Tout le secteur de l'énergie est appelé par la CGT à faire grève

Par latribune.fr  |   |  884  mots
Selon un sondage Elabe pour BFMTV, une courte majorité de Français approuvent la mobilisation des salariés de TotalEnergies et ExxonMobil. (Crédits : ERIC GAILLARD)
La fédération CGT de l'énergie lance un appel à l'ensemble du secteur de l'énergie pour rejoindre la grève pour les salaires. Outre le secteur pétrolier, le mouvement toucherait aussi une partie des centrales nucléaires selon le syndicat. Une journée de grève nationale interprofessionnelle devrait par ailleurs être annoncée pour le mardi 18 octobre prochain.

Le durcissement des positions de la FNME-CGT a de quoi donner des sueurs froides aux Français.  La fédération des mines et de l'énergie appelle en effet « à l'élargissement de la grève dans toutes entreprises de l'énergie », a-t-elle annoncé ce jeudi 13 octobre. Hier, déjà l'antenne des Bouches-du-Rhône était allée plus loin en lançant un appel à la mobilisation générale dans tous les secteurs pour « défendre le droit de grève », après l'annonce du gouvernement d'un recours aux réquisitions de personnels pour débloquer les dépôts de carburants et approvisionner les stations-service.

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Selon la fédération, des mouvements toucheraient ce jeudi une partie des centrales nucléaires soumises à des travaux ou des opérations de maintenance. La CGT parie d'ailleurs sur une extension du mouvement en faveur des hausses salariales.

Selon un sondage Elabe pour BFMTV, une courte majorité de Français approuvent la mobilisation des salariés de TotalEnergies et ExxonMobil (42% approuvent, 40% désapprouvent, 18% y sont indifférents). Pour le politologue Dominique Andolfatto, la CGT « sait qu'elle clive ». Mais elle « fait sans doute le calcul que c'est plutôt positif pour elle », notamment « vis-à-vis de sa base et des soutiens ».

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Des réquisitions qui ne passent pas

« Le fait de réquisitionner, ça a mis le feu aux poudres », a accusé le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez sur BFMTV ce jeudi matin, affirmant avoir dit à la Première ministre Elisabeth Borne que le gouvernement faisait une « connerie ».

Lors d'une interview télévisée sur France 2 hier, le président Emmanuel Macron avait justifié les réquisitions. « Je suis pour le dialogue social, je suis pour la négociation (...) Jamais pour le blocage », a-t-il déclaré. Et de prévenir : « Si le dialogue social n'aboutit pas dans les prochaines heures, nous réquisitionnerons ».

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Le gouvernement a d'ailleurs déjà lancé une première réquisition mercredi chez Esso-ExxonMobil Port-Jérôme/Notre-Dame-de-Gravenchon (Seine-Maritime). L'arrêté a été notifié par le directeur du site à quatre salariés, deux pour mercredi et deux pour jeudi, qui se verront contraints de venir rouvrir les vannes sous peine de sanctions pénales. Philippe Martinez, venu en soutien des salariés, a dénoncé une « décision scandaleuse » et annoncé le dépôt d'un référé pour s'y opposer. Ce dernier sera examiné ce jeudi à 14h30 au tribunal administratif de Rouen.

Une autre réquisition a été lancée par le gouvernement ce jeudi, au dépôt de carburants TotalEnergies de Flandres près de Dunkerque (Nord), a appris l'AFP auprès de Matignon. « La réquisition des personnels a été engagée pour qu'elle soit effective à 14h » et « le gouvernement compte toujours sur le fait que le dialogue puisse reprendre dans les prochaines heures entre la direction de l'entreprise et les représentants des salariés », est-il précisé.

Appel à une grève nationale interprofessionnelle mardi prochain

Selon Céline Verzeletti, secrétaire confédérale de la CGT, une journée de grève nationale interprofessionnelle devrait être annoncée par la confédération à la mi-journée ce jeudi, à l'issue d'une réunion avec les unions départementales du syndicat. Elle devrait avoir lieu « très vraisemblablement » mardi 18 octobre. Anticipant cette annonce, la FNME-CGT a fait savoir qu'elle « impulsera(it) et coordonnera(it) la grève nationale interprofessionnelle à l'appel de la CGT ».

L'énergie mais aussi la fonction publique, l'agroalimentaire, les cheminots pourraient joindre leurs forces à celles des raffineurs. Signe des convergences à venir ? Mercredi soir, un rassemblement a réuni sur le parvis de l'Hôtel de Ville des militants CGT, FO, Solidaires et de nombreux responsables politiques de gauche dont Jean-Luc Mélenchon. Solidaires devrait décidé ce jeudi après-midi d'appeler à la « grève mardi prochain pour des hausses de salaire », selon son co-délégué général Simon Duteil.

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Il y a en revanche peu de chances que la CFDT ou la CFTC rejoignent le mouvement, l'une et l'autre s'étant désolidarisée ce week-end des grèves chez TotalEnergies, qualifiées de « préventives ». « L'appel à la grève, ça change quoi à la fin ? Ça ne change rien », a déclaré ce jeudi sur France Inter le numéro un de la CFDT Laurent Berger, appelant une nouvelle fois les parties à négocier.

TotalEnergies a annoncé ce jeudi matin proposer d'augmenter ses salariés français de 6% en 2023. Ainsi qu'un « bonus exceptionnel » équivalent à un mois de salaire à l'ensemble de ses salariés dans le monde. Ce dernier serait versé en décembre « sous réserve d'accords salariaux » dans les pays et filiales concernées et sera « plafonné pour les salaires élevés », a précisé le groupe.

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(Avec AFP)