Les projets d'Air France dans le transport régional et le low-cost

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  749  mots
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Air France veut regrouper ses filiales régionales Britair, Regional et Airlinair au sein d'une même compagnie qui disposerait d'une centaine d'avions. Son capital serait ouvert à un investisseur. Côté low-cost, la direction veut plus que doubler la flotte de sa filiale Transavia d'ici à 2015-2016. Des annonces sont attendues ce jeudi à l'occasion d'un comité central d'entreprise.

Les intentions d'Air France pour redresser son activité moyen-courrier sont arrêtées. Si le redressement du groupe passe par une forte amélioration de la productivité du personnel d'Air France (extension du concept bases de province), il passe aussi par la mise en place d'un nouveau modèle pour les filiales régionales (qui exploitent des avions de 50 à 100 sièges) Britair, Regional et Airlinair ainsi que le fort développement de Transavia la filiale mi-charter-mi-low-cost.
Jeudi, en comité central d'entreprise (CCE), Alexandre de Juniac, PDG d'Air France, fera un point d'étapes sur l'avancée du plan Transform 2015. Parmi toutes les hypothèses de travail, il doit préciser celles retenues qui feront l'objet d'une négociation avec les syndicats. Ceci dans le but de présenter un nouveau projet industriel fin juin. Les mesures pourraient faire des vagues chez les salariés.
Ce pôle régional pèserait un milliard d'euros de chiffre d'affaires
Selon des sources concordantes, Air France a l'intention de regrouper sous une marque commune les compagnies régionales françaises Britair, Regional et Airlinair, en difficultés. Objectif : créer un « pôle régional unifié français beaucoup plus autonome d'Air France». « Une sorte de fusion au sens juridique et financier du terme », selon un connaisseur du dossier, même si les trois opérateurs conserveraient leur propre certificat de transport aérien (CTA). Un tel regroupement donnerait naissance à une compagnie qui pèserait un milliard d'euros de chiffre d'affaires pour une flotte d'une centaine d'avions et 3500 salariés. Elle serait pilotée par Lionel Guérin, actuel PDG d'Airlinair et de Transavia.


Une compagnie plus autonome vis-à-vis d'Air France
Surtout, Air France entend ouvrir le capital de cette nouvelle compagnie à un investisseur qui permettrait d'assurer le développement. Ce nouveau pôle régional serait beaucoup plus autonome vis à vis d'Air France que ne le sont trois compagnies aujourd'hui; une condition jugée nécessaire pour assurer sa croissance. Il conserverait néanmoins des liens très forts avec Air France.
Ainsi cette compagnie aurait deux activités : d'une part la location de ses avions (et de ses navigants) à Air France sur des lignes alimentant le hub de Roissy (à des tarifs d'affrètement revus à la baisse ). De l'autre, des vols réalisés sous sa propre marque sur des lignes de point-à-point à la fois domestiques et internationales essentiellement dans une logique d'aménagement du territoire. De fait, ce pôle régional reprendrait les fonctions commerciales et marketing (il aura un code de compagnie autre que le « AF » d'Air France) aujourd'hui logées au sein de la maison-mère.
Rien ne filtre sur le volet social de cette opération. Des économies seront nécessaires, ne serait-ce parce qu'Air France veut réduire la facture de l'alimentation du hub. Néanmoins, la volonté de développer l'activité semble marquée. In fine, cette nouvelle étape constituerait la fin du modèle régional d'Air France tel qui était imaginé au début des années 2000. Air France avait alors racheté Proteus et Regional Airlines, et misait sur la franchise. Aujourd'hui, l'heure est à l'autonomie. Sur un terrain de jeu où les low-cost ne sont pas présentes, il y a peut-être une carte à jouer.


Dans le low-cost, Transavia est appelée à se développer fortement
En plus de diriger ce nouveau pôle régional, Lionel Guérin continuera de piloter la compagnie à bas coûts, Transavia appelée à se développer fortement. Selon nos informations, la direction d'Air France a l'intention de faire passer la flotte d'avions de sa filiale de huit appareils aujourd'hui à vingt à l'horizon 2015-2016. Tous des Boeing B737 comme actuellement Transavia restera spécialisée sur des routes de point-à-point à dominante loisirs. Certaines pourraient être assurées par Transavia même si elles le sont déjà par Air France. En revanche, il devrait y avoir peu de transfert de lignes aujourd'hui exploitées par Air France à Transavia.

La direction necommente pas
De fait, le développement de Transavia constitue l'un des moyens d'absorber le sureffectif d'Air France. Celui-ci risque d'être important en raison des mesures de hausse de productivité prévues. Le nombre d'avions moyen-courriers d'Air France doit être en effet fortement réduit.
"Nous ne faisons aucun commentaire dans la mesure où nous présentons demain (jeudi) aux cadres et devant le comité central d'entreprise (CCE) la vision globale de notre entreprise", a déclaré à l'AFP un porte-parole de la compagnie française.