Quand la flambée du kérosène menace le transport aérien de faillites en cascade

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  409  mots
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L'association internationale du transport aérien (Iata) table sur un prix moyen du baril en 2012, non plus de 99 dollars comme prévu initialement, mais de 115 dollars. Et craint un pic à 150 dollars en cas de conflit en Iran qui ferait replonger le secteur dans le rouge.

« Avec un tel prix du kérosène, cela va tomber comme à gravellote ». C?est la certitude d?un très haut dirigeant d?une compagnie aérienne. Après les liquidations de Spanair et de Malev en début d?année, le transport aérien est menacé d?une vague de faillites à cause de l?envolée du prix du baril qui représente aujourd?hui plus du tiers des coûts de la plupart des transporteurs (beaucoup plus pour les low-cost). En Inde, Kingfisher Airlines est au plus mal.

Trois milliards de dollars de bénéfices espérés

Cette envolée ne va pas s?arrêter. Ce mardi, l?association internationale du transport aérien (Iata), dont les membres représentent 94% du trafic international mondial, a relevé très fortement ses prévisions de prix du baril pour l?année 2012. Ils devraient se situer en moyenne, non plus à 99 dollars comme prévu initialement en décembre dernier, mais à 115 dollars. Avec la crainte d?un pic à 150 dollars au deuxième semestre dans l?hypothèse d?un conflit avec l?Iran et la fermeture du détroit d?Ormuz. Des compagnies aériennes dans le monde "pourraient faire faillite", a déclaré mardi à Genève Tony Tyler, directeur général de l'Iata. Dans ce scénario, les compagnies perdraient collectivement 5 milliards de dollars, contre un bénéfice espéré de 3 milliards avec un baril à 115 dollars, légèrement abaissé de 500 millions par rapport aux précédentes prévisions.

Les compagnies européennes dans le rouge
Pour autant, même sans atteindre ce pic, la menace est réelle. Même à l?approche des vacances de Pâques et d?été dont les réservations apportent traditionnellement un matelas de cash. Surtout en Europe où les compagnies sont à la fois fragilisées par la morosité de l?économie et la concurrence des compagnies des pays tiers sur le long-courrier et des low-cost sur le moyen-courrier. Autant d?éléments qui empêchent bon nombre de transporteurs comme Air France d?augmenter ses prix pour répercuter la hausse du carburant au risque d?impacter le trafic qui reste encore relativement dynamique.
Selon l?Iata, les transporteurs européens seront les seules avec les transporteurs africains à perdre de l?argent en 2012 (600 millions), quand les acteurs américains (+900 millions), asiatiques (+1,7 milliard), sud-américains (100 millions) et du Moyen-Orient (+500 millions) vont dégager des profits.