Loi alimentation : les prix de centaines de produits vont bondir au 1er février

Par AFP  |   |  633  mots
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"500 produits sur 13.000" devraient augmenter le 1er février, alors que dans les hypermarchés, "c'est 800 produits sur 20.000", a expliqué le ministre de l'Agriculture, Didier Guillaume mercredi. L'application de la loi Alimentation vise à casser les ventes à perte de la distribution pour mieux rémunérer les producteurs. Un pari pour défendre l'agriculture mais qui égratignera le pouvoir d'achat sur fond de grogne des "Gilets jaunes" - sans doute pourquoi le ministre a mis en garde les distributeurs contre toute tentation de hausse des prix opportuniste.

Demain vendredi, les prix de centaines de produits alimentaires de grande marque vont augmenter dans les supermarchés, mais ceux des marques de distributeurs devraient baisser: un pari pour défendre l'agriculture, sur fond de grogne des "Gilets jaunes" pour le pouvoir d'achat.

Le relèvement du seuil de revente à perte (SRP) le 1er février dans la distribution devrait conduire à une hausse de tarifs sur 4% des produits alimentaires de grande consommation. Selon le ministre de l'Agriculture, c'est le prix à payer pour défendre les producteurs français.

"Il y aura 4% des produits qui vont augmenter beaucoup. Je le regrette, j'aurais voulu que ce soit différemment (...) on essaie une chose, c'est qu'on ait encore une agriculture en France, pour arrêter d'acheter des produits qui viennent d'Amérique ou des pays de l'Est", a déclaré Didier Guillaume sur France Info mercredi matin.

Dans les supermarchés, "500 produits sur 13.000" devraient ainsi augmenter le 1er février, alors que dans les hypermarchés, "c'est 800 produits sur 20.000" qui sont concernés, selon le ministre, qui a confirmé en les relativisant des informations parues dans Le Parisien.

Selon le Parisien, 24 produits de grande consommation vont augmenter de 6,3% au 1er février avec la mise en application de la loi Alimentation, qui prévoit le relèvement à 10% du seuil de revente à perte de la distribution.

Les supermarchés ne pourront plus vendre à perte

A cette date, les supermarchés ne pourront plus vendre à perte les produits d'appel sur lesquels ils basent leur communication. Ceux-ci devront être vendus au minimum 10% plus cher qu'ils ont été achetés.

Or ces produits ne sont en général pas des produits agricoles directs, mais plutôt des produits de grande consommation fabriqués la plupart du temps par des géants de l'agroalimentaire (Danette, Coca-Cola, Caprice des Dieux, Ricard, Nutella, etc.) utilisés par les distributeurs dans leurs promotions pour attirer le chaland.

"La loi ne dit pas qu'il faut augmenter le Nutella, elle stipule qu'une grande surface ne peut pas vendre de produits aux consommateurs moins cher que ce que ça vaut", a précisé le ministre.

"Ce que je demande aux grandes surfaces c'est de trouver moyen de répartir les marges différemment, de répartir les choses mieux, l'objectif est que les produits agricoles soient vendus à leur juste valeur", a-t-il ajouté.

M. Guillaume a fustigé les enseignes qui profitent de la prochaine application de la loi pour imputer au gouvernement de prochaines hausses de prix. Lorsqu'une enseigne affiche deux tarifs avant et après la loi, elle "prend en otage les consommateurs", a-t-il estimé.

"Il faut indiquer aux consommateurs que, en gros, ce sera cinquante centimes de plus par mois", a-t-il affirmé.

Casser les ventes à perte pour mieux rémunérer les producteurs

Le gouvernement compte ainsi obliger les distributeurs à vendre même leurs produits d'appel à des prix supérieurs d'au moins 10% à ceux auxquels ils les ont achetés, et à cesser les ventes à perte.

L'Etat espère que la distribution pourra ainsi mieux rémunérer les producteurs issus des filières agricoles et aquacoles, qui étouffent et disparaissent, régulièrement rémunérés en dessous de leur prix de revient.

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Car paysans et producteurs sortent chaque année KO debout de la négociation rituelle des prix qui se tient d'octobre à fin février, face aux géants de l'agroalimentaire et surtout aux puissantes centrales d'achat de la distribution.

"Ce que je demande aux grandes surfaces, c'est de trouver moyen de répartir les marges différemment, de répartir les choses mieux, l'objectif est que les produits agricoles soient vendus à leur juste valeur", a dit le ministre.

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