La France se réindustrialise, une première depuis 2009

Par Grégoire Normand  |   |  552  mots
L'usine Bosch à Rodez.
Le délitement du secteur industriel en France est en train de ralentir depuis plusieurs semestres. La démographie des usines observée par Trendéo se révèle positive pour le premier semestre 2016. Une première depuis 2009.

La conjoncture s'améliore pour le secteur industriel français. Même si les annonces autour du site d'Alstom à Belfort au cours de ces dernières semaines ont pu susciter des inquiétudes - avant un sauvetage annoncé mardi -  les récentes tendances annoncées par l'Observatoire Trendéo de l'emploi et de l'investissement semblent confirmer une reprise de l'activité amorcée depuis 2014.

Des annonces d'ouvertures en hausse

Annoncé comme un secteur sinistré depuis des années, l'activité industrielle semble repartir depuis plusieurs semestres. Selon Trendéo, les créations d'usines ont été supérieures aux fermetures sur les deux premiers trimestres de l'année. C'est la première fois que ce solde est positif durant deux trimestres consécutifs depuis 2009. Le cabinet a ainsi recensé l'annonce de 82 créations d'usines contre 75 fermetures au cours du premier semestre.

II existe cependant des disparités selon les secteurs pour 2016. La réparation de machines, l'énergie, les industries alimentaires connaissent un solde positif alors que le travail des métaux, les meubles ou la plasturgie connaissent un solde négatif en nombre d'usines.  La différence pour ce premier semestre est donc plutôt faible mais elle marque peut être la fin d'une longue période de désindustrialisation.

Depuis le 2009, le solde reste en revanche largement négatif (-605). En effet, le total des créations d'usines depuis 2009 s'élève à 1290 contre 1895 fermetures. D'après le cabinet, "il faudrait cependant 21 années pour remplacer les 605 usines perdues depuis 2009."

Les données mensuelles de la Banque de France relatives aux défaillances d'entreprises dans l'industrie corroborent le constat exprimé par Trendéo. Les fermetures d'entreprises connaissent un net ralentissement depuis plusieurs mois comme l'illustre le graphique ci-dessous.

Ce ralentissement peut en partie s'expliquer par la restauration de la marge des entreprises depuis 2015 grâce à la baisse des prix du pétrole et au crédit d'impôt compétitivité (CICE) qui auraient permis aux entrepreneurs de se lancer dans de nouveaux projets.

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De bonnes nouvelles sur le front de l'emploi

Ce solde positif concernant le nombre d'usines sur le territoire français s'est traduit sur le marché de l'emploi par des signes d'éclaircie. Si l'industrie continue de perdre des emplois, ces pertes auraient été divisées par deux entre la période 2009/2012 et la période 2013/août 2016 passant de -85.111 à -43.026. Et pour le premier semestre 2016, le résultat de la différence entre les créations et les suppressions d'emplois seraient légèrement positif (+ 150).

Dans le détail, certains secteurs sont néanmoins plus fortement touchés que d'autres. Les activités de production d'énergie continuent de supprimer des emplois. "C'est le signe que le tournant des énergies renouvelables amorcé en 2009  n'a pas pris" note l'observatoire. Du côté des PME et des ETI, les bonnes nouvelles sont également au rendez-vous. Elles ont atteint des niveaux de créations nettes d'emplois record, dépassant les maximums de 2010 relève l'observatoire. Si de nombreux indicateurs semblent marquer une reprise de l'activité en générale, le directeur de Trendéo David Cousquer se veut prudent. "Des événements extérieurs comme la crise de la Deutsche Bank peuvent cependant à tout moment interrompre une reprise qui manque de souffle."