Drame du TGV chinois : comment Pékin fait taire les médias

Par latribune.fr  |   |  456  mots
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La catastrophe ferroviaire de Whenzou, qui a fait au moins 38 morts dans l'Est de la Chine, soulève à nouveau des questions sur la sécurité du réseau de trains, déjà émises par le gouvernement et la population chinoise. De son côté, Pékin semble vouloir museler la presse sur cet accident.

Samedi soir, trente-huit personnes ont trouvé la mort dans la collision de deux TGV à Whenzou, dans l'Est de la Chine. Alors qu'un premier train était immobilisé en raison d'une panne d'électricité, un second TGV est venu percuter l'arrière le train immobilisé. Quatre wagons ont été projetés en bas du viaduc où se trouvait le train. La Chine se trouve face à une remise en cause de la sûreté de son matériel ferroviaire ; cet accident pourrait influer sur les exportations de technologies.

Cet accident est le plus meurtrier en Chine depuis 2008. L'accident s'est produit un mois seulement après l'inauguration de la ligne à grande vitesse qui relie Shanghai à Pékin. Le cours des travaux a été également entaché par un scandale de pots-de-vins qui a abouti au limogeage de trois responsables des chemins de fer.  Le gouvernement chinois a annoncé, dimanche soir, que la ligne de TGV de 8.358 kilomètres allait faire l'objet d'une révision à grande échelle.

La catastrophe a confirmé de multiples doutes émis à propos de la sûreté des constructions sur la ligne qui a été mise en service avec un an d'avance. "Un accident d'une telle ampleur ne serait dû qu'à la météo et à des facteurs techniques? "Personne ne va le croire", a déclaré sur son microblog Cai Qi, un responsable de la province du Zhejiang, où se trouve Wenzhou, cité par le quotidien Xin Jingbao (Nouvelles de Pékin).

"Lorsque j'ai acheté un billet hier je me demandais si je n'aurais pas mieux fait de prendre un bus. J'ai finalement choisi le train parce que c'est plus rapide", a déclaré lundi un voyageur âgé de 47 ans, Yu Dabao, à la gare de Wenzhou. Il a précisé avoir "choisi un siège au milieu du train", rapporte l'AFP.

Pékin veut museler les médias sur l'accident ferroviaire

Les directives des autorités chinoises demandant aux journalistes de s'en tenir à la version officielle de l'accident ferroviaire de ce week-end suscitent un tollé dans l'opinion publique et des interrogations sur des informations contradictoires, comme le nombre des victimes. Le ministère de la propagande a publié dimanche des directives à l'intention des media pour la couverture de l'accident.

Selon une copie des directives du ministère publiée sur un site internet baptisé "ministère de la vérité", les directives gouvernementales ont pour mot d'ordre : "Ne posez pas de questions, ne cherchez pas à donner de détails".

Les journalistes des médias gouvernementaux qui en ont pris connaissance les ont confirmées à Reuters. Le ministère demande en outre aux médias de ne pas chercher à "élucider les causes de l'accident" tout en rappelant aux journalistes que "la version des autorités doit toujours prévaloir".