Les plans de relance budgétaire mettent en péril les États et le capitalisme (DWS/Deutsche Bank)

Par Patrick Vignal, Reuters  |   |  378  mots
Si la croissance et l'inflation n'apportaient pas de réponse à l'endettement, il faudrait envisager de recourir à l'excédent budgétaire par le biais de politiques de rigueur, une solution loin d'être idéale, avertit la note de DWS.
En permettant à des entreprises non compétitives de survivre, ces programmes de soutien faussent la concurrence. Mais il vont aussi faire exploser la dette publique. Et rien ne dit que la croissance ou l'inflation seront au rendez-vous pour la résorber, lit-on dans une note d'avertissement publiée par l'un des principaux gérant d'actifs mondiaux, DWS, la société de gestion d'actifs de la Deutsche Bank, première banque d'Allemagne.

Les plans de relance budgétaires massifs annoncés un peu partout pour lutter contre les dégâts économiques du coronavirus étaient nécessaires, mais ils sont dangereux à long terme, dit-on chez DWS, la gestion d'actifs cotée en Bourse de la Deutsche Bank, première banque d'Allemagne (NB: Deutsche AM a été rebaptisée DWS fin 2017 avant son introduction en Bourse).

Ces programmes vont faire exploser la dette publique qu'il faudra réduire et rien ne garantit que la croissance ou l'inflation le permettront, écrit Martin Moryson, chef économiste Europe de la société de gestion allemande, dans une note publiée jeudi.

"Ces programmes étaient sans aucun doute inévitables face à la gravité de la situation mais il est également certain qu'ils auront des effets collatéraux considérables à long terme", écrit-il.

"L'intervention des gouvernements dans l'économie comporte le risque d'importantes distorsions qui pourraient peser à terme sur la croissance de la productivité", argumente-t-il.

Il faudra rembourser, l'annulation de la dette n'étant pas une solution en raison des risques économiques et sociaux qu'elle comporte, selon Martin Moryson.

La discipline budgétaire affaiblit la cohésion de la société

Si la croissance et l'inflation n'apportaient pas de réponse à l'endettement, il faudrait envisager de recourir à l'excédent budgétaire par le biais de politiques de rigueur, une solution loin d'être idéale, ajoute l'économiste.

"La discipline budgétaire, souvent appelée austérité par ses adversaires, a été très impopulaire, a affaibli la cohésion de sociétés et pèse sur le soutien de la population aux gouvernements qui la mettent en place", écrit-il.

Remise en cause de la croissance et de la mondialisation

Les plans de relance menacent à terme de fausser la concurrence en maintenant artificiellement en vie des entreprises non compétitives, poursuit-il.

Plus généralement, la crise du coronavirus pourrait accélérer la mise en cause de la croissance immodérée et la mondialisation galopante, selon l'économiste, qui dit craindre également une poussée du protectionnisme avec le rôle renforcé des États dans l'économie.

"Le capitalisme, qui était déjà dans une situation inconfortable avant le coronavirus, pourrait l'être encore davantage après l'épidémie", conclut Martin Moryson.