce type vont progressivement entrer en opération entre Yamal, l'Europe et l'Asie, précise le groupe. L'usine de Yamal doit produire quelque 16,5 millions de tonnes de GNL à partir de 2019, dans une région située au-delà du cercle polaire.

Hommage appuyé à Christophe de Margerie

La Russie mise beaucoup sur le développement du trafic maritime par le passage du Nord-Est, qui à la différence de la voie maritime slalomant à travers le nord désertique du Canada, est ponctué de ports et de bases militaires pouvant secourir les navires en détresse.

L'inauguration du méthanier, en juin dernier, était pour Vladimir Poutine l'occasion de faire un éloge appuyé du patron de Total décédé en Russie en 2014 :

« Ce navire moderne portera le nom de l'homme d'affaires français qui était un très grand ami de notre pays, 'Christophe de Margerie'. Cet homme possédait une vision stratégique particulière. Il a beaucoup fait pour renforcer les relations d'amitié et de partenariat avec la Russie, il a contribué à la matérialisation d'une série d'importants projets communs dans le secteur énergétique. L'appellation du navire en son honneur est un symbole de notre attitude sincère et bienveillante envers cette personnalité éminente, un hommage à sa mémoire. »

(avec agences)