Air France-KLM dégage une rentabilité exceptionnelle jamais observée depuis sa création

Par latribune.fr  |   |  896  mots
Pour Benjamin Smith, patron d'Air France-KLM, la perforlance du groupe « a été portée par la forte demande estivale ». (Crédits : GONZALO FUENTES)
Air France-KLM a réalisé le plus important bénéfice d'exploitation trimestriel de son histoire, à 1,34 milliard d'euros, synonyme d'une marge opérationnelle de 15,5%. Une performance exceptionnelle, mais qui se situe néanmoins en dessous des attentes des analystes.

[Article publié le 27/10 à 8h45, mis à jour à 18h]

Les résultats financiers d'Air France-KLM sont exceptionnels. Jamais depuis sa création, le groupe n'a été aussi rentable. Le groupe a en effet dégagé au troisième trimestre un bénéfice d'exploitation trimestriel historique de 1,34 milliard d'euros, en hausse de 31%, pour un chiffre d'affaires de 8,66 milliards d'euros, en augmentation de 6,8%. Résultat, la marge opérationnelle bondit de 2,9 points, à 15,5% (un record), également répartie entre Air France et KLM. Un niveau de rentabilité inimaginable il y a encore cinq ans quand Air France multipliait les déboires.

Le bénéfice net du troisième trimestre, à 931 millions d'euros. Pour autant, les analystes financiers risquent d'être déçus. En moyenne, ils tablaient en effet sur un bénéfice net trimestriel de 991 millions d'euros, un résultat d'exploitation de 1,38 milliard d'euros et un chiffre d'affaires de 8,7 milliards d'euros. Une déception qui a fait dévisser le cours de l'action de 6,83% à 10,25 euros, vers 9h40, ce vendredi, avant de remonter et revenir même légèrement dans le vert (+0,35%) à 11,04 euros à 18h.

Dans le détail, le groupe a été porté par une très forte demande. De juillet à septembre, Air France-KLM a transporté 26,9 millions de personnes, 7,6% de plus que l'an dernier à la même période.

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Le répit des cours du pétrole et l'effet de change positif n'expliquent pas tout

Air France-KLM a certes été aidé par un répit des cours du pétrole et un effet de change positif qui ont permis d'effacer la hausse des coûts due à l'inflation et aux hausses de salaire, mais elle a aussi réussi à augmenter ses recettes par passager. Par rapport au troisième trimestre 2022, Air France-KLM a déployé 6% de sièges en plus pour atteindre 94% du niveau de 2019, a bénéficié d'un coefficient de remplissage plus important de ses appareils (+1,3 point, à 90%) et d'un rendement « toujours élevé » par passager, en clair de billets plus chers (+1,8%).

« Air France-KLM a réalisé un trimestre solide, marqué par de très bons résultats. Cette performance a été portée par la forte demande estivale et je tiens à remercier toutes nos équipes pour leur engagement sans faille au cours de cette saison », a déclaré le directeur général de l'entreprise, Benjamin Smith, cité dans le communiqué.

Air France-KLM doit encore restaurer ses fonds propres, négatifs depuis le début de la crise sanitaire. Cela devrait être chose faite en fin d'exercice, une fois clôturée l'opération confirmée jeudi soir avec Apollo Global Management. Le fonds américain a en effet accepté d'injecter 1,3 milliard d'euros dans une nouvelle filiale adossée au programme de fidélité du groupe aérien, concrétisant des négociations exclusives annoncées fin juillet.

Le groupe déterminé à participer à la consolidation en cours du transport aérien en Europe

Air France KLM, sauvé de la faillite par les Etats français et néerlandais pendant la pandémie - le groupe a subi plus de 11 milliards d'euros de pertes pendant la crise sanitaire avant de revenir dans le vert en 2022 - a affiché sa confiance ces dernières semaines, d'abord en annonçant fin septembre sa volonté d'acheter au moins 50 Airbus A350 pour renouveler la flotte de long-courriers d'Air France.

« Notre commande historique de 50 Airbus A350 accélérera considérablement le renouvellement de notre flotte long-courrier, avec des appareils plus économes en carburant, plus rentables et plus silencieux, souligne Benjamin Smith. Elle représente un investissement de plusieurs milliards de dollars dans notre feuille de route en matière de développement durable, venant en sus des commandes précédentes d'avions long-courriers et monocouloirs de nouvelle génération ».

Par ailleurs, Air France, en se portant acquéreur de 19,6% de la scandinave SAS, a démontré sa volonté de participer à la consolidation en cours du transport aérien en Europe  Sans attendre l'issue de la privatisation du transporteur portugais TAP, également convoité par ses concurrents européens, le groupe a signifié jeudi l'importance pour lui des rentables lignes vers l'Amérique du Sud en renouvelant pour dix ans son partenariat commercial avec la compagnie brésilienne GOL.

Air France repart à la conquête de l'Asie

Avant la publication de ces résultats, Air France a annoncé jeudi qu'elle desservira au cours de la saison hiver 2023-2024 (novembre 2023 - mars 2024), 167 destinations dont 84 sur long-courrier et 83 sur court et moyen-courrier. Elle retrouvera ainsi un niveau d'activité proche de celui de l'hiver 2019, à 98% des capacités de 2019 en sièges-kilomètres offerts sur long-courrier. Un retour à la normale, ou presque, porté par l'augmentation de son offre vers l'Asie. Portées par la Chine et le Japon, les capacités sur cette zone seront en croissance de 60% par rapport à l'hiver 2022-2023. Elles resteront néanmoins inférieures aux niveaux de 2019. La compagnie maintiendra cet hiver sa desserte quotidienne de Pékin, Shanghai et Hong Kong, et offrira un deuxième vol vers Tokyo Haneda. Au total, jusqu'à 16 vols par semaine seront proposés cet hiver à destination des deux aéroports tokyoïtes. Enfin, la desserte de Bangkok retrouvera cet hiver un rythme quotidien, et jusqu'à 10 vols par semaine en période de pointe, en janvier et février 2024.

(Avec AFP)