A l'assemblée d'Air France-KLM, c'était la fête à Gourgeon !

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  603  mots
Pierre-Henri Gourgeon, ex directeur général d'Air France Copyright Reuters
Les actionnaires ont rejeté la résolution accordant une prime de non-concurrence à l'ancien directeur général Pierre-Henri Gourgeon, malgré les explications du PDG du groupe Jean-Cyril Spinetta, qui a été un moment hué. Ce sujet a été omniprésent dans les débats de l'assemblée générale.

C'était un peu la Saint-Gourgeon ce jeudi au carrousel du Louvre à Paris pour l'assemblée générale d'Air France-KLM. L'ancien directeur général du groupe n'est certes plus dans l'entreprise depuis plus de sept mois, mais il n'a été question que de lui dans les propos des actionnaires qui ont voté contre sa prime de non-concurrence de 400.000 euros décidée par le conseil en octobre 2011, lorsqu'il fut contraint de démissionner à la suite d'une guerre des chefs avec Jean-Cyril Spinetta (lequel a parlé, ce jeudi, d'une démission « imprévisible »).

Ce vote négatif, le PDG d'Air France-KLM, Jean-Cyril Spinetta l'attendait. Il avait ouvert l'assemblée en pronostiquant son rejet après l'annonce la veille d'Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, que l'Etat, principal actionnaire du groupe aérien, voterait contre cette résolution. Jean-Cyril Spinetta a pourtant tout tenté pour justifier cette décision. Il a assuré que cette clause avait « été décidée de manière raisonnable, à bon droit et avait protégé l'entreprise », alors que Pierre-Henri Gourgeon avait été contacté après son départ par plusieurs compagnies, dont une du Golfe.

Modification du système des retraites chapeau
Jean-Cyril Spinetta a aussi précisé qu'une telle clause n'était pas « inhabituelle dans les grands groupes » et que malgré un rejet de l'assemblée, Pierre-Henri Gourgeon n'était pas obligé de rembourser la somme perçue. Il s'est engagé à ce que lui-même ne bénéficie pas d'une telle clause quand il quittera le groupe en 2014. Enfin, il a aussi annoncé que les jetons de présence des administrateurs allaient être divisés par deux en 2012, que le système de retraites chapeaux allaient être revus, que les 58 premiers cadres d'Air France avaient vu leurs salaires baisser de 17%, que le PDG d'Air France Alexandre de Juniac avait pris l'engagement de recevoir cette année que la moitié de sa part variable. Rien n'y fit. Peut être pour la première fois depuis la création d'Air France-KLM, Jean-Cyril Spinetta a été, à un moment, hué par les actionnaires quand il a fait remarquer que la clause de non-concurrence de Pierre-Henri Gourgeon était en retrait en termes de durée (3 ans) par rapport aux préconisations du code de Afep Medef (2 ans).

Le sujet de la retraite chapeau soulevée

«Vous avez parlé sur le plan juridique, moi je parle sur le plan de la morale. Je suis choqué. Comment peut-on accepter qu'on puisse demander de telles sommes pour se conduire en honnête homme », s'est insurgé un actionnaire, en faisant référence aux propositions reçues par Pierre-Henri Gourgeon de compagnies aériennes concurrentes. Jean-Cyril Spinetta a répondu qu'il était néanmoins convaincu que l'ancien directeur général » ne serait pas allé chez un concurrent ».

Un autre point à été soulevé par un autre, Sylvain Chazal, salarié-actionnaire d'Air France et délégué Unsa. Il concerne la compatibilité de l'indemnité de départ avec la retraite chapeau dont Pierre-Henri Gourgeon bénéficie depuis son départ de l'entreprise.

Pour argumenter Sylvain Chazal a cité le code Afep Medef qui précise que « le versement d'indemnités de départ à un dirigeant mandataire social doit être exclu s'il quitte à son initiative la société pour exercer de nouvelles fonctions, (...) ou s'il a la possibilité de faire valoir à brève échéance ses droits à la retraite ». « On ne comprend pas ce mercantilisme, cela nous choque », a-t-il ajouté sous les applaudissements. Jean-Cyril Spinetta a indiqué qu'il avait déjà répondu sur le sujet, et a pris acte de ce « point de vue respectable ».