
En entrant ce week-end dans la saison hiver aéronautique, le transport aérien s'enfonce dans un long tunnel dont il espère voir le bout au printemps. Le trafic aérien s'écroule en effet avec la deuxième vague de la pandémie de Covid-19, et certains acteurs du secteur, comme ADP, n'envisagent pas de reprise avant la saison d'été 2021, qui commencera fin mars-début avril.
"Nous n'espérons pas de reprise du trafic avant fin mars", a expliqué ce vendredi Philippe Pascal, le directeur général adjoint Finances, Stratégie et Administration d'ADP, lors d'une conférence avec des analystes financiers.
Après une petite reprise cet été, le trafic à Paris accuse en effet une baisse de 75% depuis septembre, poussant le groupe aéroportuaire à revoir à la baisse ses hypothèses de trafic en 2020. ADP ne table plus sur une baisse de trafic de 63% par rapport à 2019, mais sur un recul compris entre 65% et 70%. Résultat, la prévision de chiffre d'affaires est également revue.
"Notre prévision pour le chiffre d'affaires consolidé pour l'année 2020 est en conséquence située dans une fourchette de - 2,3 à - 2,6 milliards d'euros par rapport à 2019", a ajouté le PDG du groupe, Augustin de Romanet, dans un communiqué.
Orly fait mieux que Roissy !
Face à cette deuxième vague, ADP s'apprête à fermer de nouvelles infrastructures au cours des prochaines semaines, tant à Roissy-Charles de Gaulle qu'à Orly, alors que les capacités ouvertes sont déjà limitées aux terminaux 2E (porte K), 2F et 2C pour CDG, et aux zones 3 et 4 pour Orly.
"La baisse de trafic est forte. Nous devons adapter toutes nos infrastructures pour baisser nos coûts entre aujourd'hui et fin mars pour attendre la reprise", a indiqué Philippe Pascal.
Si la fermeture d'un hall a été évoquée à Orly, pas question néanmoins pour ADP de fermer complètement l'aéroport comme ce fut le cas au printemps pendant la période du confinement. A l'heure où le peu de trafic qui résiste encore se concentre sur les vols intérieurs et l'Outre-Mer, Orly, dont une partie importante de son activité est centrée sur ces axes, tire davantage son épingle du jeu que Roissy, spécialisé sur les vols internationaux et les vols en correspondance. La semaine dernière, le trafic d'Orly a même dépassé celui de Roissy, a indiqué Philippe Pascal, alors que l'aéroport du sud francilien accueillait près de deux fois moins de passagers avant la crise. Aujourd'hui, explique le directeur financier du groupe, le trafic global d'ADP à Paris serait plus faible si Orly était fermé. La situation de Roissy-Charles de Gaulle à plus de 30 kilomètres au nord de Paris dissuaderait, selon lui, tous les passagers du sud et de l'est parisien qui constituent le coeur du marché de la capitale.
L'effet positif sur le trafic des tests antigéniques est attendu l'été prochain
Prévus d'ici à fin octobre, les tests antigéniques dans les aéroports pour les passagers au départ ne permettront pas de relancer le trafic à court terme. Ses effets positifs sur le trafic sont espérés l'été prochain, a expliqué Philippe Pascal. Il faut en effet convaincre d'ici-là les autres pays de reconnaître ce type de tests qui, s'ils ont l'immense avantage de donner un résultat en 20 minutes, ne sont pas aussi fiables que les tests PCR, lesquels font aujourd'hui foi à l'étranger, à condition qu'il soit réalisé 48 ou 72 heures avant le départ. Problème, les longues files d'attente dans les laboratoires et la durée parfois tardive de la délivrance des résultats dissuadent les passagers de prendre l'avion. Aussi, si les tests antigéniques seront une bonne chose pour les vols vers les DOM TOM, ADP bataille pour pouvoir effectuer des tests PCR à Roissy. Un partenariat avec un laboratoire a été noué pour les mettre en place. Cette solution, qui doit être validée par les autorités sanitaires, permettrait de garantir aux passagers un test avant le départ. Elle resterait néanmoins contraignante puisqu'elle nécessiterait de se déplacer à l'aéroport quelques jours avant le vol.
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