Renationalisation d'EDF : l'Etat met sur la table près de 10 milliards d'euros

Par latribune.fr  |   |  607  mots
L'action EDF a mécaniquement repris 15% en Bourse ce matin. (Crédits : PASCAL ROSSIGNOL)
Alors que le cours de Bourse d'EDF était suspendu depuis mercredi (au prix de 10,23 euros l'action) pour laisser le temps à l'Etat de préciser les modalités de la renationalisation de l'énergéticien annoncée début juillet, Bercy a annoncé qu'il allait mettre 9,7 milliards d'euros sur la table. L’opération reste néanmoins suspendue à l’approbation des crédits par le Parlement dans le cadre du projet de loi de finance rectificative. Le cours en Bourse, rétabli, a gagné 15% depuis l'ouverture de la Bourse.

[Article mis à jour le 19/07/2022 à 11:05]

Un chèque de presque 10 milliards d'euros. Alors que le cours de Bourse d'EDF était suspendu depuis mercredi (au prix de 10,23 euros l'action) pour laisser le temps à l'Etat de préciser les modalités de la renationalisation du groupe annoncée début juillet, Bercy a annoncé ce qu'il comptait débourser 9,7 milliards d'euros dans le cadre d'une offre publique d'achat pour 100% d'EDF. Ce montant vise à acquérir les 15,91% du capital d'EDF qu'il ne détient pas ainsi que 60% des obligations à option de conversion (Oceane). 7,6 milliards seront réservés au rachat des actions, 2,1 milliards pour celui des Oceane. Mécaniquement, l'action EDF, a repris 15% depuis sa réintroduction en Bourse ce matin.

Dans ce cadre, l'Etat, qui détient pour l'heure 84% du capital, a annoncé le prix auquel il s'engage à racheter les actions et le obligations : 12 euros l'action, et 15,64 euros par Oceane. C'est cette information qu'attendaient les investisseurs depuis l'annonce de la Première ministre de la renationalisation d'EDF, dans sa déclaration de politique générale devant l'Assemblée nationale le 6 juillet. « Ce prix fait apparaître une prime de 50% par rapport au cours de clôture du 5 juillet 2022, de 40% par rapport au 70 jours précédents, et de 34% sur un an. Ce que l'Etat est prêt à faire reflète donc la valeur fondamentale de la société, et constitue une juste rémunération des actionnaires », souligne-t-on à Bercy.

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Côté calendrier, le gouvernement se veut pressant. « L'objectif est que l'OPA soit déposée d'ici à début septembre 2022 auprès de l'autorité des marchés financiers (l'AMF) sous réserve de la promulgation d'une loi de finances rectificative pour 2022 portant les crédits budgétaires nécessaires à l'offre », a précisé Bercy. Même si cette échéance n'est « pas ferme ni réglementaire », l'offre devrait ainsi être ouverte fin septembre, et clôturée mi-octobre pour une sortie de la cote et de la radiation des Oceane fin octobre. « C'est tout en haut de notre liste de priorités », insiste-t-on au cabinet du ministre de l'Economie, Bruno Le Maire.

12,7 milliards pour EDF et d'autres opérations

Pour rappel, Bruno Le Maire avait prévu une enveloppe de 12,7 milliards d'euros qui inclut la renationalisation d'EDF mais aussi « d'éventuelles autres opérations ». Maintenant que les intentions du gouvernement sont connues, le titre pourra reprendre sa cotation avant sa probable future disparition de la cote dans les prochains mois.

Dix-sept ans après l'ouverture de son capital et son entrée en Bourse fin 2005, l'électricien reste largement public, détenu par l'État à près de 84%, par les salariés qui en possèdent 1% et par des actionnaires institutionnels et individuels pour les 15% restants. L'électricien avait été introduit en Bourse au prix de 32 euros par action. Après des premiers mois difficiles, l'action avait semblé convaincre les investisseurs, et avait culminé un peu au-dessus des 75 euros fin 2007.

Plainte des actionnaires salariés

Tout ne sera si simple. Hier, les actionnaires salariés d'EDF ont menacé de porter plainte contre l'Etat pour ses décisions concernant l'énergéticien et leurs conséquences « spoliatrices » pour les actionnaires, une manière de mettre la pression pour défendre leurs intérêts. Du côté de Bercy, on affirme néanmoins que ces procédures en justice ne freineront pas l'OPA. « Celles-ci sont d'un autre ordre que les opérations financières en question », fait valoir une source ministérielle.

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