SNCM : les syndicats exigent d'être reçus à Matignon

Par latribune.fr  |   |  847  mots
"Le blocage des navires et les violences sur les ports sont inacceptables et ne permettront pas de débloquer la situation", a déclaré mercredi le chef du gouvernement lors de la séance des questions à l'Assemblée nationale. (Photo : Reuters)
Ce jeudi, des acteurs de la vie économique en Corse sont conviés à Matignon par Manuel Valls. Les syndicats souhaitent eux aussi discuter directement avec le chef du gouvernement.

Manuel Valls reçoit les acteurs de l'économie corse. Les syndicats de la SNCM veulent la même faveur. Les premiers, en colère en raison de la grève qui dure depuis le 24 juin, sont officiellement attendus à Matignon ce jeudi. 

Les seconds ont demandé à être également reçus indique un responsable de la CGT. Déjà, dans la matinée, en signe de bonne volonté, le Kalliste, navire de La Méridionale maintenu à quai dans le port de Marseille depuis le 1er juillet devrait être débloqué.

D'autres réunions à venir

"Nous sommes en capacité de proposer une reprise du travail", a pour sa part déclaré devant la presse le secrétaire général de la CGT de la SNCM, Jean-François Simmarano, mercredi.  Des Assemblées générales des salariés doivent également avoir lieu ce jeudi.  "L'intersyndicale doit se réunir dans la soirée", a cependant déclaré un autre responsable de la CGT.  

Optimiste,  le secrétaire d'Etat aux Transports Frédéric Cuvillier a estimé dans une courte déclaration transmise en fin de soirée mercredi à l'AFP que:

 "Toutes les conditions d'une sortie de crise semblent ce soir réunies"

Trésorerie assurée jusqu'à la fin de l'année

En effet, comme les syndicats le souhaitaient, "la question du redressement judiciaire est écartée jusqu'à la fin de l'année", a indiqué à ses côtés le délégué CFE-CGC des officiers, Pierre Maupoint de Vandeul.

Ce moratoire doit durer quatre mois, jusqu'à fin octobre temps qui doit être mis à profit pour une "médiation" afin de rechercher une solution de restructuration et organiser un nouvel actionnariat.

Frérot défend la solution du redressement

Mais, pour Veolia, actionnaire à travers Transdev - de la Société nationale Corse Méditerranée, le redressement judiciaire reste la meilleure option. Le PDG de Veolia Environnement Antoine Frérot a déclaré sur BFM Business: 

"Il n'y a qu'une seule solution pour sauver la liaison entre Marseille et la Corse, et cette solution elle passe par un redressement judiciaire, la constitution d'une nouvelle société pour effacer les amendes de Bruxelles"

"De mon point de vue, se mettre sous la protection du tribunal de commerce le plus rapidement possible est la meilleure solution"

Veolia veut bien céder sa part pour 1 euro

Antoine Frérot a en outre confirmé que Veolia de sa participation dans la SNCM pour un euro symbolique, en abandonnant les comptes courants d'une centaine de millions d'euros.

La trésorerie de la SNCM est assurée jusqu'à la fin de l'année, grâce aux 60 millions d'euros de prime d'assurance du navire avarié Napoléon Bonaparte, que les actionnaires voulaient initialement garder sous séquestre pour financer un nouveau plan social, ont précisé les syndicats.

Les professionnels demandent le déblocage de la situation

En Corse, où l'économie commence à être sérieusement affectée par la grève de l'opérateur historique des liaisons entre l'île et le continent, des acteurs du monde économique corse se sont réunis mercredi, dans le calme, à Bastia pour dénoncer l'incapacité de l'État à mettre fin au conflit.

A l'appel des syndicats d'hôteliers, restaurateurs, limonadiers, des transporteurs et des Chambres de commerce, des métiers et d'agriculture, quelque 500 personnes, dont des élus et des dirigeants politiques, selon les journalistes sur place, se sont rassemblées dans le calme devant la préfecture de Haute-Corse.

Les professionnels demandent aux pouvoirs publics de débloquer un navire de la Méridionale (seule autre compagnie à opérer entre Marseille et la Corse), le Kallisté, bloqué depuis plus d'une semaine à Marseille par les marins CGT de la SNCM, et la sécurisation d'un quai permettant à la compagnie de reprendre ses rotations.

Fermeté de Valls contre les grévistes

Manuel Valls a affiché mardi soir sur TF1 sa fermeté à l'égard des grévistes, les appelant à cesser la grève dans une compagnie "en danger de mort" pour laquelle il a défendu la mise en redressement judiciaire.

"Le blocage des navires et les violences sur les ports sont inacceptables et ne permettront pas de débloquer la situation", a par ailleurs déclaré  mercredi le chef du gouvernement lors de la séance des questions à l'Assemblée nationale.

Ce mouvement de grève "remet en cause la survie même de l'entreprise et la survie même de l'économie corse", a estimé Manuel Valls, et "j'entends parfaitement l'exaspération des milieux économiques corses".

Transdev pourrait céder sa participation pour 1 euro symbolique

Menées sous l'égide du médiateur gouvernemental Gilles Bélier, les négociations entre l'État, Transdev, l'actionnaire majoritaire de la SNCM, et l'intersyndicale de la compagnie maritime étaient toujours au point mort mercredi, au 16e jour de la grève. Même si le groupe Veolia serait prêt à céder pour un euro la participation au capital de la SNCM détenue par Transdev, selon une source proche du dossier mentionnée par l'AFP.

(Article créé le 10/07/14 à 07:25, mis à jour à 10:16)