Suppressions d'emplois dans la grande distribution : info ou intox ?

Par Juliette Garnier  |   |  457  mots
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Force Ouvrière affirme que 12.000 emplois sont menacés dans les supermarchés français. A lui seul, Carrefour envisagerait 3.000 à 5.000 suppressions d'emplois, selon le syndicat. Leclerc, Système U, Intermarché et Casino seraient aussi concernés, avance le syndicat au lendemain des élections présidentielles. De Leclerc à Casino, tous démentent.

Leclerc et Système U démentent tout projet de suppressions d'emplois. Au contraire, les deux groupements de commerçants indépendants affirment envisager respectivement 3.000 et 2.500 créations d'emplois en France pour alimenter l'agrandissement de leur parc de magasins et de leurs entrepôts en 2012. Leclerc et Système U réagissent ici au chiffre de "12.000 emplois menacés dans les supermarchés" qu'a récemment avancé Force Ouvrière. Intermarché réfute aussi tout projet de ce type. "Nous démentons formellement envisager des suppressions d'emplois", indique le groupement des Mousquetaires. Casino fait de même. "Le groupe n'a aucun projet de cette nature", affirme un porte-parole du groupe stéphanois.

Force Ouvrière est pourtant catégorique. "Il y a la crainte de 3.000 à 5.000 suppressions de postes chez Carrefour mais aussi celle de fortes suppressions d'emplois chez Casino, Leclerc, Intermarché et Système U, qui sont tous globalement sur le même projet avec le développement d'internet", a indiqué à l'AFP, de nouveau, ce mercredi 9 mai, le secrétaire fédéral FO en charge du commerce, Dejan Terglav, avant de chiffrer à "près de 12.000 [le nombre] de postes menacés" dans la grande distribution alimentaire français.

634.000 personnes travaillent dans la distribution alimentaire

Dans un secteur qui demeure l'un des plus gros employeurs de France, avec 634.000 salariés, le syndicat fait craindre le pire. La conjoncture n'est pas favorable. En mars, la consommation des ménages français a reculé de 2,9 %, selon l'Insee. Plusieurs enseignes d'hypermarchés dont Carrefour perdent du terrain dans l'Hexagone. Leurs ventes de produits non-alimentaires dégringolent. Toujours moins cher, les ventes en ligne de produits high-tech et d'électroménager les marginalisent. Or, jusqu'ici, le commerce avait fait preuve d'une bonne résistance à la crise. Il avait traversé celle de 2008, sans trop de casse sociale à part dans trois des filiales de PPR, chez Conforama, revendue depuis, Fnac et La Redoute.

Mais, cette fois, dans les enseignes alimentaires, à en croire les chiffons rouges qu'agitent les syndicats, il y aurait péril en la demeure. Fin avril, à la veille du 1er mai, jour de manifestations syndicales, Force Ouvrière avait déjà avancé que Carrefour envisageait 3.000 à 5.000 suppressions de postes. Un chiffre que la CFDT avait confirmé. Les syndicats du groupe de distribution estiment que Carrefour a retardé l'annonce de cette restructuration au lendemain de l'élection présidentielle. Cette fois, Force Ouvrière s'exprime à la veille de la tenue d'un Comité de groupe. Jeudi matin, le nouveau patron de Carrefour, Georges Plassat, doit rencontrer les organisations syndicales de manière informelle pour évoquer la situation économique de l'enseigne en France. L'ordre du jour de cette réunion avec une trentaine d'organisations syndicales n'est pas social, a précisé à "latribune.fr" un élu.