Grève SNCM : l'ultime espoir des collectivités locales

Par Adeline Descamps  |   |  804  mots
S'ils acceptent le moratoire, les grévistes devront se remettre au travail. | Terzian
Les collectivités locales proposent un moratoire de quatre mois minimum qui met la SNCM à l'abri d'un dépôt de bilan. Elles espèrent surtout remettre tout le monde au travail.

La Ville de Marseille, la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole et le Conseil général des Bouches-du-Rhône ont proposé un moratoire de quatre mois minimum pour mettre la SNCM à l'abri du dépôt de bilan. Dans une période importante pour l'économie de la région, cette demande - en échange d'une reprise de travail a le mérite - fait valoir dans un communiqué diffusé ce 7 juillet en fin de matinée :

" Geler toute démarche de mise en œuvre, de procédure de sauvegarde ou de redressement judiciaire, afin de permettre aux professionnels, dont certains sont des acteurs importants de l'économie régionale, de finaliser un projet de reprise cohérent, respectant l'emploi, l'activité économique et privilégiant l'investissement et l'acquisition de nouveaux navires plus adaptés à l'activité". 

Reste à savoir si, dans un contexte hautement  inflammable, la proposition des élus marseillais sera de nature à lever tous les verrous alors que les syndicats ont rendez-vous ce lundi en préfecture de région à Marseille avec le médiateur nommé par le  gouvernement la semaine dernière, Gilles Bélier.

 
Louis Gallois et Gilles Bédier, en premières lignes

Cette proposition collective fait suite à une semaine de crise, amorcée avec la venue, il y a une semaine le lundi 30 juin, de Frédéric Cuvillier, qui devait échanger avec l'intersyndicale par visioconférence et qui avait finalement fait le déplacement. Un échange qui s'était soldé par d'énièmes annonces : la nomination de Gilles Bélier, vice-président du conseil d'orientation de l'emploi, comme médiateur dans le dossier tandis que l'ancien patron d'Airbus et de la SNCF, ancien commissaire général à l'investissement et actuel président du conseil de surveillance de PSA, Louis Gallois, était désigné pour établir un plan stratégique de soutien aux compagnies de transport maritime françaises. 


Conseil de surveillance le 15 juillet

L'annonce avait été faite en amont de la tenue d'une assemblée générale des actionnaires, qui devait être suivie d'un conseil de surveillance le 2 juillet et qui devait avaliser le remplacement de l'actuel président du Conseil de surveillance Gérard Couturier par Jérôme Nanty,  secrétaire général de Transdev. Faute de quorum - un seul des cinq administrateurs de Transdev était présent mais aucun des trois représentants de l'État -, le conseil de surveillance a été ajourné au 15 juillet.

Redressement judiciaire enfin clairement énoncé

Dans ce contexte particulièrement électrique (des manifestants corses s'en sont pris la semaine dernière aux grévistes du Jean Nicoli, qui a été contraint d'appareiller en urgence de Porto Vecchio, où il était immobilisé depuis le 24 juin), l'entretien accordé à La Provence ce samedi 5 juillet par le secrétaire d'État aux Transports n'a pas aidé à calmer le jeu. Pourtant, l'État, actionnaire à 25 % de la SNCM,  assumait enfin un discours de vérité : "la voie du redressement judiciaire" comme "seul moyen pour redonner un avenir à la SNCM". 

Actes illégaux et réquisition du port 

Localement, les réactions se déchaînement face aux "entraves et blocages" que subissent la desserte de la Corse et l'économie de la croisière, dont les navires sont aujourd'hui déroutés vers des ports concurrents.

 "Depuis le début de la grève SNCM, on évalue à 30 000 passagers la perte pour le port de Marseille. Une prolongation de cette paralysie serait donc catastrophique, les services portuaires, les entreprises de transport routier spécialisés sur cette destination, les manutentionnaires, etc...D'ores et déjà, 18 escales de croisière ont été annulées, représentant 37 100 passagers, et une perte de 6,2 M€."

Dans un communiqué conjoint, l'Union maritime et fluviale Marseille-Fos (UMF) - qui se bat depuis quelques années pour pour récupérer le trafic perdu du fait de la réforme portuaire - l'UPE 13 (le Medef local), le Cruise Club Marseille Provence et la Chambre de commerce et d'Industrie Marseille Provence, demandent à "l'État de rétablir la libre circulation des biens et des personnes dans l'espace public portuaire".


Efforts ruinés

Les représentants des milieux économiques rappellent :

"Les retombées économiques annuelles de la Corse sur le territoire s'établissent à 225 millions d'euros et à 1 500 emplois et à 164 millions d'euros et 1 000 emplois pour la croisière." 

En moins de deux décennies, Marseille est entré dans le cénacle des ports de croisière au million de passagers. Et en un an, le port phocéen, qui a engrangé une croissance de 33 % en 2013, est passé de la 9e à la 6e place, derrière Barcelone, Civitavecchia, Venise, les îles Baléares et le Pirée, reléguant Naples à la 7e place dans le Top 10 des ports de croisières méditerranéens selon MedCruise, l'association des ports méditerranéens de croisière.