Air France-KLM prêt à sauver Alitalia... mais sous conditions

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  599  mots
Air France-KLM pose des conditions très lourdes pour aider Alitalia
Air France-KLM doit trancher ce lundi sur sa participation ou pas à une augmentation de capital d'Alitalia. Le groupe est prêt à monter jusqu'à 50% de la compagnie italienne mais fixe au préalable des conditions très dures.

Entre deux comités centraux d'entreprise (CCE) sur les nouvelles mesures d'économies de sa filiale Air France, Air France-KLM est rattrapé par un dossier stratégique majeur : sauver ou pas Alitalia, dans laquelle le groupe français détient 25% aux côtés de plusieurs industriels italiens, une nouvelle fois au bord du gouffre. Des difficultés qui risquent de nécessiter une augmentation de capital, alors que la banque italienne Leonardo cherche des solutions pour recapitaliser la compagnie italienne. En juillet, la compagnie italienne avait fait état d'un besoin de 300 millions d'euros. Un ordre de grandeur qui reste toujours valable aujourd'hui.

Selon nos informations, confirmant celles de Bloomberg, un conseil d'administration du groupe se réunira lundi 23 septembre pour définir une position. Un conseil d'Alitalia est également prévu fin septembre pour faire le point sur la situation.

 Trois scénarios

Trois possibilités. Soit Air France-KLM ne participe pas à l'augmentation de capital, soit elle la suit à la hauteur de sa participation, soit davantage mais avec des conditions très dures. Selon nos informations, Air France-KLM est prêt à monter jusqu'à 50% du capital d'Alitalia. Pour le reste, des investisseurs institutionnels italiens et (ou) des industriels pourraient compléter l'opération.

La direction d'Alitalia est en contact avec Etihad, la compagnie d'Abou Dhabi, partenaire commercial d'Air France-KLM et d'Alitalia. Le PDG du transporteur italien, Gabriele de Torchio, a rencontré récemment de représentants d'Etihad.

Trois conditions

Si Air France-KLM est prêt monter jusqu'à 50%, le groupe demande néanmoins des prérequis très lourds. Pas question en effet de reprendre la dette d'Alitalia (un milliard d'euros). Le groupe français, déjà fortement endetté, ne peut l'absorber. L'objectif principal de son plan de restructuration Transform 2015 est effet de réduire de deux milliards d'euros sa dette entre 2012 et 2015, à 4,5 milliards.

Air France-KLM demande par ailleurs que la restructuration industrielle d'Alitalia soit financée au préalable. Visiblement, la taille du réseau prévu dans le dernier plan industriel présenté fin juillet par la direction, est jugé trop ambitieuse. Dernier point, le groupe français veut disposer enfin d'une plus grande influence dans la gestion de la compagnie dans certains domaines.

 Le sujet divise

Si ces conditions sont réunies, le PDG d'Air France-KLM, Alexandre de Juniac, pas très chaud sur ce dossier il y a quelques mois, serait aujourd'hui partant. Encore faudra-t-il convaincre le conseil d'administration. En février dernier, lorsqu'il avait fallu se prononcer sur le prêt à accorder à Alitalia, le sujet avait suscité l'étonnement et l'agacement d'un grand nombre d'administrateurs. Le sujet divise aussi bien chez Air France que chez KLM.

L'enjeu est clair. L'ancien PDG d'Air France-KLM, Jean-Cyril Spinetta l'avait défini en mai dernier lors de l'assemblée générale du groupe : "Air France-KLM doit décider si pour renforcer sa présence en Italie, il a besoin d'Alitalia ou s'il peut le faire avec ses propres moyens. C'est comme ça que le problème doit être posé". Partisan depuis des années d'un rapprochement avec la compagnie italienne, il estime qu'Air France-KLM ne doit pas perdre pied sur le quatrième marché européen, sur lequel Lufthansa est très puissant.

Pour autant, sans même parler du risque d'exécution, le timing tombe très mal. Si Air France-KLM devait franchir le Rubicon, il sera en effet compliqué de demander des efforts supplémentaires aux salariés d'Air France et de dépenser dans le même temps de l'argent pour sauver une compagnie italienne, aux abois.

Lire ici : Pourquoi Alitalia ne gagne jamais d'argent