Plan de départs volontaires : Carrefour supprime 2.400 postes en France

Par latribune.fr  |   |  777  mots
(Crédits : STEPHANE MAHE)
Carrefour a dévoilé mardi un vaste plan de transformation à l'horizon 2022 passant par des réductions de coûts avec un plan de départs volontaires en France de 2.400 personnes.

>> Papier en ligne le 23/01/2018 à 8h47 - Mise à jour à 11h02

Arrivé cet été à la tête de Carrefour, Alexandre Bompard joue gros mardi en annonçant un "plan de transformation" du géant de la distribution, contraint d'amorcer un virage stratégique qui pourrait entraîner de fortes réductions d'effectifs. Carrefour va supprimer 2.400 postes à son siège en France, qui en compte actuellement 10.500, via un plan de départ volontaires, a annoncé mardi le groupe qui veut accélérer dans le bio, le commerce en ligne et de proximité.

C'est en France, qui représente près de la moitié du chiffre d'affaires total du groupe (88,24 milliards d'euros) avec ses 115.000 personnes, que Carrefour est le plus exposé.

Les syndicats dénoncent la "méthode"

Les trois premiers syndicats de Carrefour ont dénoncé mardi la "méthode" du géant de la distribution qui a annoncé la suppression de 2.400 postes dans les sièges du groupe via un plan de départs volontaires, FO redoutant un plan "bien plus vaste".

Le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly s'est dit "inquiet" du risque d'une "restructuration assez lourde". "On n'acceptera pas qu'il y ait des licenciements secs", a-t-il prévenu sur BFM Business.

"Ce qu'on retient, c'est la méthode", il n'y a "pas de stratégie de discussion avec les partenaires sociaux", a déclaré à l'AFP Michel Enguelz (FO). "Que les salariés l'apprennent par la presse, c'est une erreur fondamentale", a renchéri Sylvain Macé (CFDT).

Même son de cloche à la CGT. C'est "un scandale de l'apprendre par la presse", a fustigé son représentant  Philippe Allard.

Outre la "rationalisation" des effectifs de ses sièges en France, l'enseigne a aussi annoncé une réduction des coûts de deux milliards d'euros dès 2020 en année pleine, notamment via des économies sur la logistique et les coûts de structure, ainsi qu'un projet de réduction de 273 magasins anciennement Dia.

Qualifiant d'"énorme" le plan annoncé sur les sièges, M. Enguelz s'est élevé contre la présentation de chiffres "morcelés, minimalistes", qui ne prennent "pas en compte" les centaines de postes (stations essence, administratif) déjà en suspens dans les hypermarchés, le passage en location-gérance de cinq hypermarchés et les ex magasins Dia, rachetés en novembre 2014 par Carrefour.

"On est sur quelque chose de bien plus vaste que ce qui est annoncé, Carrefour continue d'avancer masqué", a ajouté le représentant FO, premier syndicat du groupe.

Les ex magasins Dia comptent "en moyenne 10 salariés par magasin", a-t-il expliqué. Si des repreneurs ne sont pas trouvés, il y a la "possibilité de licenciements", craint Philippe Allard (CGT).

Quant au passage confirmé de cinq hypermarchés en location-gérance, c'est "bien une façon déguisée d'éliminer" des effectifs, a jugé M. Enguelz.

Les salariés de l'hypermarché de Château-Thierry (Aisne), concerné, sont d'ailleurs appelés à faire grève ce mardi par la CFDT pour dénoncer les "très lourdes conséquences sur la rémunération et le statut collectif" des employés, avec une perte de rémunération estimée à "deux mois par an".

Un comité de groupe France extraordinaire est convoqué vendredi.

Des investissements vers e-commerce alimentaire

Pour sortir le premier distributeur européen de l'ornière, la direction de Carrefour va simplifier l'organisation du groupe en rationalisant ses sièges en Ile-de-France. Il va aussi engager des réductions de coûts de 2,0 milliards d'euros dès 2020 en année pleine et va céder 273 magasins Dia.

Il entend aussi faire du groupe un acteur omnicanal "de référence", avec un investissement de 2,8 milliards d'euros dans le digital d'ici 2022 et un objectif de 5,0 milliards d'euros de chiffre d'affaires dans le e-commerce alimentaire en 2022.

Un accueil positif des marchés

L'action Carrefour décollait de près de 6%, mardi à la Bourse de Paris, les investisseurs accueillant favorablement le virage stratégique pris par le géant de la distribution qui prévoit notamment un plan de départs volontaires. À 9h50, le titre prenait 5,77% à 19,53 euros, dans un marché en hausse de 0,21%.

Entre 2015 et 2017, le groupe a subi une érosion de son cours de Bourse. Il est ainsi passé d'un plus haut le 10 avril à 32,80 euros en séance à un plus bas le 21 novembre 2017 à 16,47 euros, soit une baisse de près de 50%.

Les investisseurs accueillent positivement les investissements prévus dans le commerce en ligne, alors que le groupe, dans le sillage de la grande distribution américaine, doit faire face à des compétiteurs tels qu'Amazon et d'autres plateformes de distribution du type Fnac Darty.

(avec agences)