Inflation : le patron de Système U met, lui aussi, la pression sur les industriels

Par latribune.fr  |   |  1007  mots
« Beaucoup d'industriels sont partis en vacances pendant les fêtes et on n'a vu personne. On était mobilisé, il faut que ça s'accélère », a déploré le patron de Système U sur BFMTV ce matin. (Crédits : Reuters)
Invité au micro de BFMTV ce mercredi matin, le PDG de l'enseigne de distribution alimentaire Système U a déploré l'« attentisme » de la part de certains agro-industriels sur les futures négociations commerciales. Au centre de celles-ci : la question des prix d'achat des denrées et l'inflation, toujours présente dans les rayons des supermarchés.

A quelques jours de la clôture des négociations commerciales annuelles, le ton est donné. Invité ce mercredi matin sur BMFTV, le patron de Système U, Dominique Schelcher, a déploré « beaucoup d'attentisme » de la part de certains agro-industriels.

« Le délai est plus court cette année et on pensait avoir une mobilisation plus forte », a ainsi regretté le PDG du 4e acteur de la distribution alimentaire en France.

« Beaucoup d'industriels sont partis en vacances pendant les fêtes et on n'a vu personne. On était mobilisé, il faut que ça s'accélère », les négociations devant s'achever au plus tard à la fin du mois.

« Pour certains grands industriels, on n'a même pas eu de premier rendez-vous », a encore affirmé Dominique Schelcher, avant de citer le nom de Danone. « Ce matin, on n'a pas encore vu Danone dans les discussions, les premiers rendez-vous ont été fixés maintenant ». Et d'ajouter : « La loi sous laquelle on discute actuellement est très favorable aux industriels et ils le savent. »

« Il y a aussi des bonnes nouvelles, on s'est mis d'accord avec Yoplait, Entremont, une coopérative importante en Bretagne qui s'appelle Laïta », a-t-il complété, évoquant un compromis sur « des hausses de prix raisonnables avec un prix du lait qui soit rémunérateur pour les producteurs ».

Le patron de l'enseigne E. Leclerc monte aussi au créneau

Sur un ton proche de son homologue de Système U, le patron des grandes surfaces E.Leclerc, invité mardi au micro de France 2, a exprimé sa détermination à faire baisser les prix dans ses magasins.

« On va aller chercher des poches de baisse de prix, on va aller casser la gueule à l'inflation, et on va arriver avec une inflation, je pense, - fin janvier, début février - qui sera au moins moitié moins que l'année dernière », a déclaré Michel-Edouard Leclerc.

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Le dirigeant a aussi assuré que les distributeurs, dont il est l'un des fers de lance, sont alliés pour demander aux industriels « de la déflation, de la baisse des prix, parce qu'ils se sont trop "sucrés" l'année dernière ». Et d'ajouter : « Beaucoup d'industriels demandent encore des hausses de 6 à 8% ». D'après lui, pour justifier cette hausse, les industriels mettraient en avant l'inflation du « prix du conditionnement ». Mais « il y a des marchés de matières premières comme ceux des céréales ou du café où cela a bien baissé ».

Des négociations commerciales qui promettent d'être tendues

Le gouvernement a avancé de quelques semaines cette année la date de clôture des négociations entre les supermarchés et leurs fournisseurs de l'agro-industrie, espérant que soient plus rapidement répercutées dans les rayons des supermarchés les baisses des coûts de certaines matières premières, par exemple le blé ou l'huile. Ces négociations déterminent les conditions de vente (prix d'achat, place en rayon, calendrier promotionnel...) d'une large part des produits vendus en grandes surfaces.

Elles s'achèvent habituellement au 1er mars, sauf cette année où elles doivent être conclues au plus tard le 15 janvier pour les fournisseurs réalisant moins de 350 millions d'euros de chiffre d'affaires, et au plus tard le 31 janvier pour les plus gros fournisseurs.

À l'heure actuelle, les discussions paraissent houleuses. « Tout le monde a des raisons de filer sa facture à l'autre, en aval », a déploré Michel-Edouard Leclerc mardi, pointant du doigt l'attitude des industriels. L'année passée, les représentants des industriels avaient prévenu qu'il ne fallait pas s'attendre à des baisses de prix massives ou généralisées, leurs coûts restant élevés.

Le gouvernement tente de se mobiliser

Pour rappel, les prix en rayon ont flambé de plus de 20% en moyenne dans l'alimentaire en deux ans. Et ce sur fond, d'une inflation galopante depuis la pandémie et le déclenchement de la guerre en Ukraine, qui ont fait flamber le prix de l'énergie en Europe et par voie de conséquence, ceux de certaines matières premières alimentaires (notamment des céréales très utilisées comme le blé). Aujourd'hui, cette tendance semble se calmer.

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Afin de juguler le phénomène, le gouvernement a tenté d'imposer un « panier anti-inflation » censé encourager la concurrence - déjà extrêmement forte - entre les enseignes de la grande distribution. En vain. Bercy avait donc fait appel en mars dernier à la bonne volonté des enseignes Carrefour, E.Leclerc ou Intermarché pour une opération commerciale intitulée « trimestre anti-inflation ». Le dispositif, qui avait été étendu jusqu'à la fin de l'année civile, consistait à vendre une sélection de produits laissée à leur discrétion, au « prix le plus bas possible ».

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Autre mesure avancée par l'exécutif, révélée ce mercredi par le média spécialisé LSA : un projet d'arrêté, à horizon du mois de mars 2024, contraignant les supermarchés à expliciter via l'étiquetage les cas de « shrinkflation » ou « réduflation », quand les quantités d'un produit sont réduites, avec un prix inchangé voire plus élevé. L'objectif est d'éviter quelques mauvaises surprises aux consommateurs, à défaut de pouvoir faire baisser les prix. Ce projet d'arrêté a été soumis pour avis à la Commission européenne, a indiqué à l'AFP de la ministre déléguée au Commerce Olivia Grégoire.

 (Avec AFP)