CDG Express : pas de taxes s'il y a 8 millions de clients

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  479  mots
Selon RFF, il faudrait que CDG Express attire 8 millions de passagers, soit 2 millions de plus que les prévisions initiales, pour boucler le financement sans besoin de trouver des ressources complémentaires comme une taxe sur les compagnies aériennes.

Les compagnies aériennes sont sur le qui-vive, Air France en particulier. Si elles se réjouissent de la relance du projet CDG Express, cette liaison directe entre le centre de Paris et l'aéroport de Roissy Charles de Gaulle prévue pour 2023, elles s'élèvent contre l'éventualité d'une nouvelle taxe sur le transport aérien (un euro sur chaque passager départ et arrivée) pour permettre de boucler le financement de ce projet dont le coût est évalué à 1,7 milliard d'euros. 

"Si d'autres sources de financement devaient être trouvées, elles ne doivent pas peser sur les compagnes aériennes qui, dans un contexte de crise, sont soumises à une forte concurrence internationale", avait déclarée Air France la semaine derrière lors de l'annonce de la reprise du projet par le ministre des transports, Frédéric Cuvillier.

Le projet est bon

Pour RFF, le gestionnaire du réseau ferré français, appelé à constituer avec Aéroports de Paris (ADP) le gestionnaire d'infrastructure de CDG Express, "le projet est bon". "Néanmoins, les recettes commerciales ne suffisent pas. Nous avons une difficulté pour boucler le financement", a expliqué Alain Quinet, le directeur général délégué de Réseau Ferré de France (RFF), à l'occasion de son séminaire de presse du gestionnaire du réseau ferroviaire français, mercredi à Genève. Et de préciser : "le trafic et les péages perçus auprès de l'exploitant de cette ligne permettra de couvrir les ¾ des cash flows nécessaires pour payer la construction, l'entretien et les intérêts".

6 millions de passagers en 2023
Pour son président, Jacques Rapoport,  "le sujet est de savoir qui paye les 40 millions d'euros par an" qu'il reste à trouver . Pour autant, aujourd'hui, la relance du projet se base sur des études de trafic et de prix du ticket qui datent de plusieurs années, du temps des précédents projets. Elles tablent sur un trafic annuel de 6 millions de passagers à l'ouverture de la ligne en 2023, avec un prix du billet plein tarif de 24 euros.

Pour éviter d'avoir besoin à des recettes complémentaires, il faudrait "8 millions de passagers dès la première année d'exploitation", estime Alain Quinet. Pour peaufiner, les études RFF et Aéroports de Paris vont créer une société d'études.

Les estimations de trafic sont toujours un exercice délicat. Car en réalité, elles dépendent de plusieurs facteurs aujourd'hui inconnues à l'heure où on les réalise: quel sera le trafic global dans dix ans?, quelle sera la conjoncture?  Quelle sera la stratégie de croissance du groupe Air France-KLM, laquelle dépendra de sa santé de financière ? Quelle sera l'évolution des redevances aéroportuaires ? Quelle sera la politique de droits de trafic de la France vis-à-vis des compagnies à forte croissance comme les transporteurs du Moyen-Orient…