Air France : Frédéric Gagey ne sera plus PDG

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  695  mots
Frédéric Gagey a pris les fonctions de PDG d'Air France en juillet 2013
A moins de 15 jours du conseil d'administration d'Air France-KLM le 2 novembre, au cours duquel le nouveau plan stratégique sera présenté, Jean-Marc Janaillac, le PDG d'Air France-KLM a pris la décision de changer la gouvernance d'Air France. Frédéric Gagey ne sera plus PDG. Jean-Marc Janaillac en sera le président et un directeur général va être nommé.

Moins de quatre mois après son arrivée à la tête d'Air France-KLM, Jean-Marc Janaillac a pris, selon nos informations confirmant celles de La Lettre A, la décision de retirer la présidence et la direction générale d'Air France à Frédéric Gagey. La décision doit être annoncée le 3 novembre au comité central d'entreprise (CCE) d'Air France en même temps que la présentation du nouveau plan stratégique, lequel aura été dévoilé la veille aux administrateurs d'Air France-KLM.

Décision sans surprise

Elle est sans surprise, tant il apparaissait inconcevable de repartir sur un round de négociations avec les syndicats de pilotes et d'hôtesses et de stewards avec celui qui n'était pas parvenu à trouver une issue jusqu'ici. Même si on ne peut mettre sur le dos de Frédéric Gagey l'échec de ces négociations dans la mesure où les syndicats refusaient de mettre en place des mesures améliorant la compétitivité de la compagnie, son maintien à la tête d'Air France semblait condamner les négociations qui vont s'ouvrir à partir de la présentation du plan stratégique, si tant est qu'elles ont une chance d'aboutir en générant des économies suffisantes pour assurer l'avenir de la compagnie.

Double casquette pour Janaillac

Frédéric Gagey devrait rester dans le groupe. Jean-Marc Janaillac lui a proposé d'occuper la fonction de directeur financier d'Air France-KLM, à la place de Pierre-François Riolacci qui a annoncé en juillet sa démission.

Qui pour le remplacer ? Déjà, il n'y aura pas de changement poste pour poste. Jean-Marc Janaillac devrait, en plus de ses fonctions de PDG d'Air France-KLM, prendre la présidence d'Air France. De fait, celui qui remplacera Frédéric Gagey ne sera pas PDG mais directeur général. Un schéma que souhaitait d'ailleurs instaurer Alexandre de Juniac, sans y parvenir. Et qui ressemble par certains côtés à celui mis en place en 2009 quand Jean-Cyril Spinetta, jusqu'ici PDG d'Air France-KLM et d'Air France, n'avait conservé que la présidence des deux entités en confiant la direction générale du groupe et d'Air France à Pierre-Henri Gourgeon. A la différence près que Jean-Marc Janaillac conservera la fonction de PDG d'Air France-KLM.

Le choix de la personne occupant ce ce poste de DG n'est pas arrêté. Plusieurs noms circulent. Notamment ceux de Lionel Guérin, directeur général délégué de HOP Air France et de Franck Terner, directeur général adjoint Engineering et Maintenance d'Air France-KLM, mais aussi de Nathalie Stubler (PDG de Transavia) et d'Alain Bernard, directeur général adjoint en charge du moyen-courrier.

Mission impossible?

Dans tous les cas, la tâche ne sera pas une partie de plaisir puisqu'il faudra appliquer les décisions du nouveau plan stratégique annoncé début novembre. Et notamment de négocier d'ici à février avec les syndicats de navigants des mesures d'amélioration de la performance de la compagnie permettant de réaliser les objectifs stratégiques décidés début novembre. Si Jean-Marc Janaillac a jusqu'ici réussi à calmer les tensions sociales dans le groupe, celles-ci risquent en effet de repartir de plus belle quand les sujets qui fâchent seront à nouveau sur la table : comment finance-t-on la croissance ? Comment finance-t-on les nouveaux avions qui doivent arriver dans la flotte ? Comment fait-on si le prix du baril remonte... ? Autant de questions qui trouvent leur réponse dans la révision des accords avec le personnel. Mais pas seulement. Il sera difficile, voire impossible, de convaincre les navigants à faire des efforts, notamment les pilotes, si l'Etat ne fait pas un geste pour réduire les charges spécifiques qui pèsent sur le transport aérien français.

Ceci dans un contexte de dégradation des résultats financiers. Le bénéfice d'exploitation en 2016 sera en effet inférieur à celui de 2015 (465 millions) à cause de la désaffection des touristes étrangers pour la France et de l'impact des grèves des navigants cet été et de la baisse des prix liée à la surcapacité sur certains axes.