Air France-KLM : le Pdg demande de nouveaux efforts aux salariés

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  690  mots
Pour pouvoir combler le fossé de compétitivité avec ses concurrents et pour financer la croissance, Alexandre de Juniac demande de nouveaux gains de productivité au personnel.

L'annonce des bons résultats d'Air France-KLM fait bondir le cours de Bourse du groupe de plus de 10% ce jeudi. Les investisseurs ont visiblement apprécié des résultats meilleurs que prévu par les analystes. Il faut dire, le consensus des analystes financiers était extrêmement bas puisqu'il tablait sur un bénéfice de 661 millions d'euros de bénéfice d'exploitation en 2015, largement en retrait par rapport aux 816 millions réalisés. Ceci alors que depuis octobre plusieurs articles de presse ont maintes fois donné la tendance.

Baisse de la facture carburant

La performance d'Air France-KLM va encore s'améliorer en 2016 avec la baisse annoncée de la facture carburant. Au cours du baril actuel, elle devrait baisser de 2 milliards de dollars, en tenant compte du niveau de couverture carburant du groupe (60% des besoins en kérosène sont couverts à 62 dollars le baril) et de la parité euros-dollars actuelle. Reste à savoir quel sera l'ampleur de la baisse de la recette unitaire et de la partie de la diminution de la facture pétrole que conservera le groupe. Si ce dernier parvient à en conserver 30% (soit 400 à 500 millions d'euros) et réduire ses coûts unitaires comme il le souhaite, le résultat d'exploitation sera de l'ordre de 1,5 milliard d'euros en 2016.

Ecart de compétitvité

Mais aussi confortables soient-ils, ces, résultats ne permettent pas de réduire l'écart de compétitivité avec les concurrents d'Air France-KLM (IAG, Lufthansa), lesquels affichent des rentabilités plus fortes. Ce qui justifie aux yeux des dirigeants de nouveaux efforts.

"Nos résultats sont en amélioration, mais notre position relative par rapport à nos principaux concurrents n'a pas changé et justifie que nous demandions des efforts supplémentaires de nos salariés, tant chez Air France que chez KLM, pour combler le fossé de compétitivité qui nous sépare de nos concurrents", a déclaré ce jeudi le Pdg d'Air France-KLM, Alexandre de Juniac.

Et de préciser :

"Nous devons baisser nos coûts pour pouvoir ouvrir des lignes, acheter des avions, embaucher du personnel, afin de croître de manière soutenable à un rythme au moins aussi important que celui de nos principaux concurrents. Avec 35-36 milliards de dollars de chiffre d'affaires, Delta, se situe dans des zones comparables à Air France-KLM, sauf que notre partenaire américain dégage un profit de 7 milliards, et dispose donc de 10 fois plus de moyens que nous pour investir. Si nous ne voulons pas être déclassés dans un marché qui croît, il faut avoir les moyens d'investir, d'embaucher. C'est pour cela qu'il nous faut baisser nos coûts. C'est le sens des efforts que nous demandons à nos salariés."

Négociations avec les pilotes

Pas gagné pour autant. En 2015, la baisse des coûts unitaires (-0,6% hors change et hors carburant) est inférieure à celle qui était prévue jusqu'ici (-1,5%). Cette baisse de 1,5% reste un objectif mais pas pour 2017 puisque la direction vise -1%. Pas sûr que ces niveaux permettent de combler l'écart de compétitivité avec IAG et Lufthansa. Reste à voir l'issue des négociations avec les navigants qui vont s'ouvrir prochainement. L'expérience appelle à la prudence. Surtout que les pilotes n'accepteront pas 17% d'amélioration de productivité comme l'envisageait la direction l'année dernière, un gain, disait-elle, qui permettait de se rapprocher des concurrents mais pas de les égaler et encore moins les dépasser.

PDV pour 1.600 personnes

Les pilotes demandent un plan de croissance plus important que les 2 à 3% an par an entre 2017 et 2020 présentés par la direction mi-janvier ainsi qu'un coup de pouce de l'Etat. Pour autant, ils ne disent pas le niveau d'efforts sur lesquels ils sont prêts à s'engager.
Avec les PNC, les nouvelles conditions de travail et de rémunération devront être bouclées avant l'expiration de l'accord collectif, fin octobre.
Au sol, l'essentiel des gains de productivité passera par la réduction des effectifs par le biais d'un énième plan de départs volontaires.
L'objectif est de pouvoir être en mesure de résister à un retournement de conjoncture, et notamment en cas de remontée du prix du baril.