La marque PriceMinister.com pourrait disparaître

Par Juliette Garnier avec Sandrine Cassini  |   |  624  mots
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Deux ans après son rachat, le site de vente en ligne pourrait devenir Rakuten.fr, du nom de sa maison-mère japonaise. La décision sera prise cet été. Un sacré changement de culture pour le site fondé en 2000 par Pierre Kosciusko-Morizet.

Rien n'est fait. Mais la marque Price Minister pourrait disparaître du paysage web français. Deux ans après son rachat par le groupe japonais Rakuten pour 200 millions d'euros, le site internet co-fondé par Pierre Kosciusko-Morizet en 2000 envisage de changer de nom au profit de Rakuten.fr, selon nos informations. « Cette réflexion relève d'une réflexion à l'échelle mondiale de Rakuten. Mais, en France, ce ne sera pas réalisé dès 2012 », précise Olivier Mathiot, directeur marketing et communication de Price Minister.

Rivaliser avec Ebay

Dans les trois dernières années, le groupe Rakuten fondé par Hiroshi Mikitani en 1997 s'est engagé dans une internationalisation à tous crins. A l'étroit sur son marché intérieur, il a procédé par acquisitions successives, en Europe et aux Etats-Unis, et par prise de participations en Russie et partenariat en Chine. A la tête de 3,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires présent dans une dizaine de pays, Rakuten entre manifestement dans la phase 2 de son développement : celle de la mondialisation de sa marque. Hiroshi Mikitani, qui a réussi à marginaliser Ebay hors de l'archipel nippon, veut mieux rivaliser ailleurs avec le géant américain de la vente entre particuliers. Or, partout sur la planète, la plateforme Ebay (11,7 milliards de dollars de chiffre d'affaires) opère sous son seul nom.
L'allemand Tradoria est devenu rakuten.de
Hiroshi Mikitani voudrait-il en faire autant ? Tout porte à le croire. Il a déjà imposé le nom du groupe qu'il a fondé outre-Rhin : l'allemand Tradoria, dont le japonais a pris le contrôle à l'été 2011, opère désormais sous Rakuten.de. Outre-Manche, Play.com, autre site repris par le japonais l'an dernier, arbore désormais la co-signature Rakuten Group. Price Minister fait de même depuis plusieurs mois. Mais, de là à basculer sous le nom de Rakuten.fr à 100%, il y a un pas.
9,2 millions de visiteurs uniques
En fait, en interne, rue Réaumur, dans les nouveaux locaux de Price Minister, ce projet inquiète. Car, aux yeux des équipes fondatrices du site, ce serait faire table rase de douze années passées à construire cette marque. Depuis son lancement en 2000, la start-up a retroussé ses manches pour devenir le quatrième site le plus visité en France, avec une audience de 9,2 millions de visiteurs uniques par mois, derrière Amazon, Fnac et Ebay. De plus, Price Minister a beaucoup investi pour se forger une image de site solide et fiable, auprès des particuliers, en vantant des modes de paiement sécurisés et une politique de lutte contre la contrefaçon. Alors que Ebay ferraillait contre LVMH dans des procès à rallonge, Pierre Kosciusko-Morizet, son PDG, a beaucoup ?uvré pour se démarquer de ce "mauvais élève". Sans parler de ses investissements publicitaires autour d'un slogan provocateur mais efficace : "Devenez Radin". Enterrer la marque Price Minister et repartir de quasiment zéro - qui connait aujourd'hui Rakuten en France ? - serait donc risqué. D'autant que le Net français n'en est plus à ses débuts : il compte plus de 100.000 sites actifs, selon la Fédération du e-commerce et de la vente à distance.
L'enjeu des vendeurs professionnels
« Nous ne changerons pas brutalement de marque », précise Olivier Mathiot. Il n'empêche la décision devrait être prise fin mai par le nouvel actionnaire. A cette date, un calendrier de bascule pourrait être arrêté. Hiroshi Mikitani le veut. Car un nom commun pourrait favoriser l'inter-opérabilité des technologies entre Rakuten maison-mère et Rakuten France. De là, pourraient être développées toutes les prestations qui ont fait la notoriété de Rakuten au Japon auprès des vendeurs professionnels, nouvelle cible du site français. Sacré changement de culture.