Les tables d'hôtes dans le collimateur des restaurateurs

Par latribune.fr  |   |  516  mots
"Le fait que les hôtes soient censés être présents autour de la table exclut toute forme d'industrialisation", selon les fondateurs de la plateforme VizEat.
Le syndicat national du secteur, le Synhorcat, a accusé vendredi ces initiatives de concurrencer la restauration traditionnelle en s'affranchissant de la loi. Il demande aux pouvoirs publics de mieux les encadrer.

Après les logements chez l'habitant, rendus populaires par des sites tels qu'Airbnb, c'est au tour des tables d'hôtes d'être accusées de violer les règles de la concurrence. Le Synhorcat, syndicat national des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et traiteurs, est monté au créneau contre ce marché en essor vendredi 4 septembre, à l'issue d'une rencontre avec la nouvelle secrétaire d'Etat chargée du Commerce et de la Consommation, Martine Pinville.

Selon le syndicat, ces "restaurants clandestins", qui proposent aux voyageurs de se faire "inviter" déjeuner ou dîner chez un habitant local, seraient désormais plus de 3.000 en France. Mais ils pourraient atteindre le nombre de 20.000 "dans 3 à 5 ans" si ce modèle suit le développement d'Airbnb et sans encadrement de ces pratiques, souligne le président du Synhorcat, Didier Chenet.

80 euros le menu

Or, ces initiatives sont déloyales aux yeux des restaurateurs.

"Nous vivons dans un monde de fous où les acteurs de l'économie traditionnelle de l'hôtellerie et de la restauration se voient imposer toujours plus de réglementations au nom de l'intérêt et de la protection du consommateur, alors que pendant ce temps les plateformes de l'économie collaborative nous concurrencent en s'affranchissant de la loi", dénonce l'organisation dans un communiqué.

Et ce d'autant plus que, selon le Synhorcat, il ne s'agit même plus de sharing economy dans ces cas.

"Pour un repas comprenant une entrée, un plat, un dessert, des alcools servis sur fond de musique, on trouve des offres à 80 euros sur des plateformes numériques. Nous ne sommes plus là dans un modèle de participation aux frais, mais bien dans un commerce qui s'affranchit totalement des questions de santé publique et de toute fiscalité et réglementation", souligne Didier Chenet.

C'est sur ce fondement que le syndicat demande à Martine Pinville un meilleur encadrement de ces offres par es services, afin d'aboutir à l'application à tous les acteurs  d'une réglementation équitable. Le syndicat réclame notamment "une déclaration systématique et obligatoire à l'administration ainsi qu'aux services fiscaux" de ces activités, ainsi que le "respect des règles existantes, notamment l'obligation de disposer d'une licence pour pouvoir vendre de l'alcool".

Une expérience "occasionnelle"

Interrogés par La Tribune au mois de février, les fondateurs de VizEat, plateforme comptant un millier d'hôtes et plus de dix-mille invités -et qui entretient par ailleurs des partenariats avec l'Office de tourisme de Paris et l'organisme de promotion de la France à l'étranger, Atout France- se montraient toutefois aussi sereins que rassurants. Tant que l'activité restera non professionnelle, la marge de manoeuvre du  législateur sera limitée, pariaient-ils, en soulignant:

"Nous n'interdirons pas à des professionnels de proposer des repas sur le site. Mais le fait que les hôtes soient censés être présents autour de la table exclut toute forme d'industrialisation".

S'adressant aux professionnels de la restauration, ils ajoutaient:

"L'expérience que nous offrons est par essence complémentaire de celle d'un restaurant ou d'un bistrot: les voyageurs continueront sans doute d'y recourir à de manière occasionnelle".