Alstom refuse de revenir sur la rémunération de son ex-PDG Patrick Kron

Par latribune.fr  |   |  436  mots
L'État, qui détient 20% des droits de vote depuis février grâce à des actions prêtées par Bouygues, s'était opposée à la part exceptionnelle de la rémunération de 6,5 millions d'euros de l'ancien PDG, Patrick Kron. De même, 62% des actionnaires avaient rejeté en AG la part variable, jugeant que son calcul "avait été fait de manière trop discrétionnaire par le conseil d'administration".
En tout, l'ancien patron était parti avec 6,5 millions d'euros. Et il pourra les garder. Ainsi en a décidé le conseil d'administration qui campe sur ses positions malgré l'opposition de 62% de ses actionnaires et... de l'Etat.

Le conseil d'administration du constructeur ferroviaire Alstom, aujourd'hui dirigé par Henri Poupart-Lafarge, a annoncé mercredi avoir "constaté" qu'il "n'y avait pas de suite à donner au vote négatif" de ses actionnaires sur la rémunération de l'ancien Pdg du groupe Patrick Kron, parti en janvier avec plus de 6,5 millions d'euros. Pour rappel, lors de leur assemblée générale le 5 juillet, 62% des actionnaires d'Alstom avaient rejeté la résolution définissant les éléments de rémunération de Patrick Kron.

"La société s'est enquise des raisons de ce vote négatif alors que les principes et les modes de calcul de ces éléments avaient été approuvés très largement" par ces mêmes actionnaires lors des assemblées générales de 2014 et 2015, a indiqué Alstom dans un communiqué.

Cette conclusion intervient un mois après l'affaire de la fermeture du site historique de Belfort pour cause d'absence de rentabilité. Cette décision du groupe dirigé par Henri Poupart-Lafarge avait fait grand bruit notamment aussi pour les efforts -très controversés- que l'Etat a déployés pour sauver la filiale française.

Rémunération, fixe, variable et variable exceptionnelle...

Selon le groupe, l'Etat, qui détient 20% des droits de vote depuis février grâce à des actions prêtées par Bouygues, s'était opposée à la part "exceptionnelle" de la rémunération attribuée à l'ex-Pdg, tandis qu'"un certain nombre d'actionnaires" (62% en réalité) avaient rejeté la part variable, jugeant que son calcul "avait été fait de manière trop discrétionnaire par le conseil d'administration".

Dans le détail, l'ancien patron d'Alstom s'était vu attribuer 1 million d'euros brut de rémunération fixe, 1,16 million d'euros brut de rémunération variable, ainsi qu'une "rémunération brute variable exceptionnelle" de 4,45 millions d'euros liée à la cession fin 2015 de la branche énergie du groupe à l'américain General Electric.

Avec l'approbation de l'Afep et du Medef

Réunis mardi, les administrateurs d'Alstom ne se sont pas déjugés, rappelant que les règles de calcul de la part variable étaient "inchangées" depuis 2014 et que la part "exceptionnelle" avait été validée dès octobre 2014 par le Haut comité de gouvernement d'entreprise, une instance dépendant des organisations patronales Afep et Medef.

"L'ensemble des sommes a déjà été versé à Monsieur Kron et le vote négatif de la résolution ne remet pas en cause la légalité des versements", conclut le groupe, qui ajoute n'avoir "plus d'engagement à l'égard de Monsieur Kron depuis son départ de l'entreprise le 31 janvier 2016".

(Avec AFP)