Air France : les pilotes s'étranglent de l'éloge d'Easyjet fait par le ministre des transports

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  566  mots
Alors que Frédéric Cuvillier a déclaré se réjouir du développement de la compagnie à bas coûts, le syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) d'Air France a jugé ces propos "scandaleux' et demande sa démission.

"Easyjet est une belle compagnie. J'ai plaisir d'entendre que son développement en France va être amplifié". En découvrant les propos élogieux du ministre des transports, Frédéric Cuvillier, tenus mercredi à l'égard de la compagnie low-cost, le syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) d'Air France a vu rouge. Si la compagnie française n'a pas fait de commentaire, le SNPL est, quant à lui, monté au créneau en demandant carrément la "démission du ministre", lequel a "officialisé"au ministère des transports une commande de 135 Airbus.

"Nous jugeons ces propos scandaleux et provocants » de la part d'un ministre qui semble avoir oublié quel était son rôle et celui de l'Etat", a déclaré Jean-Louis Barber, le président du SNPL?

L'Etat actionnaire d'Airbus et d'Air France-KLM

Du côté du ministère, on rappelé que Frédéric Cuvillier est le ministre de la construction aéronautique. Le ministre avait déclaré mercredi à La Tribune qu'il fallait voir dans événement au ministère des transports "l'Etat qui conforte Airbus", dont il est actionnaire comme Air France-KLM.

Mercredi dernier, Alain Battisti, le président de la Fédération nationale de l'aviation marchande (Fnam) avait déjà dénoncé les propos du ministre des transports.

"C'est choquant de célébrer la réussite d'une compagnie étrangère qui se bat avec des armes que nous n'avons pas en termes de compétitivité, alors qu'on refuse de nous mettre à niveau en termes de compétitivité", avait-il déclaré.

"Pas un hasard s'il n'y a pas de low-cost française"

"Malgré la sortie d'un rapport il y a bientôt un an, concluant à la mortalité du transport aérien français, Monsieur Cuvillier n'a jamais œuvré à créer les conditions d'une concurrence équitable. Il choisit au contraire et en dépit du bon sens d'augmenter encore les taxes qui pèsent sur les compagnies aériennes françaises", a ajouté Jean-Louis Barber

Les pilotes demandent que soient créées les conditions permettant à Air France d'accéder "à ce marché plébiscité par les clients (celui des vols à bas prix avec des services pour séduire la clientèle affaires, ndlr ". Cela passe par un rééquilibrage des richesses dans le secteur, en particulier celles d'Aéroports de Paris. "Air France est une variable d'ajustement entre les profits d'ADP et ceux d'Airbus". "Ce n'est pas un hasard s'il n'y a pas de low-cost française", a-t-il ajouté.

Il n'empêche, si les pilotes ont été choqué par les propos de Frédéric Cuvillier, Easyjet est effectivement une belle compagnie. Focalisé sur la clientèle affaires, son modèle est extrêmement pertinent. "J'ai un peu l'impression que l'on incombe à Easyjet toutes les difficultés d'Air France", explique un proche de la compagnie low-cost. "Il y a un bon nombre de lignes où Easyjet n'est pas présente et sur lesquelles Air France est en difficulté".

Grève des pilotes

Quant aux pilotes, leur attitude interpelle aussi en interne. Le dépôt d'un préavis d'un mois de grève d'un mois en mai (déposé par le SNPL national) a, en effet, fortement interloqué chez Air France, alors que la compagnie et l'ensemble du pavillon français sont en difficulté. Certes, cette grève n'aura probablement pas lieu, mais son préavis aura pesé sur la qualité des réservations.