Pompili annonce l'abandon du T4, le colossal projet d'extension de Roissy CDG, les acteurs de l'aérien réagissent

Par AFP  |   |  952  mots
Ce chantier colossal du "T4", destiné à augmenter la capacités aéroportuaires de Roissy CDG de 40 millions de passagers par an et dont le coût était estimé entre 7 et 9 milliards d'euros, était contesté par nombre d'associations de défense de l'environnement et d'élus locaux. Barbara Pompili a annoncé ce jeudi qu'il ne sera donc pas lancé. (Crédits : DR)
Avec ce "T4", Roissy CDG aurait pu augmenter sa capacité aéroportuaire de 40 millions de passagers par an, mais la ministre de la Transition écologique a demandé au groupe ADP, dont l'Etat est l'actionnaire majoritaire, "d'abandonner son projet", estimant que le "T4" est "un projet obsolète, qui ne correspondait plus à la politique environnementale du gouvernement et aux exigences d'un secteur en pleine mutation, tourné vers l'avion vert de demain". Saisissant la balle au bond, une coalition d'acteurs, dont ADP, lancent un appel pour préparer les infrastructures à l'arrivée de l'avion à hydrogène et relever le défi de la décarbonation du transport aérien.

Le gouvernement a décidé d'abandonner le projet controversé d'extension de l'aéroport parisien de Roissy-Charles de Gaulle, "obsolète" à l'heure de la lutte contre le réchauffement climatique, a annoncé jeudi la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili au journal Le Monde.

Le gouvernement a demandé au gestionnaire des aéroports de Paris, Groupe ADP, dont l'Etat est l'actionnaire majoritaire, "d'abandonner son projet et de lui en présenter un nouveau, plus cohérent avec ses objectifs de lutte contre le changement climatique et de protection de l'environnement", a déclaré Mme Pompili au quotidien.

Alors que ce projet passait par la construction à l'horizon 2037 d'un quatrième terminal pour augmenter la capacité de l'équipement de 40 millions de passagers par an, Mme Pompili a estimé que "c'est un projet obsolète, qui ne correspondait plus à la politique environnementale du gouvernement et aux exigences d'un secteur en pleine mutation, tourné vers l'avion vert de demain".

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Un chantier colossal et contesté

Ce chantier colossal au coût estimé entre 7 et 9 milliards d'euros, repoussoir de nombre d'associations de défense de l'environnement et d'élus locaux, ne sera donc pas lancé.

Selon Le Monde, "le gouvernement demande désormais à Groupe ADP de proposer un tout autre projet, qui ne sera pas centré sur l'accroissement des capacités de Roissy".

"Nous aurons toujours besoin des avions, mais il s'agit d'être dans une utilisation plus raisonnée de l'aérien, et d'atteindre une baisse des émissions de gaz à effet de serre du secteur", selon Mme Pompili.

Pour autant, le projet ne ferme pas complètement la porte à une augmentation de capacités à moyen terme, si le projet ne dépasse pas l'emprise actuelle de l'aéroport et n'entraîne pas de hausse des émissions de gaz à effet de serre.

Loi climat : le gouvernement critiqué pour son manque d'ambition

Cette annonce intervient au lendemain de la présentation par le gouvernement de son projet de loi "climat et résilience" issu des propositions de la Convention citoyenne pour le climat, un texte vivement critiqué pour son "manque de muscle" par une partie de la gauche et des ONG.

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Le projet du nouveau terminal "T4" avait déjà subi un revers en juillet 2020 lorsque l'Autorité environnementale avait constaté que "l'équation à résoudre" entre l'augmentation des vols, de la circulation routière et le respect des objectifs internationaux de la France en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre n'était "pas décrite ni posée de manière complète".

Le coup de bambou de la crise sanitaire sur le trafic aérien mondial

La crise sanitaire mondiale, qui a réduit le trafic aérien à la portion congrue, a en outre jeté le doute sur la validité des projections sur l'accroissement continu des flux de voyageurs et donc la nécessité d'adapter les infrastructures.

"Les extensions de capacité à Roissy aujourd'hui paraissent être un pari audacieux", avait alors jugé le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari.

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Les acteurs de l'aérien rebondissent en anticipant l'avion à hydrogène

Ce même jeudi, saisissant la balle au bond, une alliance d'acteurs, dont ADP, a lancé un appel à manifestation d'intérêt (AMI) inédit pour "explorer les opportunités offertes par l'hydrogène sur les aéroports franciliens". L'appel à candidatures est ouvert dès aujourd'hui 11 février et sera clos le 19 mars 2021. Les projets sont à déposer via le site h2hubairport.com et ceux qui seront retenus seront annoncés fin avril.

Les auteurs de cet AMI sont la Région Île-de-France, Choose Paris Region, le Groupe ADP, Air France-KLM et Airbus, une alliance d'acteurs tous intéressés à contribuer à l'attractivité de la France et particulièrement de la Région Île-de-France.

Leur appel à manifestation d'intérêt s'inscrit dans le contexte de la stratégie de transition énergétique engagée en France et appuyée par la Commission Européenne, qui va se poursuivre avec l'arrivée de l'avion zéro-émission annoncée pour 2035 et qui permettra de "relever le défi de la décarbonation des activités du transport aérien".

L'ambition partagée par ces cinq partenaires est de bâtir "un écosystème aéroportuaire puissant et à fédérer, autour de l'hydrogène, des grands groupes, des ETI/PME, des start-ups, ainsi que le monde académique et celui de la recherche".

Voici les trois grandes thématiques de cet AMI qui vise à transformer les aéroports parisiens en véritables "hubs hydrogène" :

  • le stockage, le transport et la distribution de l'hydrogène (gazeux et liquide) en milieu aéroportuaire (systèmes de stockage, micro-liquéfaction, avitaillement des avions, etc.) ;
  • la diversification des usages de l'hydrogène dans les domaines aéroportuaire et aéronautique (véhicules et engins d'assistance en escale, transports ferrés sur les aéroports, alimentation énergétique de bâtiments ou d'avions lors des opérations en escale, etc.) ;
  • l'économie circulaire autour de l'hydrogène (récupération de l'hydrogène dissipé lors d'un avitaillement en hydrogène liquide, valorisation d'un co-produit d'une réaction en vue de produire de l'hydrogène décarboné, etc.).