Thello vient titiller la SNCF en PACA

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  601  mots
Albert Alday, directeur général de Thello
La filiale du groupe italien Trenitalia (67%) et du Français Transdev (33%), a ouvert ce jeudi les ventes de sa nouvelle liaison Marseille-Nice-Monaco-Gênes-Milan qui débutera mi-décembre. Inquiète pour ses TER, la Région PACA s'oppose à la commercialisation des trajets entre villes françaises.

Moment de vérité pour Thello en région PACA (Provence-Alpes-Côte-d'Azur). Plus d'un mois après avoir annoncé l'ouverture de la ligne Marseille-Nice-Monaco-Gênes-Milan, la seule compagnie ferroviaire privée sur les lignes internationales du réseau français, filiale du groupe italien Trenitalia (67%) et du Français Transdev (33%), a ouvert ce jeudi les ventes de cette nouvelle liaison, dont l'exploitation débutera le 14 décembre à raison d'un aller-retour par jour. Les prix en seconde classe oscillent entre 30 et 70 euros pour Marseille-Milan et entre 15 et 45 euros entre Nice et Milan.

"Depuis 2009, il n'y a plus de service ferroviaire direct entre la Côte d'Azur et le nord de l'Italie. Avec le potentiel économique de la Lombardie, l'attractivité de la Riviera des deux côtés de la frontière, les liens historiques ..., il y a un marché et une opportunité de croissance pour nous", explique Albert Alday, le directeur général de Thello.

Nice-Milan, le coeur de cible

C'est un segment particulier de cette nouvelle ligne qui constitue la priorité de l'entreprise franco-italienne, avec bien entendu les villes à proximité comme Menton, Monaco, Antibes ou Cannes. Trois aller-retour par jour sont prévus à partir d'avril 2015 entre Nice et Milan avec un temps de parcours de 4h40 entre les deux villes au prix de 15 à 45 euros l'aller simple en seconde classe.

"Sur ces trois aller-retour, un seul sera prolongé sur Toulon et Marseille, c'est celui qui débutera le 14 décembre 2014", explique Albert Alday. La durée du trajet Marseille-Milan (7h20) constitue un handicap.

Un concurrent du TER?

Ce prolongement suscite la controverse. Si le gendarme du rail, l'Araf, l'autorité de régulation des activités ferroviaires a donné son feu vert, son avis a en effet fait l'objet d'un recours au Conseil d'Etat par le Conseil régional de PACA, inquiet pour l'équilibre économique de ses TER exploités par la SNCF. Un argument que conteste Thello.

«Notre objectif n'est pas d'entrer en concurrence avec le TER. C'est d'ailleurs un marché protégé par un cadre réglementaire », explique à La Tribune Albert Alday. «Nous avons le droit de faire du cabotage et nous allons essayer de le faire de manière intelligente. Selon nos prévisions, le chiffre d'affaires réalisé en cabotage ne dépassera pas 5% de l'ensemble de nos ventes sur l'ensemble de la ligne. C'est marginal», ajoute-il.

Cabotage

Pour rappel, le marché du transport ferroviaire de voyageurs en France est fermé à la concurrence. En revanche, le cabotage est permis depuis la libéralisation des lignes internationales ne 2009 et les entreprises ferroviaires qui assurent des liaisons internationales ont le droit de commercialiser des liaisons intérieures à condition que la part de chiffre d'affaires ne dépasse pas le tiers du chiffre d'affaires de la ligne, que son trafic ne dépasse pas le quart du trafic total et que la longueur totale de la ligne internationale soit supérieure d'un quart à la plus longue desserte nationale.

Réservations sur les trajets domestiques fermées

Pour l'heure, les réservations pour des trajets entre les neuf gares françaises ne sont donc pas ouvertes. Thello tend la main à la Région.

"Le cabotage est un complément d'offre qui fait sens. Il y a des trous dans l'offre des TER".

Thello est disposé à vendre de la capacité à la Région. Faute d'accord avec la Région, les voyageurs TER ne pourront pas utiliser les trains Thello avec leur abonnement, contrairement à l'autre côté de la frontière: "du côté italien, nous avons repris des accords antérieurs entre la région Ligurie, la région Lombardie et Trenitalia".