Bio : la filière s'inquiète des baisses de commandes de la grande distribution

Par latribune.fr  |   |  534  mots
Le bio pourrait connaître un recul de ses ventes entre 5% et 10% sur l'ensemble de l'année 2022. (Crédits : Benoit Tessier)
L'inflation vient casser la dynamique du bio. Après une décennie de croissance, ses ventes vont chuter de plus de 7% en 2022. Face à cette baisse d'engouement, la grande distribution, qui représente 60% des ventes de bio, réduit ses commandes. Les producteurs bio les accusent de « se désengager du marché bio » et de proposer d'autres produits présentés comme « éthiques » ou « durables ».

Le bio, qui s'est démocratisé dans les grandes surfaces, va-t-il en sortir ? La filière bio accuse la grande distribution de « se désengager du marché bio » au risque « de provoquer de la casse dans les fermes et entreprises », s'inquiète dans une lettre ouverte publiée ce mardi par Synabio, FOREBio et la FNAB à l'adresse de Leclerc, Coopérative U, Carrefour, Auchan, Casino, Intermarché et Cora.

15% d'inflation alimentaire à la fin de l'année

Les producteurs de bio déplorent « une progression de la demande pour les premiers prix » aux dépens du bio sur fond « d'inflation galopante ». L'inflation alimentaire pourrait atteindre 15% à la fin de l'année, étant déjà à 12% en janvier. Producteurs et distributeurs de bio font état d'une chute inédite de leurs ventes.

« Il y a un recul en volume de la consommation (bio), probablement de l'ordre de 7% à 10% sur l'année 2022. Et de 10% à 12% dans les enseignes spécialisées », explique Pierrick de Ronne, président de Biocoop et de la Maison de la Bio, à La Tribune« Les clients font des arbitrages en défaveur du bio. Ils descendent en gamme, passent d'un produit bio à un produit conventionnel, optent pour un produit bio moins cher », poursuit Pierrick de Ronne. Le secteur avait pourtant triplé son volume de ventes entre 2012 et 2022, passant de 4 à 12 milliards d'euros de chiffre d'affaires.

Synabio, FOREBio et la FNAB accusent désormais les distributeurs de supprimer leurs équipes dédiées au bio et de miser davantage sur des produits présentés comme durables en lieu et place du bio. Dans leur lettre de ce mardi, ils estiment que le bio souffre, en plus de l'inflation, de ces labels concurrents qui n'ont pas à suivre un cahier des charges aussi exigeant que celui du bio.

Multiplications des labels présentés comme éthiques ou durables

« Le développement de démarches telles que HVE (certification Haute Valeur Environnementale, Ndlr) ou Zéro résidu de pesticides, qui s'approprient les codes du label bio alors qu'elles sont loin d'offrir le même niveau d'exigence, crée la confusion chez les consommateurs », dénoncent-ils.

« Nous risquons d'entrer dans un cercle vicieux qui pourrait en quelques mois mettre en péril des filières entières et compromettre les efforts engagés depuis des années par les pouvoirs publics, les producteurs et les entreprises pour passer en bio », pointent-ils encore.

Ne pas retomber en-dessous de 5% de parts de marché

Pour lutter contre cette concurrence que le président de la FNAB assimile à une forme de « greenwashing », les acteurs du bio ont lancé depuis le 30 mai une campagne de communication baptisée « Bioréflexe » qui rappelle les engagements de la filière : une culture sans OGM, sans engrais chimiques et sans pesticides.

Le manque de soutien de la grande distribution pourrait, selon les producteurs de bio, provoquer « de la casse dans les fermes et entreprises ». En effet, les ventes de bio se font à plus de 60% dans la grande distribution. Le président de la Maison de la Bio Pierrick de Ronne estime que l'enjeu dans les prochains mois est d'éviter que le bio ne redevienne « un marché de niche » inférieur à 5% de la consommation alimentaire. Il en représente 6% aujourd'hui.