Veolia/Suez : des syndicats portent plainte pour « trafic d'influence » contre le secrétaire général de l'Elysée et le PDG de Veolia

Par AFP  |   |  539  mots
(Crédits : BENOIT TESSIER)
La plainte, menée par la majorité de l'intersyndicale du groupe Suez, vise le secrétaire général de l'Elysée Alexis Kohler, le PDG de Veolia Antoine Frérot, le président du conseil d'administration d'Engie Jean-Pierre Clamadieu et le PDG du fonds Meridiam Thierry Déau.

Plusieurs syndicats du groupe Suez ont déposé plainte jeudi au parquet national financier contre le secrétaire général de l'Elysée et des responsables de Veolia, Engie et Meridiam, pour "trafic d'influence" autour de la fusion entre Veolia et Suez, selon un communiqué.

Cette plainte vise le secrétaire général de l'Elysée Alexis Kohler, le PDG de Veolia Antoine Frérot, le président du conseil d'administration d'Engie Jean-Pierre Clamadieu et le PDG du fonds Meridiam Thierry Déau, est-il précisé dans le communiqué.

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L'interventionisme de l'État visé

Les plaignants - qui représentent la majorité de l'intersyndicale du groupe Suez - dénoncent "l'intervention de l'Elysée bien en amont de l'annonce publique du projet" de fusion entre les deux fleurons de l'eau et des déchets, puis les "pressions régulières et répétées pour faire aboutir" le rapprochement.

Selon le communiqué, la plainte fait état de plusieurs réunions "impliquant le gouvernement", d'un accord avec Meridiam "en amont de l'annonce du projet", de "l'intervention à différents niveaux de nombreux acteurs proches du pouvoir (...) mais surtout l'intervention directe d'Alexis Kohler en octobre 2020 auprès de représentants syndicaux" pour obtenir lors du conseil d'administration d'Engie que Veolia rachète les parts (29,9%) détenues par Suez.

Ils rappellent aussi la déclaration publique en septembre du Premier ministre Jean Castex en faveur d'un rapprochement qui "fait sens", une position "bien au-delà de la neutralité que la loi impose normalement au pouvoir politique", selon eux.

Après huit mois d'âpres négociations, Veolia doit absorber une bonne part de son rival pour former un champion de l'eau et des déchets, selon un accord de principe dévoilé le 12 avril. L'entreprise sera détenue par un "groupe d'actionnaires" dont les fonds Meridiam, Ardian, GIP et la CDC. L'accord prévoit le maintien de l'emploi pendant quatre ans.

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Des "commissions versées à l'occasion de cette opération" ?

Les syndicats dénoncent aussi l'intervention de l'Autorité des marchés financiers, "dirigée par des proches du gouvernement (...) sans aucune sollicitation, ni aucune compétence juridictionnelle, menaçant en dehors de toute légitimité les opérations de résistance de Suez face à l'OPA de Veolia".

Ils estiment donc qu'il est "nécessaire de faire la lumière sur ces opérations potentiellement illicites" et sur "l'origine de l'OPA hostile de Veolia contre Suez, quel est son objectif, et qui en sont les décisionnaires et les bénéficiaires".

Les plaignants évoquent aussi des "commissions versées à l'occasion de cette opération (...) à des proches du gouvernement" atteignant "des montants astronomiques - jusqu'à 25 millions d'euros pour l'une d'entre elles".

Contacté par l'AFP, Veolia a indiqué ne disposer "d'aucune information" sur le dépôt d'une plainte.

Engie et Meridiam n'étaient pas en mesure de répondre dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP.

Interrogé, l'Elysée n'a pas souhaité faire de commentaire.

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