Air France, les grèves reprennent...

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  691  mots
Les premiers préavis de grève de l'ère Janaillac commencent à tomber.
Le SNPNC et l'UNSA, les deux syndicats de personnel de cabine qui avaient appelé à la grève l'été dernier, ont déposé un préavis de grève du 18 au 20 mars. Ils s'opposent à la mise en place de mesures de productivité et à la création d'une filiale à coûts réduits.

Les tensions sociales reprennent à Air France. Et les premiers préavis de grève de l'ère Janaillac commencent à tomber. Certes, le Pdg d'Air France-KLM, arrivé début juillet 2016, a traversé la grève d'une semaine des personnels navigants commerciaux (PNC) pendant les dernières vacances d'été (fin juillet-début août) mais le préavis avait été décidé avant son arrivée. Aujourd'hui, après des mois d'accalmie, ce n'est plus le cas.

Trois jours de grève

Ce vendredi, quelques jours seulement après l'ouverture à signature par la direction d'une proposition d'accord sur le nouvel accord collectif des PNC et sur des gardes-fous contre le projet Boost de création d'une nouvelle compagnie à coûts réduits, le SNPNC et l'Unsa, deux des trois syndicats représentatifs qui avaient fait grève l'été dernier ont, en guise de réponse, appelé à trois jours de grève du 18 au 20 mars. Ils contestent les quelques mesures de productivité demandés dans l'accord mais aussi le projet "Boost", qui prévoit de recruter les navigants sur le marché à des coûts qui seraient inférieurs de 35% à ceux d'Air France. Le SNPNC et l'UNSA demandent depuis plusieurs mois son retrait.

Ces deux syndicats ayant cessé de discuter, le texte a été négocié par la direction et l'UNAC, l'autre syndicat représentatif, avant l'échéance du 28 février, date de l'expiration de l'accord collectif des PNC. Ce texte est soumis à signature jusqu'au 15 mars. Il est accompagné d'un autre texte (à durée indéterminée) précisant les garde-fous concernant le projet Boost (limitation à 28 avions, pas de transfert des PNC d"Air France vers cette nouvelle compagnie, mais des passerelles de Boost à Air France).

Reste une question. Déjà échaudés par une semaine de grève qui ne leur a rien apporté l'été dernier (sur un projet d'accord qui maintenait, voire améliorait, leurs conditions de travail et de rémunération) les hôtesses et stewards suivront-ils? Que feront-ils si d'ici-là, l'UNAC lance une consultation auprès de l'ensemble des PNC? Qui seront les plus nombreux?

Pour la direction, une grève de trois jours est "difficilement compréhensible", d'autant plus que le projet d'accord "ne menace en rien les conditions de travail des PNC d'Air France" et "ne touche pas les salaires". Dans une communication envoyée aux navigants mercredi, la direction précisait que les congés annuels et compositions d'équipage resteraient les mêmes, ainsi que le calcul de rémunération et les évolutions de carrières (sauf pour les futurs embauchés dont l'évolution serait ralentie pendant trois ans). En revanche, il est prévu de raccourcir les temps de rotation de 48H à 24H sur plusieurs escales (aujourd'hui, les PNC restent plus longtemps en escale que les pilotes) et de modifier le dispositif de "réserve" des personnels.

Polémique sur les salaires

Outre le SNPNC-FO et l"Unsa PNC (46% des voix des navigants), trois autres syndicats non représentatifs ont déposé des préavis de grève d"une durée d'un mois, a précisé à l'AFP un porte-parole du SNPNC.

Un autre préavis de grève a été déposé par d'autres syndicats pour le 7 mars, le jour de l'ouverture des négociations salariales annuelles. Celles-ci s'annoncent encore plus tendues qu'a l'accoutumée en raison de la polémique qui a entouré la hausse de rémunération du Comité exécutif.

Semaine cruciale avec les pilotes

Reste la question des pilotes. Le SNPL et la direction s'assoient à nouveau autour de la table pour négocier certains points de la proposition d'accord de la direction du 9 février et qu'a refusée de signer le SNPL, et les conditions de création de la nouvelle filiale à coûts réduits. Certains à la direction estiment que les négociateurs sont déjà allés trop loin dans les concessions aux pilotes et qu'il sera difficile d'aller plus loin. Ce qui marquerait, en cas de nouveau désaccord avec le SNPL, la fin du projet Boost, pourtant validé par principe par les pilotes lors d'un référendum.