Négociations commerciales : les industriels réclament encore des hausses de prix, mais moindres qu'en 2023

Les prix demandés par les industriels de l'agro-alimentaire aux distributeurs pour 2024, dans le cadre des négociations commerciales, sont « plutôt à la hausse » selon leur représentant, l'Ilec. Mais tout de même moins qu'en 2023 où les demandes étaient « toutes en hausse et plutôt à deux chiffres ». La période des négociations se tiendra d'ailleurs plus tôt que d'ordinaire l'année prochaine, comme acté par le Parlement mardi, dans l'optique d'obtenir plus rapidement des baisses de prix en rayons.
Parmi les demandes de hausses de prix de la part des industriels, « à peu près un tiers » concernent des augmentations comprises « entre 0 et 3%, un tiers entre 3% et 5% ».
Parmi les demandes de hausses de prix de la part des industriels, « à peu près un tiers » concernent des augmentations comprises « entre 0 et 3%, un tiers entre 3% et 5% ». (Crédits : SARAH MEYSSONNIER)

Alors que l'inflation alimentaire est toujours élevée - bien que s'affichant en baisse à +7,8% en octobre, contre +9,7% en septembre - les prix en rayons devraient encore augmenter l'année prochaine. Dans le cadre des négociations commerciales pour 2024 avec les supermarchés, qui déterminent les conditions de vente (prix d'achat, place en rayon, calendrier promotionnel, etc.) pour l'ensemble de l'année, les industriels réclament en effet des hausses de prix.

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« Aujourd'hui, à peu près les deux tiers des industriels ont envoyé leurs demandes de tarifs aux distributeurs, qui vont donc servir de base à la négociation, et on est plutôt sur des tendances à la hausse », a ainsi confirmé ce mercredi 15 novembre Richard Panquiault, directeur général de l'Ilec (Institut de liaisons des entreprises de consommation), organisation qui porte la voix des plus gros industriels comme Nestlé, Danone ou encore Coca-Cola.

Parmi les demandes de hausses de prix de la part des industriels, « à peu près un tiers » concerne des augmentations comprises « entre 0 et 3%, un tiers entre 3% et 5%, et un tiers au-dessus de 5%. Sur 2023, on était sur 13%, 14%, 15% ». Il y a cependant « aussi » des demandes de tarifs en baisse, « ce qui est plutôt une bonne nouvelle, car en 2023 tout était en hausse », a-t-il nuancé.

Les matières premières particulièrement concernées

Le directeur général de l'Ilec a fait état d'une « tendance plutôt baissière sur un certain nombre de céréales, sur la viande de porc, la pâte à papier, le prix de l'énergie, les huiles végétales ». Une bonne nouvelle qui ne devrait pas compenser le reste.

Il y a « beaucoup plus (de matières premières) qui augmentent : le sucre, le cacao, la tomate, l'orange, le riz, l'huile d'olive, les pommes de terre, les noisettes... », a-t-il complété.

La faute au changement climatique. « Sur les matières premières agricoles, fondamentalement on va vers de l'inflation pour une raison dramatique liée au dérèglement climatique : vous observez que les récoltes sont mauvaises, partout », a-t-il développé. Ce mercredi, le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, a justement fait état de « plusieurs milliers d'hectares » de cultures de betterave à sucre qui « ne pourront pas être récoltées », à la suite des inondations dans le Pas-de-Calais. Le gouvernement a d'ailleurs annoncé débloquer un fonds de 80 millions d'euros en faveur des agriculteurs touchés par les intempéries.

Les raisons des demandes en hausses viennent aussi de « l'économie verte [...] et les investissements pour verdir les outils de production et l'activité », sans oublier « tout ce qui a trait aux salaires », a justifié le directeur général de l'Ilec.

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Feu vert pour avancer les négociations

Les négociations commerciales, qui se concluent traditionnellement le 1er mars, vont se tenir plus tôt que les années précédentes en 2024. Le Parlement a en effet donné son feu vert définitif mardi à l'avancement de quelques semaines de cette période de discussions cruciales et souvent tendue entre supermarchés et industriels. Concrètement, les entreprises dont le chiffre d'affaires annuel est inférieur à 350 millions d'euros devront boucler leurs négociations avec les supermarchés le 15 janvier et les plus grosses, multinationales ou géants de l'agro-industrie, le 31 janvier.

Cette mesure gouvernementale est censée lutter contre l'inflation des prix alimentaires. « Ce texte permettra de répercuter plus rapidement dans les rayons des baisses de prix de nombreux produits de consommation », a assuré le ministre délégué chargé du Numérique Jean-Noël Barrot mardi.

Une mesure qui va dans le bon sens aux yeux de la principale organisation des industriels de l'agro-alimentaire, l'Ania. « Tout ce qui peut accélérer la baisse du rythme de l'inflation va dans le bon sens », a indiqué mardi son président, Jean-Philippe André. De son côté l'Adepale, l'association représentant des PME et ETI de l'alimentation, estime que « rien ne permet aujourd'hui d'affirmer avec certitude que l'avancement des négociations conduira à une baisse des prix ».

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Les oppositions vent debout

Cette incertitude est aussi partagée par les oppositions. Si le texte a été adopté, toutes ont fustigé la proposition. « Votre gouvernement est en faillite politique », a lancé la députée LFI Mathilde Hignet qui a défendu en vain une motion de rejet. « Vous croyez que le marché va tout régler, que le renard va finir par serrer la patte de la poule », a-t-elle lancé, quand l'écologiste Delphine Batho a dénoncé « un texte d'impuissance ».

« Sans encadrement des marges nous continuerons texte après texte à brasser du vent », a grondé le patron des députés communistes André Chassaigne.

« Ce texte n'est pas à la hauteur des enjeux », a aussi critiqué le LR Jérôme Nury, même si la grande majorité de son groupe s'est abstenue, comme les députés RN et Liot. Le gouvernement, par la voix d'Olivia Grégoire, a par ailleurs annoncé vouloir lancer une « mission gouvernementale transpartisane pour réfléchir à la réforme du cadre global des négociations commerciales ».

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 15/11/2023 à 17:40
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"dans l'optique d'obtenir plus rapidement des baisses de prix" mais vu que des hausses sont demandées, ça ne risque pas de baisser. Ah si, par rapport à si ça avait augmenté plus ! :-) L'effet 'cliquet', voire marche d'escalier fait qu'une hausse s'...

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