Pourquoi les taxis font grève lundi

Par Mounia Van de Casteele  |   |  583  mots
Selon l'AFP, les organisateurs attendraient un millier de taxis (salariés) en région parisienne, et plus de 5.000 selon France Info. Ce qui reviendrait à une mobilisation de moins d'un chauffeur de taxi sur trois, le nombre de licences étant d'un peu plus de 17.000 à Paris.
Une minorité de taxis manifeste à Paris ce lundi pour protester contre la hausse de la TVA et la concurrence, selon eux déloyale, des véhicules de tourisme avec chauffeurs. Il s'agit des taxis salariés.

Opération escargot. Une partie des taxis bloque les rues de la capitale ce lundi, répondant à l'appel à la grève des cinq syndicats de chauffeurs de taxis (CFDT, CGT, FO, SDCTP et CST) à Paris et dans plusieurs grandes villes pour défendre leur emploi, menacé selon eux par la "concurrence déloyale" des voitures avec chauffeur.

Deux cortèges se dirigent vers les Invalides. Le rendez-vous avait été fixé à 6 heures ce matin aux aéroports parisiens de Roissy et Orly. Des rassemblements ont également été annoncés à Marseille, Bordeaux, Montpellier et Lyon.

Environ un taxi sur 3 en grève

Selon l'AFP, les organisateurs attendaient un millier de taxis en région parisienne, et plus de 5.000 selon France Info. Ce qui représente moins d'un chauffeur de taxi sur trois, le nombre de licences étant d'un peu plus de 17.000 à Paris. La police, elle, avançait le chiffre de 600. Pour l'heure, selon l'AFP, "plusieurs centaines" de véhicules étaient rassemblés ce matin à Orly et Roissy.

Mais attention, il y a taxi et taxi. En effet ceux qui sont appelés à manifester lundi sont les taxis salariés. Les artisans, eux, ne seront pas de la partie. "Nous n'avons pas les mêmes revendications", explique-t-on à la Fédération nationale des artisans du taxi. Ceux-ci ont ainsi adressé un courrier à Jean-Marc Ayrault, fixant un ultimatum au 15 janvier. Ils attendent donc la réponse du gouvernement avant d'agir. 

Contre la hausse de la TVA

Parmi les motifs de la grogne des taxis: le relèvement de la TVA sur les transports de 7 à 10% au 1er janvier. Aussi les syndicats réclament-ils un retour à une taxation à 5,5%.

Mais surtout, le principal sujet d'"exaspération" est la prolifération des voitures de tourisme avec chauffeurs (VTC). Mi-2013, on recensait dans l'hexagone près de 5.300 entreprises de VTC exploitant plus de 9.800 véhicules, tandis que le nombre de taxis dépasse les 50.000. Dans leur tract, ils dénoncent les "multinationales du VTC", "véritable lobby qui détruit nos emplois". Selon Nordine Dahmane, secrétaire général de FO-taxis cité par l'AFP, "la coupe est pleine".

La concurrence des VTC jugée "déloyale"

Sans signalétique lumineuse, ces véhicules peuvent être réservés pour une course mais n'ont en théorie pas le droit de prendre des passagers à la volée dans la rue. Les taxis les accusent d'opérer sans réservation, notamment aux sorties des aéroports, et dénoncent par conséquent une concurrence déloyale.

Cependant, pour calmer les fédérations patronales de taxis, un décret impose depuis le 1er janvier aux VTC un délai de 15 minutes entre la réservation et la prise en charge. Mais cet arbitrage du gouvernement n'a pas suffi à calmer les syndicats, qui réclament une réglementation plus stricte (course minimum de 60 euros, délai de 30 minutes entre réservation et prise en charge, gel des licences).

Le problème des tarifs

De l'autre côté, les sociétés de VTC (Uber, Chauffeur-prive.com, etc.) sont vent debout contre le décret. Certaines ont même saisi le Conseil d'Etat, à l'instar d'AlloCab.com.

Reste que pour le directeur général de Taxiloc, le délai de 15 minutes est un "faux débat". Le problème vient surtout de la fixation des tarifs. A cet égard, l'intersyndicale demande d'ailleurs l'ouverture d'une "négociation nationale" sur les conditions tarifaires, concernant notamment le transport des malades, en partie opéré par les taxis.