Le gouvernement comprend la grogne des contrôleurs aériens

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  618  mots
Un préavis de grève a été déposé du 27 au 31 janvier contre le projet de Bruxelles de baisser les coûts du contrôle aérien. Le directeur de la DGAC a lui aussi dénoncé les objectifs "déraisonnables" de performance de Bruxelles élaborés "sans travail sérieux". Pour autant, il espère convaincre les syndicats de lever le préavis.

Compliqué de négocier avec des gens du même avis. C'est pourtant l'exercice délicat auxquels vont se livrer le gouvernement et la direction générale de l'aviation civile (DGAC) pour convaincre les syndicats de la navigation aérienne, en particulier le plus important d'entre eux, le SNCTA, de lever le préavis de grève déposé pour la période du 27 au 31 janvier prochain. Car s'ils condamnent la grève, ils comprennent et soutiennent les motivations des syndicats. Comme eux, ils dénoncent les objectifs de performances demandés par Bruxelles aux contrôles aériens des pays membres de l'Union européenne : une baisse de 20% du montant des redevances de routes entre 2014 et 2019 (une réunion le 4 février doit entériner les objectifs de performances). Ceci alors qu'au contraire, le besoin d'augmenter les recettes pour financer la modernisation du système français est jugé nécessaire. 

"Le gouvernement n'est pas en désaccord avec les syndicats sur l'objectif de la grève", a déclaré ce mardi Patrick Gandil, le directeur de la Direction générale de l'aviation civile, lors de l'assemblée générale du Board Airlines Representative (BAR), l'association des compagnies aériennes étrangères en France et dans laquelle Air France est également présente.

"Les chiffres de la Commission pour la fixation des objectifs de performances sont déraisonnables. Ils ont été élaborés sans travail réellement sérieux, sans tenir compte des nécessités des investissements à réaliser dans le cadre du projet Sesar, qui absorbe 80% des investissements", a expliqué Patrick Gandil.

Lancé par Bruxelles, le projet Sesar vise à mettre en place une norme européenne de contrôle aérien dans le but d'avoir une convergence des différents systèmes en vigueur en Europe d'ici à 2030.

1.600 postes menacés

Selon le directeur de la DGAC, si la France veut maintenir le rythme de ses investissements pour rénover son système de contrôle aérien le projet de Bruxelles engendrera la suppression de 1.600 emplois au sein des effectifs de la navigation aérienne, qui s'élève à environ 10.000 personnes. Une crise sociale majeure que veut évidemment éviter le gouvernement. Au-delà, le gouvernement est conscient de la nécessiter d'investir pour rattraper le retard pris par rapport à nos voisins européens. 

Investissements lourds

"Certains de nos systèmes datent des années 1990. Certains sont encore plus anciens", explique Patrick Gandil qui chiffre à 200 à 250 millions d'euros par an les besoins d'investissement à réaliser pendant quatre ans. Pour lui, il faut un réajustement des prix des redevances de navigation vers le haut. Pas question de toucher aux contrôleurs, qui ont vu leur salaire bloqué pendant quatre ans et qui sont, malgré leur salaire élevé (8.000 euros net par mois au sommet de la carrière) "moins bien payés que leurs homologues européens alors que leur temps de travail est comparable". 

60 à 70% du trafic devrait passer 

 Des réunions de conciliation vont se tenir jeudi pour tenter de dégripper la situation.  "J'espère que nous arriverons à faire lever ce préavis car le gouvernement a une position forte, mais le drame c'est que les syndicats demandent des positions encore plus fermes, explique Patrick Gandil. Tout le jeu d'équilibriste sera de calmer les syndicats tout en ayant la paix avec Bruxelles. "Ce qui n'est pas évident", reconnaît Patrick Gandil.

En cas de grève forte du SNCTA (la CGT a quant à elle appelé à une journée d'action le 30 janvier), le contrôle aérien sera en service minimum. Ce qui, en raison de la faiblesse du trafic en cette période de basse saison, devrait permettre de faire passer "60 à 70% du trafic".