Aéroports de Paris refuse les contrôles à l'entrée de la zone publique

Par latribune.fr  |   |  537  mots
Sur France Inter, le Pdg d'Aéroports de Paris, Augustin de Romanet, a expliqué les dangers liés à la mise en place de contrôles supplémentaires du public en amont de la zone d'embarquement. (Photo: un soldat français en patrouille à Roissy-Charles-de-Gaulle, le 23 mars 2016 : au lendemain de l'attentat à l'aéroport de Bruxelles du 22 mars, la France déployait 1.600 policiers et gendarmes supplémentaires pour renforcer drastiquement la sécurité de ses transports publics.)
Augustin de Romanet, patron d'ADP, ne se contente pas du cliché selon lequel "la sécurité totale n'existe pas", il explique pourquoi il s'oppose à la mise en place de dispositifs de filtrage en amont de la zone d'embarquement, y compris des check-points comme en Israël pour sécuriser l'aéroport Ben Gourion de Tel Aviv.

Après l'agression, samedi, d'une militaire à l'aéroport d'Orly qui s'est conclue par la mort de l'assaillant, abattu par un des membres de la patrouille, le Pdg d'Aéroports de Paris (ADP), Augustin de Romanet, est revenu ce lundi 20 mars sur la question de la sûreté des infrastructures aéroportuaires, devenues une des cibles privilégiées des groupes terroristes.

S'exprimant au micro de France Inter, l'une des remarques les plus contre-intuitives du patron d'ADP concerne sa préconisation de ne pas mettre en place de fouilles à l'entrée des zones "publiques", c'est-à-dire les zones librement accessibles, comme par exemple les parcs de stationnement, les zones d'accueil, les voieries extérieures...

"Il ne faut pas de contrôles dans les zones publiques", a ainsi déclaré Augustin de Romanet.

Quand le remède est pire que le mal

En effet, selon lui, de tels contrôles dans la zone publique créeraient des files d'attente et donc des "cibles à l'extérieur de l'aéroport".

"La sécurité totale n'existe pas", a-t-il également affirmé

Mais le patron d'ADP ne s'est pas contenté de ce truisme. Lui qui s'est rendu en octobre en Israël pour étudier les mesures de sécurité mises en place à l'aéroport Ben Gourion à Tel Aviv, a expliqué sur France Inter pourquoi la méthode israélienne des "check-points placés à 5 ou 6 km de l'aéroport" n'était "pas réalisable en l'état actuel" dans les aéroports parisiens.

Pourquoi la méthode israélienne ne peut s'appliquer à la France

En effet, il y a une différence véritablement de taille, a souligné le Pdg d'ADP : l'aéroport Ben Gourion accueille "moins de 6 millions de passagers par an" contre 66 millions à Roissy-Charles-de-Gaulle et 30 millions à Orly. De fait, avec un tel trafic, ces points de contrôle routier sur le chemin des aéroports provoqueraient d'énormes embouteillages. Et, comme pour les files d'attente provoquées par les contrôles piétons dans la zone publique, ces goulets d'étranglement dans le flux du public pourraient créer de nouvelles cibles pour des entreprises terroristes. Bref, on ne ferait que déplacer -sinon aggraver- le problème.

La reconnaissance faciale, une méthode encore trop bridée ?

Alors, y a-t-il une vraie solution ? Pour Augustin de Romanet, elle viendra "à terme" de la reconnaissance faciale dans les aéroports, à condition toutefois qu'elle permette d'identifier les personnes fichées comme dangereuses. En effet, à l'aéroport d'Orly, où sont déjà installées 2.000 caméras, la reconnaissance faciale est déjà pratiquée. Mais seulement "pour faciliter la rapidité du passage aux frontières (...), pas pour détecter les personnes jugées dangereuses", a rappelé le Pdg d'ADP.

La technique de reconnaissance faciale, popularisée par nombre de séries TV ou de films policiers, établit une connexion entre le visage fiché et les images prises par une caméra de surveillance.

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>POUR ALLER PLUS LOIN :

(avec AFP)