Énergies océaniques : un potentiel à affirmer

Par Article partenaire - Enedis  |   |  480  mots
(Crédits : DCNS Energies)
Avec 11 millions de kilomètres carrés d’espace océanique sous sa juridiction, la France dispose du deuxième domaine maritime mondial, derrière les États-Unis. Un gisement d’énergie marine considérable mais encore peu exploité.

Utiliser la force des courants marins pour produire de l'énergie ? L'idée ne date pas d'hier. La France peut même se targuer d'avoir installé l'usine marémotrice de la Rance, près de Saint-Malo, dès 1966. Le principe est simple : le barrage abrite 24 turbines qui fonctionnent au rythme des marées montantes et descendantes. À l'époque, cette digue de 390 mètres constituait le plus grand projet du monde. Il sera détrôné, en 2011, par la centrale sud-coréenne de Sihwa, mais produit encore l'équivalent de la consommation électrique de 225 000 habitants, soit 17% de l'énergie produite en Bretagne.

260 TWh à l'horizon 2050

Depuis, l'usine reste un cas isolé en France, même si la réflexion autour des énergies marines, et notamment celles générées par les courants océaniques, s'est considérablement développée. Il faut dire que le potentiel du secteur offre des perspectives intéressantes à l'échelle européenne : 100 GW installés d'ici 2050, soit une production de 260 TWh capable de satisfaire aux besoins énergétiques de 65 millions d'habitants, selon les chiffres de la Commission européenne.

Pour exploiter ce gisement, l'hydrolienne semble aujourd'hui la solution en pointe. Ces grandes hélices transforment l'énergie cinétique des courants en électricité. Si les vitesses marines sont nettement moins élevées que celles des vents, leur rendement est le même du fait de la masse de l'eau, 800 fois plus dense que l'air. Autre avantage : cette ressource inépuisable fonctionne de manière continue, contrairement à d'autres énergies renouvelables comme l'éolien.

Une mine « d'or bleu » au Raz Blanchard ?

Au niveau technologique, le secteur reste en phase de maturation. En 2014, une étude réalisée par France Energies Marines recensait pas moins de 146 technologies d'hydroliennes dans le monde, dont 28% concernant l'océanique. Sur le site de Paimpol-Bréhat, les deux engins de 16 mètres testés par Naval Energies et EDF ont également été sortis de l'eau après six années d'expérimentation. La faute, notamment, à un phénomène de corrosion et d'encrassement biologique (aussi appelé « biofouling »).

Ces péripéties n'arrêtent pas pour autant les acteurs du secteur. En Bretagne, Sabella teste depuis 2015 son hydrolienne D10 au large d'Ouessant dans le passage du Fromveur. Des sociétés comme Hydroquest se positionnent sur le segment fluvial avec deux projets dans l'Ain (39 turbines pour une capacité de 6 700 MW) et sur l'estuaire de Bordeaux. Mais un site suscite toutes les convoitises : au Raz Blanchard, dans le Cotentin, la vitesse des courants frôle, voire dépasse, les 20 km/h. Si une tentative menée par Engie a été abandonnée, Naval Energies et la société écossaise Atlantis Ressources (déjà à l'œuvre sur la ferme pilote de MeyGen, en Écosse) ont proposé chacun un projet. En attendant, peut-être, le premier appel d'offres commercial français sur l'hydrolien qui se fait toujours attendre.