Air France-KLM a perdu 6,6 millions d'euros par jour au premier trimestre, un record

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  600  mots
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Le groupe a publié ce vendredi une perte opérationnelle de 597 millions d'euros au premier trimestre. Jamais Air France-KLM n'avait affiché une telle perte au cours des trois premiers mois de l'année.

597 millions d?euros de pertes d?exploitation au premier trimestre, soit environ 6,6 millions d?euros de pertes par jour. C?est plus que les 510 millions attendus par les analystes. Et c?est surtout un record pour le groupe dirigé par Jean-Cyril Spinetta. Depuis sa création en 2004, jamais le groupe français n?a perdu autant au cours des trois premiers mois de l?année. Même en 2009, au pire moment de la crise qui avait suivi la chute de Lehman Brothers en septembre 2008.

Ces trois premiers mois de l'année correspondent depuis cette année au premier trimestre de l?exercice, et non plus au quatrième comme c?était le cas jusque là en raison de l'abandon d'un exercice décalé.
En 2011, Air France-KLM avait enregistré une perte opérationnelle de 403 millions entre janvier et mars. En 2010, elle était 497 millions et en 2009, en pleine crise, de 535 millions. Résultat, aucune amélioration en en trois ans, la situation est pire aujourd?hui, avec un chiffre d?affaires de 5,6 milliards (+ 6 % sur 2011), contre 5,06 milliards au cours des trois premiers mois de l?année 2009.
La cherté du prix du pétrole accentue les difficultés structurelles
Grosse différence entre les deux périodes. Au début de l?année 2009, les prix du pétrole étaient beaucoup plus bas qu?aujourd?hui. Du pic de 150 dollars le baril en juillet 2008, les cours s?étaient écroulés jusqu?à 44 dollars environ à fin 2008 pour remonter que progressivement début 2009. En 2012, le baril de brent a plutôt flirté avec les 120 dollars. Le kérosène accentue les difficultés structurelles d?Air France-KLM. La hausse de la recette unitaire de 5,6 % ne permet pas de compenser la hausse de la facture carburant, qui a progressé de 255 millions d'euros pour atteindre 1,68 milliard d'euros (+ 17,9 %) au premier trimestre.
Le groupe estime que la facture pétrolière annuelle va s?élever à plus de 7,5 milliards d?euros, en 2012, en hausse de 1,1 milliard d'euros par rapport à 2011. La direction table toujours sur une amélioration au second semestre et maintient ses objectifs pour l'année 2012, de stabiliser l?endettement net maximum de 6,5 milliards.
Nécessité de réussir le plan de restructuration
D?où la nécessité de la direction de réussir ses négociations d?ici à fin juin avec les syndicats dans le but de transformer les accords collectifs du personnel. Objectif augmenter la productivité et la flexibilité des personnels. "La refonte des accords collectifs est une nécessité absolue", a indiqué ce vendredi le directeur financier d?Air France-KLM, Philippe Calavia.
"Nous avons besoin d'une hausse de la productivité et de la flexibilité pour nous adapter (...) au changement de l'activité et à la saisonnalité, c'est donc une nécessité absolue pour nous et nous ne baisserons pas la garde, en tous cas personnellement je ne le ferai pas", a-t-il indiqué aux analystes. "Il y a trop en jeu pour le groupe". Pour la seule compagnie Air France espère revenir à l'équilibre en 2014.

Un plan social?
Jusqu?ici la direction n?a cessé de dire que tout serait fait pour éviter un plan social. Le syndicat Unsa du personnel navigant (PNC) a récemment avancé le nombre de 2.000 personnes sur un effectif global de 15.000 personnes. Ceci sur la base de l'augmentation de productivité et de la réduction des coûts recherchées par la direction.
Alors que chacun va de son chiffre de départs en interne, il est clair que les annonces de Lufthansa de supprimer 3.500 postes administratifs et de British Airways qui pourrait supprimer 1.200 postes, donnent des arguments à la direction d?Air France.