Accusé d'espionner salariés et clients, Ikea ordonne une enquête interne

Par latribune.fr  |   |  456  mots
Copyright Reuters
Ikea France annonce mercredi dans un communiqué qu'elle met en "disponibilité" la "personne concernée", sans la nommer, en réponse à un article du Canard Enchaîné affirmant que le groupe d'ameublement a procédé à un "flicage" illégal de son personnel et de clients. Le patron de la direction du risque de Ikea France aurait demandé à un cabinet de détectives privés des enquêtes sur certains de ses salariés et clients et dit vouloir « faire toute la lumière ».

Ikea est dans l?embarras. Le "Canard Enchaîné" a publié mercredi plusieurs des e-mails que son directeur du risque, Jean-François Paris, a échangés avec Sûreté International pour obtenir des informations sur ses salariés et clients issus du Stic (Système de traitement des infractions constatées), le plus grand fichier de police. Parmi leurs échanges figurent des demandes d?informations sur un collaborateur, ancien chômeur qui roule en Porsche Carrera, un autre salarié propriétaire d?une Audi TT et un salarié jugé anti-mondialiste. La direction du risque de Ikea France aurait demandé des enquêtes sur des listes de noms, allant jusqu?à 200 personnes, et enquêté sur l?identité d?une cliente en litige avec l?enseigne sur un montant de 4.000 euros. Les premiers échanges datent de 2003.

"Nous prenons la parution des ces accusations très au sérieux. Nous avons lancé une enquête avec l'aide de conseillers indépendants pour obtenir la vision la plus complète de ce qu'il s'est passé dans les faits", indique Ikea France. "Par respect de la présomption d'innocence, la personne concernée est mise en disponibilité durant ces investigations", indique le groupe, sans communiquer son nom ni ses fonctions.

"Le respect de la vie privée des personnes compte parmi les valeurs les plus fortes du Groupe et nous désapprouvons vigoureusement toute pratique portant atteinte à cette valeur", affirme Ikea.

Des salariés syndiqués devaient déposer plainte

L?enseigne suédoise d?ameublement dissimule fort mal son embarras : la direction de la communication de l?enseigne aux qu?elle entreprendra « des vérifications ». « On souhaite faire toute la lumière sur cette situation. On a décidé d'entreprendre toutes les vérifications qui s'imposent pour savoir ce qu'il en est exactement", déclaré son directeur de la communication, en précisant que cette position n'équivaut pas à une reconnaissance des pratiques incriminées par l'hebdomadaire satirique.

Selon Le Canard Enchaîné, des salariés comptaient déposer plainte mercredi. Mais contacté par l'AFP, un de leurs avocats Yassine Yakouti, s'est refusé à dire combien allaient le faire, s'il l'avait déposée ni quand il comptait le faire. A la-mi journée, aucun dépôt de plainte n'avait pu être confirmé. "Nous n'avons pas reçu de plainte à ce jour", a assuré Ikea.
Sans plus de détail, Me Yakouti a dit "souhaiter que la justice puisse enquêter sur ces soupçons latents de salariés confortés par l'article du Canard Enchaîné".
Aucun délégué syndical contacté par l'AFP n'a confirmé avoir eu des preuves de ces agissements supposés.
"Il y avait des doutes", a indiqué Salvatore Rinaldo, délégué central CFDT.