Air France, le référendum sur les salaires commence, les préavis de grève des pilotes continuent

Par latribune.fr  |   |  704  mots
Avant le début ce jeudi de la consultation lancée par la direction auprès des salariés sur la proposition salariale, trois syndicats de pilotes ont annoncé avoir déposé un préavis de grève pour les 3, 4, 7 et 8 mai afin de peser dans les négociations pour les salaires. De son côté, Edouard Philippe a salué l'attitude du PDG d'Air France-KLM qui a mis son poste en jeu dans ce référendum et estime qu'une telle démission fragiliserait l'entreprise.

La direction pensait que le référendum lancé auprès des salariés qui commence ce 26 avril allait mettre entre parenthèses les grèves. Il n'en est rien. Malgré un taux de participation des pilotes qui ne cesse de s'éroder (27% lors de la grève de mardi), trois syndicats de pilotes de la compagnie ont annoncé mercredi avoir déposé un préavis de grève pour les 3, 4, 7 et 8 mai afin de peser dans les négociations pour les salaires.

"Il faut donc continuer à mettre du poids sur nos revendications salariales", ont déclaré le SNPL, le Spaf et Alter (ce dernier est non représentatif) dans un communiqué, assurant que l'objectif est "de signer un accord raisonnable pour tout le monde".

Le PDG met sa démission en jeu

Ce préavis commence la veille du résultat de la consultation lancée par la direction sur sa proposition d'augmentation salariale et rejetée par l'intersyndicale. Si le « non » passe, Jean-Marc Janaillac, le PDG d'Air France-KLM a dit qu'il démissionnerait. Vu que les non grévistes étaient largement majoritaires (90%), le « oui » devrait facilement l'emporter.

Pour rappel, la direction propose une hausse de 2% des salaires cette année et de 5% supplémentaires sur trois ans (hors avancement automatique lié à l'ancienneté, augmentations individuelles...). L'intersyndicale tous métiers a refusé cette proposition et réclame une augmentation générale des salaires de 5,1% dès cette année, au nom des efforts fournis ces dernières années. Les pilotes demandent quant à eux une hausse supplémentaire qui porterait leur augmentation à 10,7%.

Les 11 jours de grève ont déjà coûté 300 millions d'euros

La direction table sur une victoire du « oui » à ce référendum pour pouvoir remettre sa proposition d'accord à la signature des syndicats et arrêter ce mouvement qui, après 11 jours de grève, a déjà coûté près de 300 millions d'euros, soit la moitié du bénéfice d'exploitation réalisé l'an dernier.

Estimant que cette consultation est une "manœuvre" qui "se substitue à de vraies discussions", les trois syndicats de pilotes préviennent qu'ils "iron(t) chercher ce rattrapage" pour "annuler le blocage de nos grilles de salaires depuis 2012".

L'intersyndicale devait se réunir jeudi matin pour discuter de la suite à donner au mouvement entamé il y a deux mois.

"Ce chantage à la démission alors qu'il ne s'est jamais investi dans les négociations ne répond à aucune logique", a affirmé mardi dans un tract l'intersyndicale, à l'origine de la grève.

Pour les neuf syndicats signataires du tract (le Spaf qui préférait un boycott de la consultation ne s'y était pas associé), "il s'agit de jouer sur la peur des salariés pour influencer leur décision et affaiblir notre mouvement", mais "cette manoeuvre n'altère pas la détermination des organisations syndicales et doit renforcer la vôtre".

Interrogé mardi par l'AFP, Jérôme Beaurain de Sud-Aérien, estimait que la consultation ne "met fin à rien du tout, même si le « oui » l'emporte". C'est un "coup de bluff" de Monsieur Janaillac qui sert "juste à casser la légitimité de l'intersyndicale".

Edouard Philippe salue l'attitude de Jean-Marc Janaillac

De son côté, Edouard Philippe a salué la position "courageuse" du PDG d'Air France. Un rejet de l'accord par les salariés qui déboucherait sur la démission de Jean-Marc Janaillac fragiliserait grandement Air France, a déclaré le Premier ministre sur Europe 1.

"Je trouve que la position qui a été prise par M. Janaillac est courageuse et je salue assez volontiers cette initiative. Je me dis que si (...) la consultation qu'il a organisée, ne donnait pas les résultats qu'il espérait et s'il en tirait les conséquences, j'inciterais volontiers tout le monde à boucler sa ceinture de sécurité, parce que les turbulences, à mon avis, ne seraient pas minimales", a ajouté Edouard Philippe.

Le chef du gouvernement a invité les salariés à mesurer le sérieux de la situation et jugé que "chacun" devait prendre ses responsabilités.

"Une entreprise qui verrait son patron partir dans ces conditions, je ne suis pas sûr qu'elle serait en bonne position pour affronter la suite", a-t-il encore déclaré.