La réforme ferroviaire "entre dans le dur" : grève à la SNCF le 13 juin

Par F.G. (avec AFP)  |   |  690  mots
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Alors que le ministre des Transports doit s'exprimer mercredi sur cette réforme (un projet de loi devrait être déposé en juillet) à l'issue du conseil des ministres, les syndicats de cheminots ont déposé un préavis de grève pour le 13 juin.

 Les syndicats de cheminots font monter la pression. La CGT, UNSA, Sud-Rail et CFDT ont déposé un préavis de grève pour le 13 juin "dans un contexte où la réforme du système ferroviaire annoncée par le gouvernement suscite inquiétude et vigilance des cheminots", selon le communiqué de l'intersyndicale. Ils s'opposent « aux premières préconisations" des rapports remis au gouvernement en avril par Jean-Louis Bianco et Jacques Auxiette sur "la réforme du système ferroviaire français" et "la place des régions dans le système ferroviaire". Le préavis, assorti de l'ensemble des revendications de l'intersyndicale, porte sur la période allant du mercredi 12 juin à 19H00 au vendredi 14 juin à 8H00.

"Prenez en compte nos propositions"
"Nos fédérations interpellent le gouvernement pour qu'il prenne en compte nos propositions pour construire un projet de loi répondant aux besoins de la nation et des usagers à partir d'une entreprise ferroviaire publique intégrée, la SNCF, seule capable de répondre aux enjeux de sécurité, d'aménagement du territoire et d'égalité de traitement", précise le communiqué.


La réforme engagée par le gouvernement doit permettre de juguler en dix ans une spirale de l'endettement qui atteint aujourd'hui les 30 milliards d'euros. Pour ce faire, il est prévu de rassembler au sein d'un gestionnaire d'infrastructure intégré (GIU) Réseau ferré de France (RFF), la Direction de la circulation ferroviaire (entité de la SNCF) et les cheminots de la SNCF travaillant à la maintenance du réseau (SNCF Infra). Ce GIU, qui sera rattaché à la SNCF au sein d'un pôle public ferroviaire, doit permettre de supprimer notamment les redondances d'activités.
Les économies devraient également venir des efforts conjugués du nouveau gestionnaire du réseau et de la SNCF en matière de productivité, selon le rapport de Jean-Louis Bianco, ancien ministre PS des Transports. Selon les syndicats, la direction de la SNCF qui les a reçus le 22 mai "s'est arc-boutée sur une posture de refus" face aux revendications des représentants des cheminots.

Critiques du PDG d'Eurotunnel
Pour des raisons complètement opposées, le rapport Bianco suscite des critiques de la part de certains opérateurs privés. Ce mardi, dans un entretien accordé à la Lettre ferroviaire, le PDG du groupe Eurotunnel, Jacques Gounon, a estimé que le rapport Bianco prônait une "stratégie totalement publique" sans prendre en compte l'ouverture du secteur à la concurrence. « Quelle est la place laissée au marché ? On est en droit de se poser la question lorsque l'on voit que sur les 54 administrateurs chargés de la gestion des trois EPIC du pôle public, les opérateurs privés ne sont représentés que par trois personnes", a-t-il déclaré. Et de préciser : "à l'évidence, la stratégie ferroviaire proposée par Jean-Louis Bianco est une stratégie totalement publique qui ne prend pas en compte les nouveaux entrants", a-t-il déploré, appelant également à un renforcement des pouvoirs de l'Autorité de régulation des activités ferroviaires (Araf).

Pas d'harmonisation du cadre social
Par ailleurs, en ce qui concerne la mise en place d'un cadre social harmonisé entre tous les intervenants du secteur, Jacques Gounon a plaidé pour que "les conventions respectent les spécificités et les dimensions des uns et des autres". "Standardiser tout sur le modèle de la SNCF reviendrait tout simplement à bloquer toute concurrence en France, au détriment des chargeurs et des consommateurs, donc au détriment de l'emploi", a-t-il prévenu.

Le patron d'Eurotunnel a également critiqué le monopole de SNCF Infra pour l'entretien des voies ferrées françaises. "Nous avons remporté 7 appels d'offres sur 7 pour la maintenance des voies ferrées des ports, en concurrence frontale avec d'autres opérateurs et notamment SNCF Infra", a expliqué Jacques Gounon. "Si cette dernière entité n'avait pas le monopole de l'entretien des voies en France, nous pourrions accélérer notre développement et les travaux seraient réalisés de manière plus efficace encore sur certaines parties du réseau national français", a-t-il assuré