Cinq choses à savoir sur le plan de relance européen

Le premier grand emprunt européen de l'histoire, de nouvelles taxes pour le rembourser, un cocktail de dons et de prêts octroyés sous conditions dont l'Espagne et l'Italie seront les principaux bénéficiaires... Voici cinq choses à savoir sur le plan de relance européen proposé, ce mercredi, par la Commission.
Photo d'archive. Angela Merkel et Emmanuel Macron, lors d'une conférence de presse, le 9 décembre 2019.
Photo d'archive. Angela Merkel et Emmanuel Macron, lors d'une conférence de presse, le 9 décembre 2019. (Crédits : Reuters)
  • 1) Une dette européenne commune, une première

Pour sortir le Vieux Continent d'une récession sans précédent, la Commission européenne veut emprunter sur les marchés 750 milliards d'euros. Jamais dans l'histoire de l'Union, elle n'avait levé une telle somme au nom de l'UE.

Berlin a ouvert la voie la semaine dernière à une telle proposition: à la surprise générale, elle a opéré un virage à 180°C en prônant, aux côtés de Paris, une mutualisation des dettes entre les États membres.

Lire aussi : Macron et Merkel proposent un plan de relance européen de 500 milliards d'euros

Forte de sa bonne image auprès des marchés et grâce aux pays du Nord soucieux d'orthodoxie budgétaire, comme l'Allemagne et les Pays-Bas, la Commission peut emprunter à des taux d'intérêt peu élevés. Une aubaine pour les pays du Sud, comme l'Italie, dont la dette publique explose.

Si le paiement des intérêts commencera dès 2021, le remboursement des sommes empruntées n'aura lieu qu'à partir de 2028 et devrait s'achever en 2058.

Lire aussi : Dettes mutualisées: Merkel en passe de réussir son pari en Allemagne

  • 2) De nouvelles taxes européennes pour rembourser l'emprunt

Pour rembourser sa dette, la Commission propose de créer de nouvelles taxes levées dans l'Union.

Cela permettrait de ne pas augmenter les contributions nationales des 27 dans le budget européen. Il s'agit d'un argument de poids pour tous les pays qui payent davantage qu'ils ne reçoivent, et notamment pour ceux surnommés les "quatre frugaux" - Pays-Bas, Danemark, Suède et Autriche - qui refusent déjà d'accroître leur écot.

Parmi les impôts qui pourraient voir le jour, la Commission envisage une taxe carbone aux frontières de l'UE pour pénaliser les importations de produits fabriqués par des usines polluantes, un impôt sur les revenus des grandes entreprises, voire une taxe spécifique pour les sociétés numériques.

Elle voudrait aussi récupérer une partie plus importante des revenus engendrés par les droits d'émissions de CO2.

Or, les tentatives pour instaurer des taxes européennes ont jusqu'ici échoué, comme ce fut par exemple le cas pour la taxe sur les GAFA. Elles nécessitent l'unanimité des 27 de l'UE.

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  • 3) Un cocktail de dons et prêts

Sur les 750 milliards d'euros, 500 milliards seraient redistribués sous forme de subventions qui ne seront pas remboursées - un montant préconisé dans le projet franco-allemand - et le reste en prêts aux États membres.

Pour des pays aux finances exsangues comme l'Italie, ces dotations sont une bouffée d'oxygène.

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Reste à savoir si les quatre "frugaux", qui ont jusqu'ici seulement proposé des crédits, accepteront l'idée de dons.

  • 4) Italie et Espagne, principaux bénéficiaires

L'Italie et l'Espagne se taillent la part du lion dans ce plan et pourraient recevoir respectivement plus de 172 milliards d'euros et 140 milliards d'euros (répartis entre subventions et prêts).

Très endeuillés par la pandémie de coronavirus, ces pays ont des économies dépendant largement du tourisme, mis à mal par les mesures de confinement.

Lire aussi : Sauvetage du tourisme : Philippe promet 18 milliards et autorise les Français à partir en vacances (...en France)

Après la Pologne (avec 63,838 milliards), la France serait le quatrième bénéficiaire avec 38,7 milliards de subventions uniquement.

L'Allemagne arrive loin derrière avec 28,806 milliards d'euros de subventions.

  • 5) Une aide octroyée sous conditions

Pour obtenir ces soutiens financiers, les pays bénéficiaires devront présenter un plan d'investissements et de réformes, censé être compatible avec les priorités de la Commission européenne.

