En attendant des précisions sur sa renationalisation, EDF suspend son titre à la Bourse de Paris

L'énergéticien sort temporairement de la Bourse de Paris, alors que l'Etat a annoncé la semaine dernière son intention de prendre le contrôle total de l'entreprise, qui fait face à des difficultés colossales à la veille de relancer le parc nucléaire français. De son côté, Bercy a indiqué que « l'Etat précisera ses intentions s’agissant du capital d’EDF au plus tard le 19 juillet prochain avant-bourse ».
L'Etat a fait le choix de renationaliser EDF.
L'Etat a fait le choix de renationaliser EDF. (Crédits : Pascal Rossignol)

A la demande du groupe, le titre d'EDF a été suspendu mercredi à la Bourse de Paris, à la suite de l'annonce de sa nationalisation à 100% par Elisabeth Borne la semaine dernière. L'énergéticien précise dans un communiqué qu' «après échanges avec l'Autorité des marchés financiers, EDF SA a demandé la suspension de la cotation de ses titres de capital jusqu'à nouvel ordre ». « Aucune autre communication ne sera faite par la Société à ce sujet jusqu'à la publication par l'Etat d'un communiqué », ajoute EDF.

Le cours a été suspendu donc de façon temporaire. Au moment de sa suspension, l'action d'EDF valait 10,23 euros, un bond de plus de 30% par rapport à son cours avant l'annonce de sa renationalisation. Cette procédure « fait partie des outils normaux de gestion des marchés financiers dans ce type de situation », a précisé Bercy. Une fois les intentions du gouvernement connues, le titre pourra reprendre sa cotation. « L'Etat mène actuellement les travaux permettant d'en définir les modalités et précisera ses intentions au plus tard le 19 juillet 2022 avant-Bourse », a encore indiqué Bercy.

Dix-sept ans après l'ouverture de son capital et son entrée en Bourse fin 2005, l'électricien reste largement public, détenu par l'État à près de 84%, par les salariés qui en possèdent 1% et par des actionnaires institutionnels et individuels pour les 15% restants.

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Pour prendre le contrôle total de l'entreprise, le gouvernement devrait débourser plus de 8 milliards d'euros, selon Reuters. Le coût de ce rachat pourrait cependant atteindre près de 10 milliards d'euros en tenant compte des obligations convertibles en circulation et d'une prime par rapport aux prix actuels du marché.

Selon le journal Les Echos, qui cite une source au fait du dossier, un « comité d'experts » devrait être prochainement nommé pour définir le « juste prix » des actions d'EDF, le gouvernement souhaitant parachever l'opération de rachat en octobre ou novembre.

« Le temps est un facteur essentiel, tant pour le gouvernement que pour les actionnaires minoritaires, et les deux parties préfèreraient voir une résolution rapide », commente JPMorgan dans une note. « Nous nous attendons à ce que la nationalisation se fasse par le biais d'une offre volontaire dont les termes pourraient être connus dans les jours/semaines à venir : le gouvernement pourrait vouloir offrir une prime suffisante pour éviter les contestations judiciaires et les retards qui en résultent pour l'offre. »

Le défi colossal de relancer le nucléaire français

Dans son discours de politique générale du 6 juillet, Elisabeth Borne avait annoncé « l'intention de l'Etat de détenir 100% du capital d'EDF ». L'initiative vise à ce que l'Etat se porte garant de l'entreprise en grande difficulté financière qui cumule plus de 40 milliards de dettes. La situation d'EDF est si préoccupante que certains comparent EDF à l'électricien celle de l'allemand Uniper, au bord de la faillite en attendant une recapitalisation de l'Etat allemand.

L'énergéticien français se trouve également dans le viseur de la Commission européenne, très attentive au respect des règles de la concurrence dans l'industrie nucléaire. Le gouvernement français négocie avec Bruxelles depuis des mois sur le statut à donner à EDF.

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En parallèle, EDF doit engager le programme stratégique de relance du nucléaire voulu par Emmanuel Macron, qui implique la construction de nouveaux réacteurs en France. L'électricien souffre pour l'instant du mauvais état de son parc nucléaire. Seule la moitié des réacteurs sont en fonctionnement au moment alors que des pénuries d'électricité se profilent à cause de la crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine. Pour mener à bien cette période délicate qui s'ouvre, un nouveau PDG doit être nommé pour succéder à Jean-Bernard Lévy.

(Avec Reuters et AFP)

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Commentaires 4
à écrit le 13/07/2022 à 15:28
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L'action on s'en fou, ce sont les dettes qu'ils ne faut pas reprendre, ça c'est pour le contribuable....

à écrit le 13/07/2022 à 12:49
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De toute façon, les actionnaires vont perdre beaucoup. Pour mémoire, privatisation à 32 euros en 2005. Moralité de l'histoire, ne jamais être dans le capital d'une société ou l'état est actionnaire.

à écrit le 13/07/2022 à 11:32
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Privatisation des profits et mutualisation des pertes en attendant des émoluments ont été versés aux agents edf depuis des années ....

le 13/07/2022 à 14:55
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Il a pas tout compris celui-là. Privatisé a 32 euros. Nationalisé à... Bien moins. Qui fait des pertes ?

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