Accident de Brétigny : un rapport accable la SNCF

Par latribune.fr  |   |  470  mots
Vu l'état des voies lors du passage de l'Intercité, l'accident était "inévitable", selon Robert Hazan, l'auteur du rapport. /Reuters
Plus du tiers des boulons du tronçon en cause dans l'accident ferroviaire étaient défectueux ou manquants, selon un premier rapport indépendant remis aux juges chargés de l'enquête. La qualité de la maintenance des voies est sérieusement remise en cause.

Ce n'est pas un, mais trois boulons qui ont entraîné le basculement de l'Intercité Paris-Limoges le 12 juillet dernier. C'est la conclusion à laquelle en est arrivé l'expert judiciaire Robert Hazan, chargé par la justice d'enquêter sur les raisons d'un drame qui a tué sept personnes et fait 32 blessés, dans son rapport révélé par Le Parisien.

Plus d'un tiers des boulons des rails en mauvais état

Selon ce premier rapport indépendant, rendu en février aux juges chargés de l'enquête et dévoilé près d'un an après la catastrophe, celle-ci est bien le résultat du basculement d'une éclisse, cette pièce qui permet de relier deux rails au niveau du système d'aiguillage en pivotant autour de son boulon. Mais les manquements dans la maintenance du réseau ne s'arrêtent pas à la pièce en cause dans l'accident.

L'expert judiciaire avait en effet demandé à ce que le tronçon en cause soit entièrement découpé afin qu'il soit examiné. Le constat est sans appel : sur les 154 boulons contrôlés, 59, soit plus d'un tiers, étaient desserrés, cassés, ou carrément absents, révèle le quotidien. Le rapport évoque aussi une grave défaillance au niveau des attaches de rails, censées les maintenir au sol. Sur les 92 attaches examinées, une était absente.

La charge de l'auteur du rapport contre la SNCF est violente, raconte Le Parisien. Selon lui, vu l'état des voies lors du passage de l'Intercité, l'accident était "inévitable". Or le rapport réalisé par les techniciens de la SNCF dans les mois qui ont précédé l'accident et dont Robert Hazan a pu se procurer une copie ne révèle aucune défaillance.

"Les moyens donnés à la maintenance ont diminué"

Un technicien de la compagnie ferroviaire interrogé par La Parisien ne cache pas que la voie est en mauvais état. Mais "ce n'est pour cela que la voie est dangereuse," tempère-t-il. "Un boulon manquant ne fait pas dérailler un train. Et puis rien ne dit que ces boulons ne se soient pas détachés suite à l'accident," minimise l'homme, sous couvert d'anonymat.

Mais "il ne faut pas se voiler la face. On sait que les moyens donnés à la maintenance ont diminué ces dernières années", déplore le technicien.

Contactée par le journal, la SNCF, n'ayant pas eu connaissance du document, n'a pas souhaité le commenter. Mais elle a expliqué avoir créé une "commission d'experts sur le boulonnage", en mars dernier. Dix jours après l'accident, la compagnie avait remis un rapport à la justice révélant qu'au moins un boulon sur l'éclisse en cause manquait.

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