Ces dernières sont la transition écologique et numérique, ainsi que l'amélioration de la "résilience économique". Ils devront par exemple s'efforcer d'augmenter leur autonomie stratégique dans un certain nombre de secteurs, notamment vis-à-vis de la Chine en ce qui concerne la santé.

Les bénéficiaires des fonds devront également tenir compte des recommandations de la Commission émises deux fois par an, lorsqu'elle encourage les pays membres à des réformes structurelles pour améliorer leur compétitivité.

Il n'est pas certain cependant que ces conditions soient suffisantes aux yeux des quatre "frugaux", qui appellent régulièrement les pays du Sud à la discipline budgétaire et aux réformes.

Commentaires 16
à écrit le 02/07/2020 à 22:16
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Hé oh ! On se réveille en France ?? L'UE qui emprunte 500 milliards ça veut dire que la France va rembourser 20% en bon 2eme pays contributeur net soient 100Milliards (sans compter le taux)...et on récupère 38,7 Milliards ??? On va laisser Macron i...

à écrit le 28/05/2020 à 17:16
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la Pologne peut touchée par le covid, pas de souci avec ses hôpitaux, peu de confinement ,arrivent 3 e dans les aides. De qui se fout on !!!!!!!! Elle est belle l'Europe

à écrit le 28/05/2020 à 13:51
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Bravo ! la Pologne qui va acheter ses avions aux Etats Unis va bénéficie des aides de l'UE !!! On marche sur la tète !!!

à écrit le 28/05/2020 à 11:03
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Que des avis négatifs ??? Je lis les commentaires depuis quelques temps qui paraissent être tous de la même veine. Les autres opinions s'expriment sans doute ailleurs...

le 28/05/2020 à 13:14
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Ben oui au sein des politiciens européens, ils pensent tous pareils en effet ils sont tous pour continuer à être grassement payés pour peu travailler et servir les intérêts du consortium européen financier. Mais nous autres en fait sommes des jal...

à écrit le 28/05/2020 à 10:04
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Notre "président" veut construire a tout prix une union européenne sans savoir pourquoi faire... encore un caprice!

à écrit le 28/05/2020 à 9:57
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Ce plan, dit de relance, n'est qu'un emprunt accordé a UE de Bruxelles pour contre carré le départ de la participation pécuniaire des britanniques et de l'augmentation des oboles annuelles respectives des contributeurs! Nos enfants paieront!

à écrit le 28/05/2020 à 9:44
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"Les bénéficiaires des fonds devront également tenir compte des recommandations de la Commission émises deux fois par an, lorsqu'elle encourage les pays membres à des réformes structurelles pour améliorer leur compétitivité." Saigneur, ils vont n...

à écrit le 28/05/2020 à 8:35
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la dette europénne confirme un échec

à écrit le 28/05/2020 à 8:14
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un nouvel impot donc de nouveaux fonctionnaires sans en supprimer dans les pays Cette impot sera faible la premiere année mais apres ,,,!!!!

à écrit le 28/05/2020 à 8:02
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Taxer les emballages le sel le sucre les huiles, tous ce qui est mauvais pour la santé et l'environnement pour rembourser la dette !

à écrit le 27/05/2020 à 20:59
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Notre président vient de signer les mesures d'austérité (pour les plus pauvres) pour les 12 prochaines années, enfin, jusqu'à la prochaine crise. Qui que ce soit pour qui vous voterez, il devra choisir entre un programme d'austérité ou le sort du Vén...

le 28/05/2020 à 8:04
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mdr, c'est pas la première crise, on survivra !

à écrit le 27/05/2020 à 20:12
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"Les bénéficiaires des fonds devront également tenir compte des recommandations de la Commission émises deux fois par an, lorsqu'elle encourage les pays membres à des réformes structurelles .. Continuons comme hier à suivre les GOPE ou feuill...

à écrit le 27/05/2020 à 18:12
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Pour la France ça serait un desastre, un suicide financier. Alors que c'est le pays avec le plus grand déficit commercial et le 4ème pays sur 28 avec le taux de chômage plus élevé, elle financerait un plan qui sert à rendre plus competitifs ses conc...

le 27/05/2020 à 20:15
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"Si la France veut s'endetter pour 100 milliards qu'elle le fasse directement mais qu'elle investisse sur son territoire. " Vous n'avez pas compris le mécanisme de l' UE, la France ne peut emprunter sans être validée par Bruxelles et uni...

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